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Covid-19. En Thaïlande, les ouvriers birmans cloîtrés dans leurs dortoirs

Depuis qu’une troisième vague sans précédent du Covid-19 s’est abattue sur le pays, les travailleurs immigrés, chez qui les taux d’infection sont élevés, ne sont plus autorisés à circuler librement.

Une chambre d’à peine trois mètres sur deux, un mini-réchaud, un évier : c’est tout l’espace dont disposent Zoe Min et Saya, sa femme de dix-neuf ans, originaires de la région de Taunggyi, en Birmanie. Depuis plus d’un mois, ils n’ont pas le droit de quitter ce réduit sans autorisation de leur chef de chantier. À l’origine, Zoe Min est venu travailler seul en Thaïlande, mais la jeune femme l’a récemment rejoint sur l’un des plus gros chantiers d’Ayutthaya, une ville historique à une centaine de kilomètres au nord de Bangkok, où de nombreuses rénovations ont lieu pendant la trêve touristique due à la crise sanitaire… Je ne voulais plus rester seule en Birmanie, c’est trop dangereux pour les femmes seules, explique-t-elle. Maintenant que plus rien ne fonctionne là-bas, c’est la loi du plus fort. ​Elle effectue des travaux de peinture et des finitions tandis que Zoe Min s’occupe du gros œuvre.

Tous les matins, à 7 h, des camions viennent chercher les 170 ouvriers à leur dortoir pour effectuer les cinq minutes de trajet jusqu’au chantier et les ramènent le soir à six heures. Pour s’assurer qu’on ne se promène pas en ville », ​précise Saya. En soirée, seules les sorties pour la supérette du coin sont autorisées, toujours un par un. Les restrictions se sont un peu adoucies, estime Saya. Au début de la troisième vague, on a tous fait une quarantaine stricte, à l’hôpital, sans aucune sortie.

Climat de suspicion

​Des tests effectués au mois de mai avaient montré des taux d’infection élevés dans les bidonvilles, les prisons et chez les ouvriers du bâtiment, qui dorment dans des dortoirs exigus fournis par les employeurs : jusqu’à près de 25 % sur certains grands chantiers de Bangkok. Le gouvernement thaïlandais a alors décidé de suspendre la liberté de mouvement des ouvriers hébergés en dortoir. Dès cette annonce, les Cambodgiens sont rentrés chez eux ; les Birmans, dont le pays sombre actuellement dans la guerre civile, n’ont eu d’autre choix que de rester.

L’épidémie de Covid a créé un climat de suspicion à l’égard des travailleurs immigrés, accusés de passer illégalement les frontières. Nous sommes testés toutes les semaines​, assure Saya. Les travailleurs doivent ensuite porter en permanence un bracelet en plastique de couleur spécifique pour prouver que leur résultat était négatif. Certains groupes mafieux en profitent et effectuent des rafles dans les lieux fréquentés par les Birmans. Un homme m’a emmenée de force à l’hôpital, avec des amies, pour nous faire tester, témoigne Anjali Binhar, une jeune Birmane-népalaise venue travailler à Bangkok comme aide domestique. Tant qu’on ne pouvait pas réunir l’argent (70 €, environ le quart d’un salaire d’ouvrier) on n’avait pas le droit de quitter l’hôpital. ​La Thaïlande se débat actuellement avec plus de 6 000 nouvelles contaminations par jour et une campagne de vaccination au ralenti.

Par Carol Isoux – Ouest France – 12 juillet 2021

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