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La visite de l’envoyée spéciale des Nations unies en Birmanie, une aubaine pour la junte ?

Noeleen Heyzer a rencontré ce mercredi le chef de la junte Min Aung Hlaing. Un geste aussitôt instrumentalisé par le pouvoir militaire birman mais jugé inopportun par l’opposition.

La déclaration de l’envoyée spéciale des Nations unies en Birmanie, Noeleen Heyzer, a été claire, mercredi 17 août, au terme de sa première visite dans le pays depuis sa nomination en octobre 2021 :

“Le peuple birman a le droit à la démocratie et à décider de son avenir sans peur.”

Après avoir rencontré le chef de la junte Min Aung Hlaing, au pouvoir depuis le coup d’État de février 2021, elle a également pris soin de souligner que “l’implication des Nations unies ne confèr[ait] en aucune façon une légitimité [au régime]”, rapporte le quotidien singapourien The Straits Times.

Pourtant, malgré ces précautions, cette visite a été aussitôt instrumentalisée par un pouvoir en quête de reconnaissance internationale, déplore The Irrawaddy : le porte-parole de la junte n’a ainsi pas manqué de répéter lors d’une conférence de presse que “l’envoyé spécial des Nations unies rencontr[ait] officiellement l’actuel gouvernement de Birmanie”. Pour le site indépendant birman, “Heyzer, en tant qu’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies, a contribué à satisfaire le désir de légitimité du régime”.

“Pour Min Aung Hlaing, cette visite, au moment où la plus grande partie du monde ne veut pas entendre parler de lui, veut dire beaucoup. Il va simplement considérer que pour les Nations unies il n’y a aucun problème à discuter des affaires du pays même s’il n’est pas considéré comme chef du gouvernement.”

Quelques semaines après les exécutions

Cette visite intervient alors que les efforts diplomatiques menés par les Nations unies et l’Asean depuis 2021 n’ont produit aucun résultat, la junte refusant toujours de parler à ses opposants. Le ministre des Affaires étrangères cambodgien, envoyé spécial de l’Asean dans le pays, a d’ailleurs lui même admis le 6 août, que “même Superman ne pourrait pas régler la crise birmane”, alors que le régime continue de commettre des atrocités contre les civils, rappelle The Irrawaddy.

Plusieurs ministres du gouvernement d’unité nationale, formé après le coup d’État par les députés élus et renversés par la junte, se sont étonnés également du calendrier de cette visite. Fin juillet, quatre militants prodémocratie ont été exécutés par la junte. Le 15 août, Aung San Suu Kyi a été condamnée à six ans de prison, une peine qui vient s’ajouter aux onze années de prison déjà prononcées. Noeleen Heyzer avait bien demandé à rencontrer durant sa visite l’ancienne dirigeante du gouvernement renversé par les généraux, mais sans succès. En juin, Aung San Suu Kyi a été mise à l’isolement dans une prison de la capitale Naypyidaw.

Courrier international – 18 Août 2022

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