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Des rues piétonnes à Hanoï, un vrai besoin des locaux et des visiteurs

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À Hanoï, de nombreux projets de rues piétonnes sont à l’étude. La capitale a-t-elle besoin de nouveaux espaces du genre et quels sont les bons endroits pour en faire ? Éclairage. 

Les rues piétonnes répondent aux besoins de divertissement, elles offrent un espace culturel ouvert typique des villes touristiques. Elles contribuent à façonner le centre de la capitale, a analysé l’expert en tourisme Dr. Trinh Lê Anh, maître de conférences en tourisme de l’Université des sciences sociales et humaines de Hanoï.

La zone piétonne autour du lac Hoàn Kiêm et du Vieux quartier coïncide avec le vieux centre où se trouvent de nombreuses attractions et services.

Développer ”l’économie nocturne” dans la zone piétonne est également très important. Le Dr. Trinh Lê Anh a déclaré : ”Nous n’avons pas encore exploité pleinement les valeurs de la zone piétonne. Nous devons investir davantage dans la recherche pour mieux exploiter l’économie culturelle (de manière civilisée). Parce qu’il est impossible de faire descendre dans la rue des patrimoines tels que le théâtre parlé (chèo), le théâtre classique (tuông), etc., il devrait également être impossible de vendre aussi simplement des produits bon marché d’origine inconnue.”

Trinh Lê Anh a commenté que les deux commerces, de souvenirs et de nourriture, de la rue piétonne de Hanoï aujourd’hui “montrent des signes de délabrement”. “Certains stands de nourriture de rue proposaient des plats très bons il y a dix ans, mais depuis qu’il y a la rue piétonne, la qualité de la nourriture a baissé, elle est devenue peu à peu commerciale. Les vendeurs ne soignent plus la préparation des plats à destination des touristes. Il n’existe plus de spécialités locales. Par conséquent, les Hanoïens sont désormais moins susceptibles d’aller manger dans la vieille ville”.

Cet expert a également mis en garde contre le risque qu’à l’avenir, ces restaurants traditionnels n’aient pas de successeur mais vendent leur marque commerciale : ”Des signes de perte de culture sont peut-être là. Mais les autorités locales ne peuvent pas le contrôler parce que ce serait une intervention un peu profonde”, explique-t-il.

Par ailleurs, les activités de spectacle, notamment les arts traditionnels, n’attirent plus autant de spectateurs qu’avant, en partie à cause de la baisse du nombre de touristes étrangers après l’épidémie. Trinh Lê Anh a souligné que les activités culturelles immatérielles doivent être prioritaires dans la rue piétonne. ”Les espaces de divertissement doivent être investis, sinon ils seront perdus à jamais. Certains clubs fonctionnaient encore régulièrement avant l’épidémie, mais je sais qu’il n’est pas prévu de les rouvrir. Maintenant, il est difficile de faire en sorte que les visiteurs écoutent une session de +ca trù+ (chant des courtisanes) à Hanoï”, a-t-il déclaré.

Peser le pour et le contre

Concernant la possibilité d’ouvrir de nouvelles rues piétonnes à Hanoï, l’architecte Lê Viêt Hà a demandé s’il y avait suffisamment d’analyses pour évaluer les facteurs qui permettront à ces nouvelles rues piétonnes d’être durables et bien accueillies par les résidents et les visiteurs. Il faut également considérer le cas où la rue piétonne ne profite qu’à quelques personnes au détriment de beaucoup. “Est-il vraiment nécessaire de se promener autour du lac Thiên Quang ou le projet transformerait-il cette zone en une sorte de marché nocturne sordide et désordonné, avec des piétons qui jetteraient des ordures sur le lac ? Ce serait un acte contre-productif”, a-t-il averti.

L’architecte Lê Viêt Hà analyse que dans le Vieux quartier à forte densité de population, on peut interdire la circulation automobile pour réserver la place aux piétons. Cependant, la zone du lac Thiên Quang est un endroit où l’on peut se rendre en voiture normalement ; si on la bloque cela gênera la circulation. Alors que juste à côté se trouve le parc Thông Nhât – un espace propice au jeu et à la marche.

Cet expert estime également qu’il faudrait créer une tendance et une culture de la marche plutôt que de suivre le mouvement : ‘‘La municipalité devrait promouvoir les parcs et les trottoirs comme des espaces naturels pour les piétons. Le reste est laissé à la vie, et les habitudes de marche décideront d’elles-mêmes de ce qui deviendra une zone piétonne”, a-t-il précisé.

