L’enquête sur Pita Limjaroenrat, instrument de sa chute ou tremplin pour sa victoire ?
Le premier ministre thaïlandais désigné par les urnes, Pita Limjareonrat, fera bien l’objet d’une enquête pour savoir s’il était qualifié pour se présenter aux élections du mois dernier, ce qui constitue un nouveau revers dans sa quête pour prendre les rênes du pays.
Pita, 42 ans, leader du parti progressiste Move Forward dont la victoire électorale a stupéfié l’establishment thaïlandais soutenu par l’armée, a dû faire face à de nombreuses plaintes de la part de ses rivaux, dont trois ont été rejetées par l’organisme électoral pour cause de soumission tardive, tandis que quatre autres contre le parti ont été rejetées.
La commission n’en cherche pas moins à savoir s’il était sciemment inapte à s’inscrire comme candidat parlementaire en raison de ses actions dans une société de médias, ce qui est interdit par les règles électorales.
M. Pita a minimisé l’importance de cette question, arguant que les actions de l’entreprise, ITV, ont depuis été transférées et que l’entreprise n’était pas un organe de presse actif. Il risque la disqualification, jusqu’à 10 ans de prison et 20 ans d’interdiction de faire de la politique s’il est reconnu coupable d’infraction.
Le président de la commission électorale, Ittiporn Boonprakong, a déclaré à Reuters dans un message textuel : “Il y a suffisamment d’informations pour suspecter que le candidat n’est pas apte à exercer une fonction publique ou qu’il lui est interdit de le faire, conformément aux règles électorales, pour poursuivre l’enquête sur Pita”.
Les partis d’opposition Move Forward et Pheu Thai ont battu les opposants conservateurs alliés aux militaires dans un rejet retentissant de près de neuf ans de gouvernement dirigé ou soutenu par l’armée après son coup d’État de 2014.
Ils ont formé une alliance avec sept partis, mais la candidature de M. Pita au poste de premier ministre et à la formation du gouvernement devrait se heurter à la résistance d’un Sénat à tendance conservatrice qui a été nommé sous le régime militaire. Un vote bicaméral sur le premier ministre est attendu d’ici le mois d’août, avec des semaines d’incertitude à venir.
Le programme anti-establishment de Move Forward se heurte aux intérêts d’une élite militaire royaliste et d’une élite économique de vieille souche qui influencent la politique depuis des décennies dans la deuxième plus grande économie d’Asie du Sud-Est.
Le parti a obtenu un soutien massif de la part des jeunes et de la capitale Bangkok grâce à une plate-forme de changement institutionnel, notamment en réduisant le rôle politique de l’armée, en supprimant les monopoles et en révisant une loi controversée contre l’insulte à la monarchie.
S’il sort blanchi par la Commission électorale, Pita Limjaroenrat se retrouvera en position de force.
Gavroche-thailande.com – 12 juin 2023
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