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Thaïlande: après le choc du massacre dans une crèche, le pays veut des réformes institutionnelles

En Thaïlande, deux semaines après le terrible massacre dans une crèche qui a fait 38 morts dont 24 enfants, âgés de deux à quatre ans, le pays, toujours sous le choc, cherche des solutions politiques et sociales pour éviter un nouveau massacre. Plusieurs pistes sont envisagées et d’abord le contrôle du nombre d’armes en circulation.

En Thaïlande, contrairement aux États-Unis, la possession d’armes à feu n’est pas autorisée pour les citoyens ordinaires, et même punie en théorie par de sévères amendes. En pratique, c’est une autre histoire puisque le nombre d’armes en circulation, quoique pas officiellement chiffré, est très élevé. Il est par exemple courant de tirer des coups de feu en l’air lors de célébrations, de funérailles, pour montrer le statut social d’une famille.

De récentes affaires ont montré le rôle actif de membres des forces de l’ordre, notamment policiers et soldats à la retraite, qui disposent de revenus très limités, dans le vaste réseau de trafic d’armes national, renforcé dernièrement par une demande croissante en provenance de la Birmanie voisine. Il y a deux jours, un policier a été arrêté près de la frontière laotienne pour avoir dérobé plus d’une centaine d’armes de poing d’un commissariat d’une banlieue de Bangkok. Le gouvernement promet des peines plus lourdes pour les délinquants.

Réformes de la police et de l’armée

Il y a indéniablement une pression populaire, exprimée sur les réseaux sociaux, pour une réforme des institutions. Le tueur de la crèche était lui-même un ancien policier et le dernier massacre en date, une fusillade dans un centre commercial en 2020, avait été perpétré par un jeune soldat en guerre contre sa hiérarchie. Tous les deux avaient un accès facile aux armes à feu.

La presse nationale plaide donc pour de meilleures procédures de recrutement des policiers et des soldats. Mais les deux institutions, police et armée, sont extrêmement puissantes, lourdes et bureaucratiques, un procédé de réformes prendra sans doute des années à être mis en place.

Meilleur suivi des toxicomanes

Enfin, la troisième piste de réflexion concerne un meilleur suivi des toxicomanes. Le tueur présumé de l’attaque de la crèche était lui-même un consommateur de méthamphétamines, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait été limogé de la police en juin dernier. Il était connu et craint dans son voisinage pour sa consommation régulière de yaba, une méthamphétamine qui fait des ravages dans le nord de la Thaïlande et dans toute la région du Triangle d’or.

Les enquêteurs soulignent néanmoins que l’homme n’était pas sous l’emprise de la drogue lorsqu’il a commis ses crimes. Un autre problème, c’est que les prisons sont déjà pleines de toxicomanes : 80% des détenus en Thaïlande le sont pour consommation ou trafic de drogues. Finalement, c’est plutôt vers le développement de services dédiés à la santé mentale que le gouvernement semble se diriger.

La psychiatrie est encore balbutiante en Thaïlande, souvent supplantée par les croyances bouddhistes dans le karma ou superstitieuses dans les fantômes. Le choc subi par le pays après le massacre des tout-petits permettra peut-être quelques progrès sur la prise en charge de personnalités dangereuses.

Par Carol Isoux – Radio France Internationale – 24 octobre 2022

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