Même la zone piétonne du Vieux quartier s’est formée sur le besoin des habitants, en effet beaucoup de monde souhaite s’y promener et les commerçants s’attendent à ce que plus de gens visitent leurs magasins. Cela crée ainsi une sorte de pression douce pour que les autorités transforment l’endroit en zone piétonne.

”À l’exception des nouvelles aires urbaines qui sont conçues pour planifier des zones piétonnes dès leur formation, les rues piétonnes doivent provenir des besoins naturels de la vie. Cela n’existera pas s’il est seulement imposé”, a déclaré l’architecte.

L’expert en tourisme Trinh Lê Anh est d’accord avec l’ouverture de plus de rues piétonnes à Hanoï : “Le Vieux quartier est actuellement très fréquenté, il existe d’autres zones qui peuvent également répondre aux besoins des gens et des touristes. Peut-être que le nouveau modèle est encore peu convaincant, mais nous devons l’encourager. Ce serait bien d’avoir plus de zones piétonnes pour montrer aux gens que Hanoï est très vivant, et propose beaucoup de choses à voir”.

Conernant les zones qui ont des paysages mais pas de capital culturel indigène comme la rue Trinh Công Son, l’expert Trinh Lê Anh a suggéré qu”‘il devrait y avoir une discussion entre spécialistes culturels et économistes… pour y former un espace culturel. Si l’investissement culturel en vaut la peine, il deviendra à un moment donné un véritable lieu de promenade. La rue Trinh Công Son peut complètement se développer dans une tendance contemporaine, comme un lieu de jeu pour les jeunes.”

Il a dit que Hanoï est suffisamment vaste pour pouvoir former de nombreuses rues piétonnes, à condition que chaque rue ait sa propre identité, l’une spécialisée dans l’étalage de fleurs, l’autre dans la vente de soie, etc.

“Ce n’est pas que nous n’ayons pas la culture d’origine ou que nous soyons trop peu familiarisés avec les activités de la rue piétonne que nous hésitons”, assène-t-il. “Tout peut convenir quand il apporte une nouvelle valeur économique ainsi qu’une nouvelle fierté pour les populations locales”, a-t-il souligné. Il convient donc de veiller à ne pas créer le sentiment que la rue piétonne est étrangère aux populations locales, par exemple via  une politique prioritaire visant à créer les conditions pour qu’elles organisent des services réservés à la rue piétonne.

Se promener dans un espace culturel

Les touristes du monde entier viennent au lac de Hoàn Kiêm et au Vieux quartier non seulement pour se promener, gouter la cuisine locale et faire du shopping, mais également parce qu’il y a de nombreux endroits pour profiter de la culture artistique.

Dans les futurs projets de rues piétonnes, le curateur Nguyên Thê Son a estimé que l’aire de restauration Tông Duy Tân-Câm Chi a un processus de mise en œuvre relativement méthodique avec la coordination des autorités et des sponsors. Ici, la chaussée sera réservée à des tables publiques : les visiteurs pourront acheter de la nourriture dans les magasins et venir s’y installer pour la déguster.

Le rôle de Nguyên Thê Son dans cette rue piétonne est d’organiser l’installation d’œuvres d’art en interaction avec le patrimoine architectural existant, formant un parcours touristique pour le public. Cette zone était autrefois un hameau de Chinois spécialisés dans le chant lyrique, plus tard, elle a accueilli une H.L.M regroupant des artistes du théâtre classique (tuông). C’est pourquoi, l’artiste a l’idée d’exposer des portraits d’artistes tuông, d’organiser des performances tuông en combinaison avec l’art contemporain, etc.

La rue Phùng Hung a pour rôle de développer le potentiel de la voie ferrée menant au pont centenaire Long Biên, que Thê Son considère également comme une valeur patrimoniale architecturale. Cette voie a été construite à l’origine sur des arcs creux que la ville avait fermés. Récemment, les autorités locales ont eu l’idée de les transformer en un espace commercial. Mais ce projet est toujours suspendu.

Enfin, une initiative vise à profiter de la passerelle piétonne de la rue Trân Nhât Duât reliant la zone de la galerie d’art publique de Phuc Tân à l’espace d’art du 22 rue Hàng Buôm. Les artistes peuvent décorer le pont pour le rendre plus vivant… Cependant, parmi ces projets, seul celui de la rue Tông Duy Tân a reçu l’investissement et a un calendrier de construction programmé.

Par Hoàng Lan – Le courrier du Vietnam – 11 août 2022

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