En Birmanie, la junte militaire s’acharne contre les proches d’Aung San Suu Kyi
Deux collaborateurs de la «dame de Rangoun» ont été condamnés ce jeudi à deux ans de prison pour sédition. Une nouvelle étape dans la bataille judiciaire menée par le pouvoir contre les voix dissidentes.
En Birmanie, les décisions de justice à l’encontre de l’entourage de la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi se suivent et se ressemblent. Deux proches collaborateurs de la dirigeante civile destituée, elle-même victime de plusieurs procédures judiciaires par la junte militaire au pouvoir, ont été condamnés ce jeudi à deux ans de prison pour sédition. Il s’agit de membres du comité central de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, Thein Oo et Han Thar Myint, qui est également conseiller économique de cette dernière.
Prononcée par un tribunal spécial à l’intérieur de la prison d’Insein à Rangoun, la sentence représente le dernier coup porté par la junte dans sa campagne judiciaire contre la LND. D’autres membres de l’entourage de l’ancienne «conseillère spéciale de l’Etat» (cheffe du gouvernement de facto) ont déjà été lourdement condamnés, notamment le député U Win Htein, en octobre, pour trahison.
Pays en proie au chaos
Au début du mois, Aung San Suu Kyi a été elle-même condamnée à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19, un verdict fermement dénoncé par la communauté internationale. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a par la suite commué la peine à deux ans de prison, et annoncé qu’elle pourrait être purgée en résidence surveillée dans la capitale, Naypyidaw. Aung San Suu Kyi est également sous le coup de plusieurs chefs d’accusation de corruption – chacun étant passible de quinze ans de prison – et de violation de la loi sur les secrets officiels.
Le pays est en proie au chaos depuis le 1er février, date à laquelle les généraux ont pris le pouvoir par un coup d’Etat, accusant la LND de fraudes massives lors d’élections générales remportées haut la main en novembre 2020. Les manifestations à travers le pays contre le putsch ont été réprimées dans le sang, avec plus de 1 300 personnes tuées et 11 000 arrêtées, selon un groupe de surveillance local.
Ces nouvelles condamnations interviennent quelques jours après les révélations sur un massacre attribué à la junte militaire dans lequel au moins 35 personnes, dont 2 employés de l’ONG Save the Children, auraient perdu la vie. Dans la foulée, les Etats-Unis et l’Union européenne ont annoncé soutenir un embargo international sur les armes à destination de la Birmanie. «Face à l’escalade des violences, des actions préventives supplémentaires sont nécessaires au niveau international, y compris un embargo sur les armes», a ainsi indiqué le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Bruxelles bloque déjà les ventes d’armes et d’équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne.
Libération avec Agence France Presse – 30 décembre 2021
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