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Le premier policier asiatique de l’histoire du Québec est décédé

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À son arrivée comme policier en juin 1988 au sein du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM, ancêtre du SPVM), Quoc Tuan Trinh a brisé un plafond de verre en devenant le tout premier policier asiatique à porter l’uniforme dans la métropole et, plus largement, au Québec.

Fraîchement diplômé de l’École nationale de police du Québec à Nicolet, le jeune Vietnamien de 33 ans a fait ses débuts au district 22, situé à Verdun.

Être le premier Asiatique dans le milieu policier, majoritairement blanc et réfractaire aux changements, a été difficile. La nouvelle recrue issue des minorités visibles a fait face à plusieurs préjugés parmi ses collègues.

Je dirais que les cinq premières années ont été les plus difficiles, raconte Jean Trinh, son fils.

Quand on voit quelqu’un qui est très différent, qui a un accent différent et qui n’a pas la même chose dans sa boîte à lunch, on se questionne souvent : est-ce qu’il est l’un des nôtres ou pas? ajoute Jean Trinh, au sujet de son père.

Ayant survécu à la grande traversée des boat people sur la mer de Chine méridionale, Quoc Tuan Trinh avait la détermination nécessaire pour persévérer 28 ans dans une carrière de policier, selon ses enfants.

Et cette détermination, il est parvenu à la transmettre.

En 2012, j’ai failli lâcher mon doctorat à cause d’un conflit de personnalité avec quelqu’un à l’université. Je me souviens qu’il m’a parlé en me regardant droit dans les yeux, raconte avec émotion sa fille Linda.

Il m’a dit : “tu penses que, moi, je n’ai jamais vécu d’injustice? Tu penses que personne ne m’a jamais mis de bâtons dans les roues pour m’empêcher de finir ce que je voulais faire? Tu ne vas pas lâcher parce que quelqu’un ne veut pas que tu réussisses”.

Heureusement pour Quoc Tuan Trinh, les policiers qui le côtoyaient ont fini par l’accepter parmi eux. Rapidement, ils l’ont surnommé affectueusement Ti-Toine Tremblay, racontent ses enfants en souriant.

Se rapprocher des communautés culturelles

De nature discrète, Quoc Tuan Trinh a marqué l’histoire de la police au Québec, mais sans jamais avoir cherché l’attention des journaux.

Déjà à l’époque, le directeur Roland Bourget avait affirmé que 80 % du travail des policiers consistait à établir une relation humaine avec la population.

L’embauche d’une personne asiatique était pour la police de Montréal un geste dans le but de se rapprocher des communautés culturelles.

Au cours de sa carrière, on a demandé à mon mari d’aller parler aux jeunes dans les écoles et les cégeps. Mon mari adorait ce rôle de bâtir des relations avec les jeunes des communautés culturelles. Ça le valorisait, raconte son épouse Le Thi Thanh Loan.

Il faut dire que le SPCUM avait été sévèrement blâmé, un an avant l’embauche de Quoc Tuan Trinh, dans le dossier de la mort d’Anthony Griffin, un jeune Noir abattu par la police d’une balle à la tête.

À l’époque du drame, en novembre 1987, les médias montréalais avaient souligné à gros traits le fait que la police de Montréal ne comptait que 3 policiers noirs parmi les 4200 de l’époque.

Le SPCUM avait été forcé de recruter des personnes issues des minorités visibles pour rebâtir les ponts avec les communautés culturelles de la métropole.

Plus de 30 ans plus tard, le ratio de policiers issus des minorités visibles peine à grimper. En 2021, le SPVM rapportait dans son rapport d’activités que seulement 8,7 % de ses 4523 agents étaient issus de telles communautés.

En faisant connaître l’histoire de Quoc Tuan Trinh, sa famille souhaite que les prochaines générations de policiers s’inspirent de la détermination dont il a fait preuve pour mener leur propre carrière le plus loin possible.

C’est clair pour moi que c’est notre héros. Il savait faire des choses ordinaires, mais de façon extraordinaire, a souligné son fils, Jean Trinh.

Quoc Tuan Trinh est décédé du cancer le 26 janvier dernier.

Son ancien employeur a tenu à saluer son dévouement envers les citoyens de Montréal et à souligner l’importance des personnes issues des différentes minorités qui, comme M. Trinh, ont ouvert la voie en étant parmi les premiers membres de minorités visibles à faire partie du SPVM.

Par Pascal Robidas – Radio Canada – 4 février 2023

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