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Le Cambodge demande au Metropolitan Museum le retour d’œuvres pillées sous la dictature

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Les Pandora Papers et les confidences d’un ancien pilleur de sites viennent à l’appui des réclamations du gouvernement de Phnom Penh qui réclame quarante-cinq antiquités exposées à New York.

Une histoire rocambolesque, qui lie le plus prestigieux des musées de New York au Cambodge de l’époque des Khmers Rouges. Une semaine après l’annonce par le Denver Art Museum (Colorado) de la restitution de quatre vestiges khmers, de nouveaux artefacts pourraient être renvoyés au Cambodge. Cette fois-ci, c’est une collection bien plus importante qui est en jeu. Le New York Times révèle que 45 pièces, principalement des statues, pillées lors du règne totalitaire des Khmers Rouges, sont aujourd’hui revendiqués par le gouvernement cambodgien.

Le pilleur repenti et les Pandora Papers

Pour corroborer leurs allégations, les officiels cambodgiens s’appuient sur le témoignage d’un certain «Lion». Ce dernier serait un ancien pilleur de temple, actif sous la dictature communiste imposée par les Khmers Rouges, des années 1970 à la fin des années 1990. Avec plusieurs complices, il aurait ensuite revendu à prix d’or ces artefacts, à des receleurs thaïlandais. Aujourd’hui sexagénaire et atteint d’un cancer du pancréas selon les autorités cambodgiennes, «Lion» aurait reconnu 33 des 45 pièces, qu’il aurait volés lui-même durant sa carrière. Ses aveux seraient motivés par des regrets sur sa vie passée, et la volonté de réparer le mal fait au patrimoine de son pays. En juillet, la justice américaine reconnaissait la crédibilité du pilleur repenti, le citant dans plusieurs documents officiels en lien avec des pillages en Asie du Sud-Ouest.

Comme le souligne le Washington Post , cette affaire de bien mal acquis a été accélérée par les Pandora Papers. Ces récentes révélations pointaient du doigt Douglas Latchford, un autre pilleur, bien connu des autorités américaines. Ce dernier aurait fourni 12 pièces antiques au musée de Central Park.

Phoeurng Sackona, le ministre de la Culture cambodgien a déclaré être «surpris» et «déçu qu’il y ait autant de statues de nous au Met. Nous voulons que la vérité éclate, nous voulons que tous les faits soient révélés. Nous voulons qu’elles soient toutes restituées», rapporte le New York Times. Au-delà des 45 artefacts officiellement demandés par l’État d’Asie du Sud-Ouest, environ 150 autres pièces dérobées, notamment dans les temples d’Angkor, pourraient être conservées au Met.

Un terrain d’entente possible ?

Ces antiquités auraient été acquises par le musée sur plusieurs décennies, de 1977 à 2003. Au quotidien new-yorkais, le musée affirme avoir «une longue tradition, bien documentée, de réponse aux réclamations concernant les œuvres d’art, en restituant les objets le cas échéant.» L’établissement précise que «récemment, à la lumière de nouvelles informations sur certaines pièces de notre collection, nous avons contacté le bureau du procureur des États-Unis pour lui faire savoir que nous étions heureux de coopérer à toute enquête.»

Le Met Museum a déjà connu telle situation. En 2013 déjà, le musée rendait au Cambodge deux statues khmères vieilles de dix siècles. Plus récemment, d’autres pays ont réussi à faire plier des musées américains. Le Costa Rica a par exemple récupéré plus de 1.000 artefacts du Brooklyn Museum.

Déterminé à ramener ces vestiges sur les rives du Mékong, le ministre de la Culture cambodgien explique au New York Times que «ce sont des objets qui ont une âme, et il est très important qu’ils soient chez eux pour aider à restaurer la culture khmère.» Il conclut : «Nous voulons écrire l’histoire de chaque statue qui a été prise pour le véritable bénéfice de l’humanité.»

Par Mathieu Yerle – Le Figaro – 1er novembre 2021

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