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Birmanie: le rapport de force peut-il s’inverser en faveur des opposants à la junte ?

À l’approche du premier anniversaire du coup d’État militaire en Birmanie, la junte maintient sa pression sur une population martyrisée. En dépit d’une campagne répressive d’une rare violence, la résistance civile continue. Est-il possible que le rapport de force tourne à l’avantage des mouvements pro-démocratiques ?

Il est certain que le général putschiste Min Aung Hlaing avait tout prévu, quelques semaines avant le coup d’État du 1er février. Sauf que la rue birmane, près d’un an après, continue de lui résister, lui et le demi-million de soldats de la Tatmadaw, l’armée birmane et ses armes sophistiquées abondamment fournies par Moscou et Pékin.

1 400 morts, près de 10 000 prisonniers politiques, des milliers de déplacés dont une partie de la jeunesse des grandes villes n’auront en effet pas suffi à éteindre la flamme de la résistance pro-démocratique birmane qui, bien au contraire, semble gagner en force et en radicalité. Le PDF, la Force de défense populaire, bras armé du gouvernement de l’ombre créé en mai dernier par des parlementaires entrés en clandestinité, multiplie les attaques contre tous les représentants de la dictature : militaires et leurs familles, policiers, fonctionnaires, informateurs sont souvent abattus en pleine rue alors que les garnisons, les banques, les ministères sont cibles d’attentats. 

La Birmanie compte pour un tiers de minorités ethniques dont beaucoup engagées dans des mouvements d’insurrection 

Sur le front ethnique, les guérillas historiques Karènes, Karennis, Shans, Kachins ou Chin opposent d’Est en Ouest une résistance démultipliée à la junte. Ce qui n’était, là encore, pas prévu dans le scénario de la reprise en mains des militaires. D’autant que dans la jungle de la frontière thaïlandaise, un embryon de coalition alliant des milliers de jeunes dissidents birmans aux guérilleros ethniques est en train de voir le jour. L’extrême violence de l’offensive de saison sèche qui vient de commencer dans ces régions en dit long sur la nervosité des généraux putschistes. La mort effroyable, carbonisés, de 35 civils – femmes et enfants et de deux employés de l’association Save The Children – dans une expédition punitive dans l’État Karenni, le jour de Noël, a d’ailleurs suscité l’émoi dans une partie de l’opinion internationale.

L’ONU, les États-Unis et l’Union européenne plaident pour un renforcement des sanctions et un embargo sur les armes, cela suffit-il ?  

La Birmanie est entrée dans une spirale de guerre civile qui est sans doute un chemin sans retour. Les déclarations de principe de la communauté internationale et les sanctions pèsent peu face à l’intransigeance de la junte, mais aussi face à la détermination d’une population birmane qui refuse de se laisser voler l’une de ses premières expériences démocratiques depuis l’indépendance il y a 70 ans. Les premiers signes d’agacement du parrain chinois face aux exactions des militaires birmans, mais aussi à son incapacité à écraser la dissidence, pourraient, qui sait, également peser sur l’avenir d’une dictature de plus en plus attaquée.  

Par Cyril Payen – Radio France Internationale – 1er Janvier 2022

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