En Birmanie, un possible report des élections deux ans après le coup d’État
Deux ans jour pour jour après le coup d’État qui a renversé la dirigeante Aung San Suu Kyi, la junte birmane pourrait annoncer mercredi la prolongation de l’état d’urgence et le report des élections promises pour l’été.
Grève silencieuse et manifestations sporadiques : en Birmanie, les militants pro-démocratie marquent mercredi d’une pierre noire le deuxième anniversaire du coup d’État, sur fond de possible report des élections.
Tous les regards sont tournés vers une éventuelle annonce de la junte concernant la prolongation de l’état d’urgence et le report des élections promises pour l’été. Le chef de la junte Min Aung Hlaing avait déclaré précédemment que les élections ne pourraient être tenues que quand le pays serait « pacifié et stable ».
Les puissances occidentales ont marqué cet anniversaire par une nouvelle vague de sanctions à l’encontre des généraux, mais les cycles précédents n’ont guère montré de signes permettant de faire dévier la junte de sa route.
Dans le centre de Rangoun, la capitale économique, des manifestants ont déployé des bannières sur plusieurs ponts, appelant les gens à rejoindre la « révolution », tôt mercredi, selon des images publiées par les médias locaux.
Grève silencieuse
Les militants ont appelé les habitants à fermer les commerces et à ne pas sortir dans les rues de 10 h ( 3 h 30 GMT) à 16 h. « J’ai fait moins de snacks aujourd’hui et tous ont déjà été vendus », a déclaré à l’AFP un vendeur de rue de Rangoun, requérant l’anonymat par crainte de représailles. « Les gens se sont précipités pour acheter depuis tôt le matin. Il y aura une grève silencieuse… Nous ne voulons pas la manquer ».
Un rassemblement pro-militaires de « patriotes, d’amoureux de l’armée, de moines et du public » devait défiler dans les rues du centre-ville de Rangoun.
L’ambassade des États-Unis a mis en garde contre une « augmentation des activités et des violences contre le régime » pendant les jours entourant l’anniversaire.
Annonce attendue
L’état d’urgence imposé dans la foulée du putsch par la junte devait expirer à la fin du mois de janvier, délai au terme duquel les autorités devaient, selon la Constitution, mettre en place un calendrier pour de nouvelles élections.
L’armée devait annoncer mercredi qu’elle se préparait pour ces élections. Mais mardi, le Conseil national de défense et de sécurité, composé de membres de la junte, s’est réuni pour discuter de l’état de la nation et a conclu que le pays « n’est pas encore revenu à la normale ».
Dans un communiqué, la junte a accusé ses opposants, dont les « Forces de défense populaire » (PDF) et un gouvernement fantôme animé par des députés du parti de l’ex-dirigeante aujourd’hui emprisonnée Aung San Suu Kyi, de chercher à prendre le pouvoir « par le soulèvement et la violence ». L' »annonce nécessaire sera publiée » mercredi, ajoute le document, sans donner de détails.
Les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne ont annoncé une nouvelle série de sanctions pour marquer cet anniversaire, visant les membres de la junte et les entités qu’elle soutient.
« Campagne barbare »
La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, a ajouté de nouvelles sanctions notamment à l’encontre des entreprises fournissant du carburant d’aviation à l’armée et permettant sa « campagne barbare de raids aériens dans le but de se maintenir au pouvoir ».
L’Australie a également annoncé pour la première fois des sanctions contre 16 membres de la junte « responsables de violations flagrantes des droits de l’homme » et deux conglomérats tentaculaires contrôlés par l’armée.
Les sanctions américaines visent également la commission électorale approuvée par la junte, qui a donné la semaine dernière deux mois aux partis politiques pour se réinscrire, signe que les militaires semblaient vouloir organiser de nouveaux scrutins.
Mais la participation s’annonce incertaine, des pans du pays étant en proie à un violent conflit entre forces armées et milices rebelles qui dissuade les habitants d’aller voter – ou fait planer la menace de représailles pour ceux qui le feront.
Un envoyé spécial des Nations unies a déclaré mardi que des élections « alimenteraient une plus grande violence, prolongeraient le conflit et rendraient plus difficile le retour à la démocratie et à la stabilité ».
France 24 Tv avec Agence France Presse – 1er février 2023
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