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L’ex-Rambo de l’Isan veut expulser Amnesty International de Thaïlande

Un aide du Premier ministre thaïlandais a déclaré vendredi qu’il demanderait l’expulsion de l’ONG Amnesty International, que les ultra-royalistes accusent de menacer la sécurité nationale.

Seksakol Atthawong, vice-ministre au bureau du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, a déclaré vendredi que sa pétition s’opposant à la présence en Thaïlande de l’ONG de défense des droits humains Amnesty International avait recueilli 1,2 million de signatures et serait soumise au Conseil de sécurité nationale et au ministère de l’Intérieur dans une semaine.

Les ultra-royalistes ont accusé l’organisation basée à Londres d’agiter l’opinion en appelant à l’arrêt des poursuites pénales contre les personnes qui demandent des réformes de la monarchie, institution extrêmement protégée qui fait l’objet d’un culte quasi divin en Thaïlande.

« Cette organisation détruit la sécurité du pays, elle soutient des groupes qui veulent renverser la monarchie, elle manque d’impartialité et se range du côté d’un mouvement antigouvernemental qui est opposé à une monarchie constitutionnelle« , a déclaré à Reuters Seksakol, un ancien partisan des Chemises rouges de Thaksin Shinawatra, qui était connu sous le surnom de « Rambo de l’Isan » avant de retourner sa veste en 2018 pour rejoindre le camp de la junte.

Prayuth Chan-O-Cha avait ordonné en novembre une enquête sur Amnesty. Il n’a fait aucun commentaire en public sur la pétition.

Conformité aux lois internationales sur les droits de l’homme

La mise en cause d’Amnesty intervient au moment où le gouvernement cherche à faire adopter une loi visant à réglementer l’activité des organisations à but non lucratif. Plus de 1.000 entités locales et internationales s’y sont opposées, affirmant qu’elle menace la société civile.

Amnesty, dans un communiqué publié vendredi, a exhorté le gouvernement à honorer ses obligations en matière de droits humains.

« Même si nous reconnaissons que le gouvernement royal thaïlandais se doit de protéger l’ordre public et la sécurité nationale, nous continuons à souligner que les autorités doivent le faire d’une manière conforme aux lois internationales sur les droits de l’homme« , a déclaré l’ONG.

Si la ferveur pour la royauté s’est étiolée depuis la mort du vénéré roi Bhumibol Adulyadej, de nombreux Thaïlandais ne considèrent pas moins la monarchie comme sacro-sainte et perçoivent toute remise en question de l’institution comme une menace pour la société.

1.700 manifestants sous le coup de la justice

Les manifestations de grogne dirigées par une partie de la jeunesse thaïlandaise contre le gouvernement de Prayuth Chan-O-Cha ont pris une ampleur sans précédent à la fin de 2020 incluant parmi les revendications des demandes de réformes de la monarchie qui ont déclenché une répression de la part des autorités.

Plus de 1.700 militants sont sous le coup d’accusations liées à la sécurité, dont au moins 169 ont été inculpés en vertu de la très sévère loi de lèse-majesté qui punit toute forme d’atteinte à la dignité du roi et de ses proches de peines pouvant aller de 3 à 15 ans de prison.

Seksakol Atthawong, qui a changé son prénom (Suporn) en mars 2021, comme le rappelle le média local Thai PBS, était un partisan de la première heure de l’ancien Premier ministre déchu Thaksin Shinawatra, ayant servi ce dernier tantôt en tant que député, tantôt en tant que leader de manifestations. 

Il avait notamment été inculpé avec six autres leaders du mouvement des Chemises rouges pour avoir pris d’assaut le sommet de l’ASEAN en 2009 à Pattaya dans le cadre d’une manifestation contre un gouvernement œuvrant en faveur de l’establishment royaliste qu’il défend aujourd’hui.

Après avoir changé de camp en 2018, il s’est présenté aux élections législatives de 2019 dans sa ville de Nakhon Ratchasima sous les couleurs du parti Palang Pracharath de l’ex-chef de la junte, mais il n’a pas réussi à se faire élire.

Lepetitjournal.com avec Reuters – 14 février 2022

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