Etats-Unis : Kamala Harris au Vietnam sur fond de crise afghane et de tensions avec la Chine
La vice-présidente américaine tente de renforcer les alliances face à la Chine avec ce déplacement au Vietnam.
Mémoire douloureuse et géopolitique. La vice-présidente américaine Kamala Harris entame mercredi une visite au Vietnam pour tenter de renforcer les alliances face à la Chine, mais son séjour est terni par les évacuations chaotiques d’Afghanistan qui font ressurgir les heures noires de la chute de Saïgon en 1975.
Kamala Harris doit notamment s’entretenir avec le président de la République vietnamienne Ngyuen Xuan Phuc et le Premier ministre Pham Minh Chinh. Au menu : le renforcement de la coopération bilatérale entre Washington et le régime communiste ainsi que les défis posés par Pékin notamment dans la mer de Chine méridionale.
L’étape vietnamienne de cette tournée, qui fait suite à une visite de deux jours à Singapour, intervient à un moment critique pour les Etats-Unis.
La chute de Kaboul a réveillé les traumatismes de la guerre du Vietnam et de l’évacuation chaotique en 1975 des diplomates américains de Saïgon. Kamala Harris ne se rendra pas dans la ville, poumon économique du pays rebaptisé Hô Chi Minh-Ville.
Sécurité sanitaire
Elle tentera plutôt de focaliser les attentions sur la sécurité sanitaire lors de l’inauguration mercredi après-midi d’une antenne régionale du Centre américain de contrôle des maladies (CDC). Après avoir réussi à contenir l’épidémie de coronavirus en 2020, le Vietnam, comme plusieurs pays de la région, est confronté à une flambée sans précédent due au variant Delta très contagieuse.
La campagne vaccinale se déploie très lentement dans le pays avec un peu moins de 2 % des quelque 100 millions d’habitants entièrement vaccinés. Les États-Unis ont déjà fait don de cinq millions de doses de vaccins au pays.
Tensions entre Pékin et Washington
Les tensions entre Pékin et Washington restent au centre des attentions. Mardi, à Singapour, Kamala Harris a accusé la Chine « de continuer à exercer des pressions, à intimider » les pays qui bordent la mer de Chine méridionale.
Pékin revendique la quasi-totalité de cette zone stratégique, riche en ressources et par laquelle transite une grande partie du commerce maritime mondial. Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, dont le Vietnam, ont des revendications concurrentes.
La Chine a été accusée d’y déployer des équipements militaires, dont des lance-missiles, et d’ignorer une décision d’un tribunal international de 2016 qui a jugé sans fondement la plupart de ses revendications historiques.
Pékin a répliqué à Kamala Harris en déclarant que l’intervention américaine en Afghanistan et la crise qui s’en est suivie était un exemple de politique étrangère « égoïste » de la part de Washington, accusant les Etats-Unis d’« intimidation ».
Les relations sont glaciales entre les deux pays. Les différends sont nombreux, allant de la cybersécurité à la lutte pour la suprématie technologique ou aux violations des droits de l’Homme à Hong Kong et au Xinjiang. Et l’administration de Joe Biden poursuit pour l’essentiel le bras de fer entamé par Donald Trump.
Choisir son camp… ou pas
A Singapour, Kamala Harris a voulu apaiser les craintes, assurant que ces tensions croissantes ne doivent pas contraindre les pays étroitement liés aux deux puissances économiques à choisir leur camp.
« Notre engagement en Asie du Sud-Est et dans la région indo-Pacifique n’est pas dirigé contre un pays quel qu’il soit et ne vise pas à forcer quiconque à choisir entre les pays », a-t-elle martelé.
Hanoï tente d’ailleurs de tracer sa propre voie entre Washington et Pékin. Mardi, le Premier ministre Pham Minh Chinh a rencontré l’ambassadeur de Chine, assurant que le Vietnam ne s’alignerait pas « avec un pays contre un autre ».
Vol retardé en raison d’un « incident anormal de santé »
Kamala Harris est arrivée mardi soir à Hanoï avec trois heures de retard en raison d’un « incident anormal de santé » dans la capitale vietnamienne.
Cette expression est généralement utilisée par Washington pour désigner le « syndrome de la Havane », des maux mystérieux détectés il y a cinq ans à Cuba et qui ont affecté depuis des diplomates américains dans plusieurs pays.
Le phénomène a donné lieu à des allégations, encore non prouvées, accusant la Russie ou d’autres pays d’avoir utilisé des engins électroniques de haute intensité pour nuire physiquement à ces diplomates.
20 Minutes avec Agence France Presse – 25 août 2021
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