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« L’Art en exil », une exposition dédiée à l’empereur Hàm Nghi

Ces jours-ci, les habitants locaux et les touristes en venant à Nice peuvent non seulement profiter du ciel bleu, de la mer émeraude et du soleil brillant, mais aussi contempler des peintures, sculptures, objets et documents de Hàm Nghi, un empereur vietnamien capturé par les colonialistes français et exilé en Algérie à l’âge de 18 ans.

 Intitulée « L’Art en exil – Hàm Nghi, prince d’Annam (1871-1944) », cette exposition inédite invite les visiteurs à relater des pages de la vie et de l’histoire de l’art d’un empereur vietnamien méconnu du public.

Des pastels et peintures à l’huile à l’école impressionniste, des sculptures en bois ou en bronze, des objets, photos et images associées à sa vie d’exil, son passeport, son certificat de mariage et même les vêtements qu’il portait de son vivant… environ 150 œuvres d’art, objets et documents de l’empereur Hàm Nghi sont présentés dans l’exposition intitulée « L’Art en exil – Hàm Nghi, prince d’Annam (1871-1944) » qui se déroule au Musée des arts asiatiques à Nice, dans le Sud de la France.


 L’exposition est le fruit de 10 ans de recherche d’Amandine Dabat, arrière-arrière-petite-fille, descendante de 5e génération de l’empereur Hàm Nghi. Constatant que les documents historiques, les œuvres et l’héritage laissés par son arrière-arrière-grand-père ont non seulement une signification historique, mais aussi une valeur artistique, Amandine Dabat a fait une thèse de doctorat sur la vie en exile de Hàm Nghi et ses œuvres d’art. Elle est également l’auteur du livre Ham Nghi – Empereur en exil, artiste à Alger, publié en 2019 en France.


C’est la première exposition sur l’empereur Hàm Nghi depuis sa mort en 1944. Sa dernière exposition qui a eu lieu de son vivant était il y a quasiment un siècle, en 1926. « Nous voulons organiser cette exposition pour présenter l’œuvre de Hàm Nghi au monde, au Français et Vietnamiens, et le faire connaitre en tant qu’artiste puisque toute sa vie a été considéré comme un empereur anti-français par les Français. Mais en fait, il ne s’intéresse plus du tout à la politique et il a été devenu un artiste peintre, un sculpteur qui avait travaillé avec des très grands artistes comme Auguste Godin », a-t-elle confié. Pour réaliser cette exposition, Amandine Dabat a réuni des œuvres prêtées à la fois des musées Guimet, Cernuschi et Rodin à Paris et celle qui viennent des collections particulières des descendants de Hàm Nghi et de ses amis.


 Pour Adrien Bossard, Administrateur du Musée des arts asiatiques à Nice, l’exposition offre au public une autre vision de l’Asie. « Le sujet est touchant parce qu’il présente une figure impériale du Vietnam, liée notamment à l’Indochine, à la colonisation, qui sont très présentes dans l’esprit des gens« , a-t-il insisté. Le responsable du musé a déclaré « satisfait » du nombre de visiteurs, soit quelque 8.000 visiteurs depuis son ouverture, il y a un mois et demi, et il prévoit d’accueillir environ 25.000 visiteurs au terme de l’exposition à fin juin.

Françoise Cole, une visiteuse venant dans ce musée pour la première fois, a déclaré que cette exposition est une « découverte intéressante » qui lui donne d’occasion de voir d’innombrables objets de valeurs d’un empereur vietnamien ainsi que de ses peintures et sculptures très uniques.
 Pour son amie Véronique, l’exposition lui donne une impression d’un personnage « très intériorisé ». « Ses peintures décrivant surtout des paysages montrent qu’il aime la nature. C’est une personne intime et familiale ». C’est ce qu’elle ressent en visitant cette exposition.


Recherche de la liberté dans les arts


Hàm Nghi (1871 – 1944), de son vrai nom Nguyen Phuc Ung Lich, fut le 8e empereur de la dynastie Nguyen mais ne régna qu’un an (1884 – 1885). Après avoir agité le drapeau du soulèvement de Cân Vuong contre l’établissement du protectorat français en Indochine, il a été capturé et exilé par les colonialistes français vers la capitale algérienne d’Alger en 1888. À cette époque, il n’avait que 18 ans.

Au cours de son exil à Alger, l’empereur Hàm Nghi trouva le bonheur et la liberté dans la littérature, la photographie et surtout dans la peinture et la sculpture auprès des peintres et des maîtres sculpteurs français de renom tels que Marius Reynaud et Auguste Rodin. C’est pourquoi ses œuvres, peintres ou sculptures, fortement influencées par l’impressionnisme et le postimpressionnisme européen. Elles représentent essentiellement la nature et les portraits.
 En 1904, l’empereur Hàm Nghi épouse Marcelle Laloe (1884 – 1974). Les deux ont eu trois enfants ensemble : la princesse Nhu Mai (1905 – 1999), la princesse Nhu Ly (1908 – 2005) et le prince Minh Duc (1910 – 1990).


Amandine Dabat est arrière-petite-fille de la princesse Nhu Ly et descendante de 5e génération de l’empereur Hàm Nghi. Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art (Université de la Sorbonne), d’une maîtrise d’études vietnamiennes (Université Paris-Diderot) et membre du Centre Asie du Sud-Est de l’EHESS. En 2015, Amandine Dabat a soutenu avec succès sa thèse de doctorat à l’Institut national d’Histoire de l’Art (Paris) sur un sujet lié à l’empereur Hàm Nghi. Récemment, son livre intitulé Ham Nghi (1871-1944), Empereur en exil, artiste à Alger a reçu le prix littéraire de la Fondation Del Duca.

Par Thu Ha Nguyen – Le courrier du Vietnam – 10 mai 2022

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