Quel visage aura le tourisme francophone au Vietnam après le COVID-19 ?
L’activité touristique au Vietnam a été anéantie par la pandémie de COVID-19. Les professionnels du tourisme francophones continuent à naviguer à vue en espérant un retour aux affaires après la crise.
L’activité touristique au Vietnam a été anéantie par la pandémie de COVID-19. Pour la deuxième année consécutive, les professionnels du tourisme francophones continuent à naviguer à vue en espérant un retour aux affaires après la crise.
Depuis le 17 mars 2020, les frontières vietnamiennes demeurent fermées aux étrangers, sauf cas exceptionnels. Après 16 mois sans clients et sans recette, de nombreuses agences touristiques, des hôtels et des restaurants ferment les uns après les autres. Des dizaines de milliers de travailleurs du tourisme sont concernés et une bonne partie d’entre eux sont au chômage.
Les guides changent de métier
Les points forts des guides sont leurs connaissances en langues étrangères, en histoire et en culture générale. Ils ont la hantise de perdre leurs valeurs si les restrictions perdurent. Face à cette situation, le jeune guide Nguyên Duc Hiêu Nhân s’est donc reconverti dans l’enseignement du français. Fort de 5 ans d’expérience dans la pratique du français, il a pu vite d’adapter à son nouveau métier. Bien que cet emploi lui donne un bon revenu, il souhaite revenir à ses premiers amours. Les collègues de Nhân se sont aussi reconvertis. Ils travaillent sur des sites éducatifs en ligne. M. Nhân explique ainsi : « La demande est très grande. Mon objectif est de former les Vietnamiens qui étudieront et travailleront dans des pays francophones ou les étudiants étrangers qui suivent leurs études au Vietnam. Pour moi, cet emploi m’aide à ne pas oublier mon français ainsi qu’à présenter mon pays aux passionnés de voyages« .
De son côté, Tô Nhi Dai, un autre guide, a lancé une petite marque familiale appelée BON en lien avec son amour pour le français. Il confectionne des desserts faits maison comme de la panna cotta ou encore des yaourts. « Je suis en contact avec des Européens depuis de nombreuses années et j’ai également été influencé par leur cuisine. Alors, mes produits sont de qualité européenne mais à des prix vietnamiens« , se réjouit Dai. « Je ne fais pas beaucoup de bénéfices, mais c’est suffisant pour subvenir temporairement aux besoins de ma petite famille en difficulté financière », avoue-t-il. Et bien sûr, son amour du tourisme reste toujours intact.
Certaines agences font le dos rond
Au cours des deux dernières années, de nombreuses agences de voyage ont mis la clé sous la porte. Cependant, Images Travel, une des agences leader sur le marché francophone au Vietnam essaie de tenir jusqu’à la réouverture du pays. En mai 2020, elle s’est tournée vers le tourisme domestique. Manquant pourtant de prestige auprès des clients vietnamiens, Images Travel doit trouver d’autres orientations pour se développer. Elle a une opportunité avec la Faculté du Tourisme de l’Université Van Lang qui a besoin d’expériences professionnelles dans le tourisme pour les transmettre à leurs étudiants. Ainsi, un voyage pour 300 personnes a été effectué par les étudiants, ouvrant de nouvelles perspectives à l’agence. Malgré ces quelques points positifs, la 4e vague de contamination risqué d’être fatale pour nombre d’agences.
Garder des liens entre acteurs du tourisme
Malgré la situation difficile au Vietnam, la reprise sera bien là un jour.
Pour préparer la reprise des activités touristiques, l’Université Van Lang, Images Travel et avec le soutien de l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie) ont organisé un webinaire intitule « Marché du tourisme francophone : de la compréhension au succès ».
À cette occasion, Michel Salün, président du célèbre groupe touristique français portant le même nom, s’est voulu rassurant : “On peut estimer la sortie de crise à la fin de l’année 2021 grâce à la multiplication et à la généralisation de la vaccination et la mise en place du passeport sanitaire». Lors de cet événement, des séances d’échange ont eu lieu pour partager des expériences professionnelles bénéficiant aux professionnels mais aussi aux étudiants francophones du Vietnam. Grâce à son influence, Images Travel a invité des conférenciers français ainsi que des guides touristiques vietnamiens. Tout ceci montre une réelle solidarité et générosité entre le secteur éducatif et le secteur touristique.
M. Salaün a aussi fait part d’une annonce du gouvernement français le 17 juillet dans laquelle on comprend que les personnes ayant bénéficié d’un schéma vaccinal complet n’auront plus désormais à subir de contraintes au retour d’un séjour à l’étranger et ce, quel que soit le pays de provenance.
