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Dr Siphana SOK : « Le Cambodge est une économie ouverte aux investissements internationaux »

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Cambodge : une économie d’avenir, pragmatique et ouverte aux investissements internationaux. Par Dr Siphana SOK, ancien Secrétaire d’État et Avocat cambodgien 

Bien que la pandémie de COVID-19 ait durement affecté le Cambodge, ce pays n’en reste pas moins une économie à laquelle les investisseurs doivent s’intéresser. En effet, depuis son adhésion à l’OMC en 2004, engagé dans une voie de libéralisation économique agressive, le Cambodge est devenu un acteur important sur la scène commerciale régionale et mondiale. Entretenant une relation constructive avec la Chine, le Royaume n’en reste pas moins attaché à maintenir et à renforcer des liens étroits avec l’Europe et les États-Unis.

Une croissance parmi les plus rapides au monde

Selon la Banque mondiale, depuis deux décennies, le Cambodge connaît un taux de croissance annuel moyen de 7,7 %. Sur cette période, il se positionne de manière impressionnante comme le sixième pays à la croissance la plus rapide au monde. Jusqu’en 2019, le taux de croissance économique réel du Cambodge a été d’environ 7,5 %, grâce à des industries telles que le textile et l’habillement, la fabrication, la construction, l’agro-industrie et le tourisme. 

Lourdement touché par la pandémie

Pandémie oblige, au cours du premier semestre 2020, selon la Banque Asiatique de Développement, une forte baisse des commandes en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord a entraîné les fermetures temporaires d’un tiers des usines de vêtements, de chaussures et d’articles de voyage du Cambodge. Toutefois, l’augmentation de la production de vélos et d’appareils électroniques a généré en parallèle une augmentation des exportations de produits manufacturés, autres que les vêtements, de 30,3 % en glissement annuel au cours du premier semestre 2020. Globalement, au cours du premier semestre 2020, en dépit du ralentissement économique mondial, le Cambodge a exporté des bicyclettes, des composants électroniques, des pièces détachées et accessoires de véhicules, du riz et d’autres produits agricoles pour un montant de plus de 7 milliards de dollars US.

Un coup d’accélérateur via de nouvelles initiatives internationales 

Alors que le pays s’inquiète du déclin des exportations vers l’UE en raison de la suspension partielle de l’accès préférentiel au marché européen dans le cadre de l’accord « Tout Sauf les Armes (TSA) », de nouvelles initiatives internationales en matière de commerce et d’investissement ont été récemment négociées pour stimuler la reprise économique et faire revenir les IDE (Investisseurs Directs Étrangers). L’une d’elles, le partenariat économique global régional (RCEP) devrait contribuer à stimuler la confiance économique dans la région. Au travers de ce partenariat, le Cambodge – en tant que pays où les coûts de production demeurent faibles – peut s’attendre à une augmentation du nombre d’emplois. En effet, l’accord RCEP permettra de partager la production entre les États membres. Ceci permettra d’éviter les formalités administratives complexes et de réduire les coûts et les délais pour les entreprises. Le récent coup d’État militaire en Birmanie devrait également entraîner une redistribution des investissements en faveur du Cambodge. 

Une économie en plein essor 

Outre l’amélioration des infrastructures et de la logistique, la numérisation et l’innovation ont été les autres moteurs importants, comme en témoigne l’essor des activités de commerce électronique. Le développement continu des valeurs boursières et du secteur financier promet, par ailleurs, une facilitation des flux de capitaux vers le Cambodge. Le pays est probablement l’une des économies de marché les plus dynamiques et les plus ouvertes. En témoignent son intégration progressive à la Communauté économique de l’ANASE (AEC) et, sous l’impulsion de la récente signature du RCEP, son inscription dans le cadre plus large de l’intégration régionale en Asie orientale avec les économies de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Caractéristique non négligeable, contrairement à d’autres géographies où c’est le cas, un investisseur étranger n’a nul besoin de s’allier à une personne morale ou à un entrepreneur cambodgien pour devenir un opérateur économique au Cambodge. 

Une relation constructive avec la Chine

Le partenariat étroit entre le Cambodge et la Chine suscite de nombreux débats et soulève la question des risques d’une trop grande dépendance vis-à-vis de la Chine. Certains l’accusent même d’être un État client ou un vassal de ce pays phare. Oui, le Cambodge est un petit pays, la Chine est un grand pays. Une asymétrie de pouvoir existe donc nécessairement. Mais l’indépendance et la souveraineté sont les fondements de la construction d’une nation dans tout pays, quelles que soient sa taille et sa puissance. En réalité, le Cambodge poursuit une politique étrangère inclusive et multidirectionnelle. L’approfondissement des relations avec les pays amis existants, l’établissement de liens avec de nouveaux pays amis et partenaires ainsi que la diversification des partenariats stratégiques sont les caractéristiques principales d’une politique étrangère ambitieuse. Mettre tous ses œufs dans le même panier serait beaucoup trop risqué pour un si petit état. 

Entre pragmatisme et multilatéralisme ouvert et inclusif

Si l’on considère les relations entre le Cambodge et la Chine selon une vision d’ensemble, on peut en dégager trois caractéristiques distinctes. Premièrement, il s’agit d’une relation d’égal à égal dont l’intérêt mutuel est le facteur déterminant. Deuxièmement, il s’agit d’une relation gagnant-gagnant qui offre d’énormes possibilités. La Chine est une puissance économique émergente avec laquelle tous les pays souhaitent établir de bonnes relations. Si la Chine consacre des milliards à la construction d’infrastructures dont le Cambodge a besoin et qui lui permettent d’être compétitif pour attirer des IDE de qualité, pourquoi les refuser ? D’autant plus que ce partenariat est loin d’être exclusif. Jusqu’à présent, le Cambodge a signé des accords de partenariat stratégique avec la Chine en 2010 et le Japon en 2013. Le Royaume étudie la possibilité d’établir le même type de partenariat stratégique avec d’autres pays clés tels que l’Australie et la Corée du Sud. Avec cette dernière, un accord de libre-échange vient d’ailleurs d’être conclu. Le Cambodge est un fervent partisan du multilatéralisme ouvert et inclusif, convaincu que les institutions et mécanismes multilatéraux protègent les intérêts des petits États et institutionnalisent leur voix. 

La Chine, l’Union Européenne et les États-Unis sont les principaux moteurs de la croissance future du Cambodge, tant en termes de production que d’accès au marché. Par conséquent, en travaillant étroitement et conjointement avec ces trois puissances économiques mondiales, le Cambodge se positionne comme une économie d’avenir pour les investisseurs et avec laquelle il va falloir compter. 

Par Siphana Sok – Opinion internationale – 22 juin 2021

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