Birmanie : un recours déposé à l’ONU pour la libération d’Aung San Suu Kyi
Le français François Zimeray, ancien ambassadeur de France pour les droits de l’homme, vient de saisir le groupe de travail de l’ONU sur la détention de l’ex femme d’État birmane afin que les Nations unies reconnaissent le caractère arbitraire de sa détention.
« Ce que j’attends, c’est que le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies dise que le procès n’est pas équitable, que la détention est arbitraire, et qu’il enjoigne la Birmanie de la libérer », exige François Zimeray interrogé par Vincent Souriau, du service international de RFI. « Alors, le feront-ils ? Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c’est que la résignation n’est pas une option. »
Avec des proches d’Aung Sang Suu Kyi et l’avocate Jessica Finelle, François Zimeray a déposé mercredi 25 mai une communication contre la junte militaire birmane au Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire.
Ce groupe de travail, composé de cinq experts indépendants, avait fait parler de lui en 2016 en demandant la libération du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Il s’est également penché à plusieurs reprises sur le cas d’Aung San Suu Kyi.
Lieu inconnu
Aung San Suu Kyi, 76 ans, est détenue depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie. Les avocats rappellent qu’elle est privée de liberté par la junte dans un lieu inconnu depuis le putsch. Elle a récemment été condamnée à 5 ans de prison supplémentaires.
« Nous voulons dénoncer un véritable kidnapping judiciaire. La junte militaire birmane a décidé d’enfermer Aung San Suu Kyi, de la mettre au secret, de lui faire un procès totalement fantaisiste pour des motifs qui sont totalement imaginaires et ce, au mépris de toute justice », décrit François Zimeray.
Pour les avocats de la lauréate du prix Nobel de la paix (1991), c’est un tragique bond en arrière pour la Birmanie. À travers la personne d’Aung Sang Suu Kyi, c’est l’aspiration démocratique du peuple birman qui est écrasée.
Le coup d’Etat de février 2021 a fait plonger le pays dans le chaos. Près de 1.800 civils ont été tués par les forces de sécurité et plus de 13.000 arrêtés, d’après une ONG locale.
Même si elles sont « sans force exécutoire », les décisions du groupe de travail de l’ONU peuvent avoir un impact, souligne Francois Zimeray. « Je ne pense pas que la junte birmane puisse être éternellement sourde aux appels de la communauté internationale. En tout cas, ce n’est certainement pas en l’abandonnant au sort de ses geôliers et tortionnaires qu’on améliorera la situation. »
Radio France Internationale – 26 mai 2022
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