Vague de démissions dans le secteur de la santé publique
Les démissions massives des personnels médicaux se répètent ces derniers mois à Hô Chi Minh-Ville. Elles semblent se poursuivre. On sait que le turn-over est normal dans tous les secteurs, mais le fait que ce phénomène apparaisse massivement et dure longtemps est anormal. Il est très important d’y remédier.
Hô Chi Minh-Ville est l’endroit le plus touché par l’épidémie de COVID-19 et c’est aussi la localité où se trouve le plus grand nombre de défections. Cette situation a considérablement affecté le traitement des patients ainsi que la stabilité du système de santé qui est déjà fragile.
Des décisions difficiles à prendre
Bien qu’il ait travaillé pendant près de 20 ans dans un centre de santé de district et 4 ans dans un poste de santé de quartier, récemment, T.T.T. a dû demander un congé. Parlant de cette lourde décision, il a déclaré : « Ma femme et moi travaillons dans un centre médical et nos revenus représentent un peu plus de 10 millions de dôngs. C’est insuffisant pour une famille de six personnes dont 2 enfants et 2 parents âgés ». De plus, lors de l’épidémie de COVID-19, M. T. a dû assumer une charge de travail énorme, avec 5 autres collègues sans recevoir beaucoup d’attention et d’encouragement de la part de ses dirigeants.
Travaillant dans un hôpital public de la ville de Thu Duc, après mûre réflexion, le docteur Trân Minh C (spécialiste en anesthésiologie et réanimation), a décidé de quitter son emploi pour rejoindre un hôpital privé. La raison est que le niveau de revenus dans un hôpital public n’est pas proportionnel à l’effort que lui et ses collègues ont déployé. « Avant l’épidémie, mes revenus étaient d’environ 12 à 15 millions de dôngs par mois, mais après l’épidémie, mes revenus ont fortement chuté, en passant à 8 millions de dôngs, alors que le travail n’avait pas diminué et que je devais en faire toujours plus », a confié M. C. Après avoir quitté l’hôpital public, il s’est vu offrir un salaire de 30 millions de dôngs/mois par un hôpital privé. Un revenu plus élevé et un environnement de travail plus confortable lui donnent entière satisfaction.
Selon le Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville, en 2021, il y avait 1.154 agents de santé qui ont quitté leur emploi, dont 274 médecins et 610 infirmiers. Au cours des 6 premiers mois de 2022, 874 membres du personnel médical ont démissionné, dont 199 médecins et 391 infirmières. En 2 ans, 2.028 salariés ont quitté leur emploi, dont 473 médecins et 1.001 infirmiers, soit environ 5% des ressources humaines médicales totales de toute la ville.
Et les conséquences…
Selon les statistiques du Service de la santé de Hô Chi Minh-Ville, le taux de personnel médical démissionnaire représente environ 5%. Bien qu’il n’ait pas sérieusement affecté la situation des examens médicaux et du traitement des patients, cela crée certaines lacunes. C’est le cas dans l’arrondissement de Binh Tân. Selon le docteur Truong Dinh Nhân, directeur du Centre médical de Binh Tân, cette unité manque actuellement de personnel car certains agents ont récemment quitté leur emploi. Selon la décision du Service municipal de la santé, ce centre est autorisé à embaucher 240 employés, mais actuellement seulement 177 personnes ont été recrutés. Récemment, il a annoncé de nouveau le recrutement de 35 employés mais n’a reçu que 10 dossiers de candidatures. Bien que cette localité soit vaste et densément peuplée, la force médicale actuelle est assez faible.
« Auparavant, le personnel médical disposait d’avantages en nature telles que les bilans de santé et la vaccination, mais désormais, tout le personnel doit se concentrer sur la vaccination COVID-19, y compris pendant le week-end. En plus d’autres tâches, telles que le recensement des données de vaccination, le renforcement des vaccinations des enfants après une période d’interruption due au COVID-19, l’examen et le traitement des points de risques des autres épidémies (dengue, pieds-mains-bouche). Cela prend beaucoup de temps et d’énergie », a déclaré le docteur Nhân. D’après lui, les revenus faibles et les travaux pénibles sont les causes principales d’un recrutement en berne et la défection des employés médicaux.
Le Docteur Dô Van Dung, doyen de la Faculté de santé publique, Université de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville, a déclaré que la démission massive du personnel médical entraînera une pénurie de ressources. « Lorsqu’il y a pénurie de personnel médical, la qualité des soins médicaux n’est plus assurée. Dans cette situation, c’est le patient qui sera le plus affecté », a-t-il souligné.
Le fait que de nombreux médecins hautement qualifiés quittent les hôpitaux publics affecte non seulement les patients, mais affecte également les générations suivantes. En effet, depuis longtemps, les hôpitaux publics ont été des lieux de formation et de pratique du personnel médical, mais lorsque les bons enseignants-médecins des hôpitaux publics passeront aux hôpitaux privés, la qualité de formation et le transfert des expériences aux nouvelles générations en pâtira. En réponse à la perte du personnel qualifié, il faudra de nombreuses années aux établissements de santé publique pour former un groupe de personnel qualifié et spécialisé.
Face à ce phénomène, ces prochains jours, les dirigeants de la ville vont continuer leurs entrevues avec des agents de santé pour écouter leurs souhaits et proposer de nouvelles solutions pour les rassurer.
Par Quang Châu – Le courrier du Vietnam – 2 août 2022
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