Birmanie : un média officiel attaque l’ONU, une instance «pourrie»
Un média d’État birman a pris à partie les Nations unies, dont le noyau est «pourri» selon lui, dans un éditorial publié vendredi, quelques jours après le départ de l’émissaire onusienne, et en pleine polémique autour de l’accès aux victimes du cyclone Mocha.
«L’image de l’insignifiance», a titré le quotidien «Global New Light of Myanmar», qui a illustré l’article au vitriol d’une photo du siège new-yorkais de l’ONU.
«À l’intérieur, c’est infesté par les égos. Son noyau est pourri», a écrit le média aux mains des militaires au pouvoir.
«L’arrogance, l’ignorance et les intérêts personnels ont tellement pollué leurs esprits», a insisté le journal en langue anglaise.
La Birmanie a sombré dans un chaos maintes fois dénoncé par l’ONU et les organisations de défense des droits humains, à la suite du coup d’État de février 2021 contre Aung San Suu Kyi, qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.
La junte, prise dans un conflit sanglant avec ses opposants armés et les rebelles ethniques, a jusque-là écarté toute tentative de dialogue de paix initiée par les Nations unies et l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean).
Dans ce contexte d’impasse, l’émissaire spéciale de l’ONU pour la Birmanie Noeleen Heyzer a quitté son poste le 12 juin, après 18 mois qui l’ont vu essuyer des critiques à la fois de l’armée et de ses opposants.
La sociologue singapourienne s’est rendue en Birmanie en août dernier, où elle a rencontré le chef de la junte Min Aung Hlaing et d’autres responsables militaires.
Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé ces entretiens qui, selon elles, ont offert une légitimité à ces dirigeants parias pour une partie de la communauté internationale.
«Les solutions pour la Birmanie viendront de l’intérieur, et avec l’aide, la coopération et la compréhension des pays voisins et amis», a assuré le quotidien.
Début juin, Noeleen Heyzer a rencontré Zin Mar Aung, la ministre des Affaires étrangères de l’autoproclamé gouvernement d’unité nationale (NUG) dominé par des députés en exil du parti d’Aung San Suu Kyi, et qu’aucun pays n’a reconnu.
Cette organisation a été déclarée «terroriste» par Naypyidaw.
Les Nations unies ont dénoncé mardi la décision «inconcevable» de la junte de bloquer l’accès aux organisations humanitaires qui veulent se rendre dans l’État Rakhine (ouest), où plus d’un million de personnes ont été affectées par le cyclone Mocha le mois dernier.
Agence France Presse – 16 juin 2023
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