« Une autre raison de rester positif est qu’en France, les agences touristiques ont bénéficié de la mobilisation et du soutien exceptionnel de l’État, qui leur ont permis de tenir bon en attendant la fin de la crise. Ils sont donc toujours prêts à envoyer leurs clients aux agences vietnamiennes partenaires. Enfin, nous pouvons constater que les Français ont toujours envie de voyager et peut-être plus encore aujourd’hui pour oublier le COVID !« , a-t-il insisté.
Le groupe Salaün a rouvert ses agences de voyages le 19 mai et, entre cette date et fin juin, ce dernier a fait 85 % du volume d’affaires qu’il faisait sur la période équivalente en 2019 en termes d’inscriptions, alors que le contexte est clairement moins favorable. Ceci est un très bon signal pour l’avenir : « Il y a une vraie envie, un vrai besoin d’évasion« , souligne-t-il encore.
Au Vietnam, le 22 juillet, une conférence en ligne pour le tourisme francophone a été organisée par les Services du tourisme de Dà Nang, Thua Thiên Huê, Quang Nam et Quang Binh. Cet événement avait pour but de promouvoir le tourisme dans ces régions ainsi que préparer un plan d’accueil pour les touristes internationaux qui ont été vaccinés, en particulier les Français.
Ces premiers contacts positifs sont comme une brise fraîche chassant les sombres nuages en attendant un futur prometteur !
Quelles sont les tendances pour les voyages de demain ?
Le tourisme va drastiquement changer après la reprise. Les habitudes et les envies des voyageurs seront changées et de nouvelles tendances vont voir le jour.
Une étude réalisée en juin 2021 démontre que les vacances sont le premier plaisir que les Français attendent de retrouver ! Viennent ensuite les dîners au restaurant, le shopping, les loisirs et l’aménagement de leur maison. Il est intéressant de noter que sur les personnes interrogées :
– 17 % prévoient de réduire leur budget de voyages. Ce sont les personnes qui ont les revenus les plus faibles et qui ont été frappés directement par la crise.
– 44 % ont l’intention de garder le même budget qu’auparavant.
– Et enfin 39 %, ont l’intention de dépenser plus, ceux que l’on a appelé en anglais les « revenge traveler« . Ceux qui n’ont qu’une hâte : partir au plus vite !
Ces « revenge traveller » sont plutôt jeunes (moins de 45 ans) et n’ont pas forcément de hauts revenus mais ils ont la ferme volonté de profiter pleinement du monde et de ce qu’il a à offrir !
Toujours selon cette l’étude, sur le long terme, environ 75 % des Français pensent adapter leurs habitudes de voyages et 3 tendances majeures commencent à se dégager :
– La pandémie laisse des séquelles mais le voyage reste un élément important pour les Français, qui voyageront sans doute moins fréquemment et réserveront davantage en dernière minute.
– Il y a une envie accrue de tranquillité d’esprit et de vacances au naturel, en plein air, ce qui favorise les destinations domestiques et les moyens de transport privés.
– Les voyages de loisirs seront impactés par les modes de travail hybride qui contribueront à la démocratisation des Workation Holidays (mélange de vacances et de télétravail) et permettront d’envisager des séjours plus longs.
Ces tendances vont inciter les voyagistes à s’adapter pour attirer le voyageur du futur. Ils doivent par exemple adapter leur offre et leur communication au désir accru de tranquillité d’esprit. L’agence Salaün prévoit par exemple la création de formules privatives et personnalisées, des circuits pour des groupes de taille réduite et pour une clientèle plus jeune, familiale et « multigénérationnelle« .
Il semble primordial également que les voyagistes continuent à développer leur gamme de voyages eco-friendly car les clients sont de plus en plus responsabilisés sur les questions environnementales. Salaün a lancé en 2020 une gamme de voyages en train dans la veine du tourisme lent (« slow toutism« ) et il pense bien développer cette offre.
Avant même la crise du COVID, on observait une mutation de notre rapport au voyage. Une tendance émergeait : se déplacer moins mais plus près, mieux et plus longtemps, tout à l’inverse du séjour lointain standardisé. Une tendance au tourisme lent s’impose avec une offre de voyages plus écologiques, avec des transports plus doux, moins polluants, qui permettent de découvrir une région, une culture et d’aller à la rencontre des habitants.
Les voyagistes devront ainsi travailler sur la réduction de leur empreinte environnementale. Enfin, sur les partages d’expériences et de prévisions sur la reprise du tourisme, les guides et les agences de voyages devront à coup sûr encore mieux préparer leurs circuits pour se démarquer et séduire la clientèle.
Agence Vietnamienne d’Information – 28 juillet 2021
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