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Koh Rong Samloem, la fin d’une époque

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Selon un document officiel, la quasi-totalité de l’île de Koh Rong Samloem a été cédée à deux sociétés par le Conseil pour le développement du Cambodge (CDC), organe de l’État chargé des investissements étrangers. Les occupants actuels doivent évacuer.

Koh Rong Samloem attribuée à deux sociétés

En effet, une lettre de l’administration provinciale datant de 2021 cite deux entreprises : Emario Shonan Marine Corporation, qui revendique 1 124 hectares, et Koh Rong Samloem Resort, pour 1 066 hectares. Cette lettre indique que les deux contrats remontent à 2008.

Emario Shonan Marine, mentionne sur son site internet un de ses projet : l’Emario Rong Samloem Island Resort. Elle indique cependant que ce projet s’étend sur 2 400 hectares, soit la totalité de l’île. Cette société est dirigée par les trois fils de Mme Masako Asakura, une femme d’affaires japonaise née au Cambodge, qui dirige également un service de conseil aux entreprises appelé Alpha International Cooperation.

La deuxième société, Koh Rong Samloem Island Resort, n’est pas présente sur internet mais figure dans le registre des entreprises du ministère du commerce. Son directeur actuel est Li Peishing, tandis que Robin Tom Holdsworth est un ancien directeur de l’entreprise et l’actuel président de Koh Smach Island Resort Developments, qui est lié à feu l’homme d’affaires cambodgien Rithy Samnang.

Selon les autorités, les constructions sont illégales

Dès lors, au cours du mois de janvier, les hôtels, guesthouses, restaurants situées le long des plages ont reçu la visite de fonctionnaires qui leur ont intimé l’ordre d’évacuer les lieux pour le 31 janvier.  Elles sont repassées ces derniers jours et ont fixé un nouveau délai d’une semaine.

Long Dimanche, gouverneur adjoint de la province de Preah Sihanouk, a déclaré 

L’île appartient à l’État, et les fonctionnaires ont émis des avertissements depuis plusieurs mois.

Selon lui, ces constructions sont  “illégales” et il était déjà prévu depuis des années de céder l’île à un promoteur privé.

Nous devons expulser les entreprises de l’île et donner les terrains à des sociétés privées pour qu’elles les développent sans entraves, car le gouvernement a déjà approuvé le développement.(…) Les expulsions par les autorités provinciales sont légales car toute l’île est une terre d’État, que personne ne peut vendre ou revendiquer”, a déclaré M. Dimanche selon le Khmer Times.

Selon VOD, Long Dimanche a expliqué qu’une compensation sera mise en place  “Ils ont tous compris la situation après que nous leur avons expliqué. Nous ne connaissons pas encore les détails de la compensation”.

“Des agents des ministères de l’aménagement du territoire et de l’environnement et le CDC sont descendus pour informer les résidents, ensuite ceux qui n’étaient pas encore partis, nous avons commencé à démonter leurs constructions”, a déclaré Dimanche. Il a ajouté que la plupart des entreprises avaient déjà accepté de partir, et qu’il n’y avait “qu’un ou deux” dissidents”.

Des évictions qui ont surpris les occupants

Le propriétaire du Sky Beach Resort a déclaré, en refusant d’être nommé, qu’il craignait les répercussions des autorités. Il a ajouté qu’il gérait son entreprise depuis 2018, et que son premier avertissement n’est survenu que début janvier, lorsque des fonctionnaires lui ont apporté une lettre datée de septembre 2021.

Jusque-là, nous n’avions pas reçu de lettre d’avertissement. Ils sont juste venus et nous ont dit de partir,

a-t-il dit.

Les fonctionnaires ont également peint à la bombe sa propriété en rouge : “Enlever le 31 janvier”. Les fonctionnaires sont ensuite revenus jeudi et ont peint une deuxième ligne : “Enlever avant le 9 février.”

La zone principale de Saracen Bay est maculée d’inscriptions peintes à la peinture rouge, sur les réservoirs d’eau, les entrées de la station, les bungalows en bois et les marches menant aux logements.

Il a déclaré qu’il n’avait démonté qu’un seul de ses 10 bungalows. Il a ajouté qu’il demanderait aux autorités de faire le reste.

“D’autres centres de villégiature veulent protester contre la société, mais il n’y a pas de société à qui parler et nous ne savons pas vers qui nous tourner pour en discuter”, a-t-il dit.

Donc pour l’instant la confusion règne sur l’île. Les propriétaires des petits hôtels et restaurants devant quitter pratiquement du jour au lendemain ce qui a été pour eux, en tous cas pour certains, le projet d’une vie. 

Les touristes continuaient encore ces derniers jours à affluer sur l’île. Les hôtels se réjouissaient d’avoir un carnet de réservation bien rempli après deux années de Covid.

Ce qui est frappant, c’est la soudaineté avec laquelle les autorités se décident à agir alors qu’elles ont laissé couler pendant des années. Ce n’est pas sans rappeler les constructions dans le parc archéologique d’Angkor. Toutefois, la comparaison s’arrête là car, sur l’île, il ne s’agit pas de préserver un site inscrit au patrimoine mondial mais de répondre à des objectifs de développements privés.

Que deviendra Koh Rong Samloem ? Il est un peu trop tôt pour s’en faire une idée. Mais l’on peut toutefois dès à présent se dire, à la vue des routes qui sont tracées, que ceux qui ont connu l’île avant, ont eu la chance de jouir d’une certaine authenticité à jamais révolue.

Par Mech Dara & Sarum Sreynat & Ouch Sony – VOD / Lepetitjournal.com – 6 février 2023

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