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Covid-19. Face à la troisième vague, la Thaïlande se raccroche au système D

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L’épidémie est hors de contrôle en Thaïlande. Les hôpitaux débordent, les malades sont accueillis dans des gymnases ou des entrepôts. Les Thaïlandais demandent des comptes à leur gouvernement, notamment sur le fiasco de la vaccination illustrée par l’incapacité d’une entreprise liée au roi Rama X de fournir les doses promises…

Les chiffres de l’épidémie de Covid-19 n’en finissent plus de grimper en Thaïlande : 17 669 nouveaux cas pour la seule journée de jeudi 29 juillet, plus d’une centaine de morts par jour. Face à cette troisième vague, beaucoup plus forte que les précédentes, les Thaïlandais n’ont pour seule ressource que le système D : des milliers de patients sont pris en charge sur les parkings des hôpitaux, qui n’ont plus de lits disponibles. On accueille des malades dans des gymnases et, depuis quelques jours, dans un immense entrepôt de la zone de fret du principal aéroport du pays.

Beaucoup de Thaïlandais qui présentent des symptômes légers préfèrent ces prises en charge collectives, quoique rudimentaires, à une quarantaine chez eux. « Je préférais être là-bas, raconte Pa Kung, une femme au foyer de 55 ans qui revient tout juste d’un séjour dans un gymnase de Samut Sakhon, en banlieue de Bangkok. ​Au cas où la maladie s’aggrave brutalement. Et puis surtout, les médicaments y sont gratuits. »

Il n’y a en revanche pas de service de l’État pour s’occuper des morts. Ce rôle est dévolu aux fondations caritatives bouddhiques, historiquement financées par les communautés chinoises. Au temple Rat Prakong Tham, en périphérie de Bangkok, les crémations s’enchaînent à un rythme effréné. Le directeur de la fondation Siam-Nonthaburi, Pairat Sutthup, qui s’occupe de transporter les morts jusqu’au temple explique que « les familles nous appellent de partout, car beaucoup de services funéraires refusent de s’occuper des morts du Covid ».

Après les deux premières vagues du virus (4679 morts officiels pour 70 millions d’habitants), le gouvernement thaïlandais a mal négocié le virage du variant Delta et surtout de la vaccination. Il avait fait un pari économique sur l’entreprise Siam Bioscience, appartenant comme des dizaines d’autres au roi Rama X. Grâce à un accord de licence avec AstraZeneca, Siam Bioscience devait produire 61 millions de doses, livrables entre juin et décembre. Sauf que la firme ne fournit pas les doses prévues à temps. Outre la Thaïlande, les Philippines et l’Indonésie souffrent aussi de ce retard.

Aucune explication officielle n’est donnée, ni sur les raisons ni sur de futures dates de livraison. Et la presse thaïlandaise ne pose pas trop de questions, de peur de tomber sous le coup de la très sévère loi de lèse-majesté si elle se montre trop critique envers Siam Bioscience, propriété du souverain. Une jeune rappeuse est déjà poursuivie pour avoir été trop virulente sur les réseaux sociaux. L’ampleur de la crise pourrait cependant donner un nouvel écho au mouvement pro-démocratie, qui demande depuis plus d’un an le départ du gouvernement et une réforme de la monarchie, afin de garantir plus de transparence.

Par Carol Isoux – Ouest France – 31 juillet 2021

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