L’école de pilotage Avialpes exporte son savoir-faire au Vietnam
L’école de pilotage basée à Annecy a remporté un appel d’offres lancé en 2021 par Viet Flight Training, l’école de la compagnie aérienne Vietnam Airlines. Dans un contexte où l’aviation légère n’existe pas, Avialpes a désormais tout à faire pour démarrer la formation des premiers pilotes privés (PPL) vietnamiens. L’école, qui devrait ouvrir en juillet 2022 ambitionne de former 150 élèves par an.
C’est une petite école française composée de 23 salariés qui va lancer la première école de pilotage au Vietnam en juillet 2022. Alors que ce genre d’annonce émane le plus souvent d’écoles à fortes capacités, Avialpes, basée sur l’aéroport d’Annecy et qui forme 60 élèves, a annoncé avoir remporté l’appel d’offres lancé par l’école de Vietnam Airlines.
Pourtant, Avialpes faisait figure de petit Poucet face à des concurrents venus des États-Unis, d’Italie ou encore de Nouvelle-Zélande pour ce marché qui vise, à terme, la formation ab-initio à la licence de pilote privé (PPL) EASA de 150 élèves par an. Dans un second temps, l’école vietnamienne devrait être en mesure de former au CPL-IR (Commercial Pilot License-Instrument Rating, licence de pilote commercial-Vol aux instruments).
« Ce qui a fait la différence », estime Emmanuel Réty, directeur général et chef pilote d’Avialpes qui sera également le chef pilote au démarrage de l’école du Vietnam, « est sans doute que nous avons un contact français qui travaille chez Vietnam Airlines et qui a facilité nos échanges avec la compagnie. D’autre part, Nguyen Nam Lien, le chef pilote de Viel Flight Training a suivi une partie de sa formation chez Air France et il est resté très sensible à l’excellence de la formation française. Notre réactivité et notre capacité à réduire les coûts ont aussi été des atouts majeurs pour proposer à Viet Flight Training un PPL à 10.000 euros. »
Avialpes procède à un véritable « copier-coller » de son école d’Annecy au Vietnam.
L’école française fournit ainsi tous les documents estampillés EASA, déjà traduits en anglais, comme les manuels d’exploitation, les livrets de formation, toute la documentation pédagogique et celle de son atelier de maintenance MecAvialpes. Adossé à l’école, le marché prévoit également l’établissement d’un atelier de maintenance pour les avions qui arriveront sous peu.
Alors que l’école des États-Unis proposait des Cessna 150, fonctionnant au 100LL dont la distribution n’existe pas au Vietnam, Avialpes reste fidèle au Tecnam P2008 motorisé par un Rotax qui permet d’utiliser de l’essence automobile. Deux avions neufs, en leasing, devraient partir sous peu d’Italie, en conteneurs, pour être remontés sur l’aéroport de Rach Gia où sera implantée l’école. Deux autres P2008 sont en option pour augmenter la flotte à court terme.
Au-delà de l’aspect réglementaire et pédagogique du montage d’une école de pilotage, Avialpes est parti d’une page blanche en terme d’aviation légère.
« Ce qui est surprenant pour nous, européens évoluant dans des espaces réglementés avec beaucoup d’informations, est qu’au Vietnam l’aviation légère n’existe pas » explique Emmanuel Réty qui poursuit : « L’espace aérien du pays est partagé entre les militaires et l’aviation commerciale. Tous les vols entrepris sont sous plan de vol, il n’existe pas de carte VAC pour le VFR et pas de classes d’espaces aériens, pas d’avions légers et donc pas d’ateliers de maintenance pour ces avions. »
Ainsi, les responsables d’Avialpes ont dû rencontrer à plusieurs reprises les représentants du régulateur vietnamien de l’aviation civile (CAAV) pour leur faire découvrir les arcanes du vol à vue et le programme du PPL européen. Une première carte de VAC de l’aéroport de Rach Gia est en cours de finalisation et des zones dédiées aux exercices de maniabilité devraient voir le jour.
Pour débuter les opérations en juillet 2022, Avialpes va bientôt recruter quatre instructeurs et un mécanicien, en France ou en Europe, qui seront nourris, logés et embauchés par Vietnam Airlines avec un « salaire correct » à la clé. « En attendant que nous puissions former des instructeurs vietnamiens et que l’école soit autonome, il nous faut démarrer avec des instructeurs actuellement opérationnels » explique encore Emmanuel Réty, qui fera passer les tests PPL des premiers élèves vietnamiens.
Au plus fort de son activité, l’école vietnamienne devrait embaucher entre 10 et 12 instructeurs et 2 ou 3 mécaniciens.
En l’absence d’école, à l’heure actuelle, les élèves pilotes vietnamiens partent effectuer leur formation PPL à l’étranger. Viet Flight Training sera désormais l’opportunité pour la compagnie Vietnam Airlines de constituer un vivier dans lequel puiser ses futurs pilotes et instructeurs.
Dans un premier temps, l’école vietnamienne formera exclusivement au PPL. Les élèves qui souhaiteront poursuivre vers une licence professionnelle devront encore se rendre à l’étranger pour terminer leur formation.
« D’ici un an et demi, nous devrions être en mesure de proposer de nouvelles formations, telles le CPL-IR (Commercial Pilot License-Instrument Rating), qui permettront de former les pilotes professionnels au Vietnam sans avoir besoin de se rendre à l’étranger » poursuit Emmanuel Réty. « Vietnam Airlines possède un simulateur Alsim pour le passage de la licence MCC (Multi-Crew Cooperation) que l’ont pourrait utiliser et rien n’exclue l’acquisition d’un autre simulateur » complète le chef pilote d’Avialpes.
Si la route est encore longue avant de débuter la formation des premiers élèves vietnamiens, Avialpes se sent pousser des ailes à l’international. L’école française a répondu il y a peu à un nouvel appel d’offres similaire, cette fois en Arménie, où tout est à construire également en termes d’aviation légère.
Par Fabrice Morlon – Aerobuzz.fr – 23 mars 2022
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