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En Thaïlande, le pouvoir en place s’accroche pour empêcher Pita Limaroenrat de devenir Premier ministre

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Depuis la fin de la monarchie absolue en 1934, l’armée a créé une Constitution dont le but est de lui permettre de garder le pouvoir, ou de tirer les ficelles.

Le député progressiste, Pita Limaroenrat, qui à la grande surprise avait remporté à les élections en mai, rencontre des difficultés au moment d’être élu par l’Assemblée nationale Premier ministre de Thaïlande. La commission électorale vient de recommander sa suspension pour des soupçons d’irrégularités. Elle est suivie dans ses recommandations par la Cour constitutionnelle qui va étudier le dossier. Le vote des sénateurs et députés pour la désignation de ce nouveau Premier ministre doit avoir lieu normalement jeudi 13 juillet.

Le Parti Move forward, bête noire du pouvoir

Pita Limaroenrat que tout le monde appelle Pita est né en 1981. C’est un jeune plutôt élégant qui dirige depuis plusieurs années le parti Move forward, aller de l’avant. Ce parti pro-démocratie est la bête noire du pouvoir en place et notamment des militaires qui verrouillent le pays. Le parti a déjà été dissous une première fois en 2019 avant de se reformer sous ce nouveau nom. Pita est au départ un homme d’affaires issu d’une famille aisée. Il a fait ses études aux États-Unis. Talentueux et réformateur, il s’exprime clairement et s’implante aussi bien dans le cœur des ruraux que dans celui de la jeunesse du pays. Il faut dire qu’il propose une image moderne de la société avec des mesures qui séduisent comme la légalisation du cannabis à des fins récréatives, la fin du service militaire obligatoire ou encore le mariage pour tous.

Il maitrise enfin la communication 2.0. Présent sur les réseaux sociaux, il est suivi par plus d’un million de personnes qui a chacune de ses apparitions l’ovationnent comme une pop-star. On peut, par exemple, le voir dans une sorte de grande surface saluer la foule en faisant un cœur avec ses doigts.

L’avenir démocratique du pays en jeu

Le pouvoir veut tout faire pour l’empêcher de gouverner. Le pays a connu quand même une douzaine de coups d’État réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1934. L’armée a créé une Constitution impossible dont le but et de lui permettre de garder le pouvoir, ou en tout cas de tirer les ficelles même si elle ne gouverne pas directement. Pour lui barrer la route, la commission électorale a estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments pour transmettre à la Cour constitutionnelle un dossier de soupçons d’irrégularité. On reproche au parti de Pita d’avoir possédé durant la campagne des actions dans une chaîne de télévision, et ce en contradiction avec la loi.

La Thaïlande se retrouve à nouveau à un moment décisif et les jours à venir risquent d’être cruciaux. C’est ce que laisse entendre le jeune leader qui explique que ce qui se joue c’est tout simplement l’avenir démocratique du pays. Il faut savoir enfin que pour être élu, Pita peut compter sur les 151 sièges gagnés par son parti lors des dernières élections. Il devra également faire alliance avec six autres partis pro-démocratie qui disposent d’élus au parlement. Et si le moment est décisif pour la Thaïlande, c’est surtout parce que lors des dernières élections la participation a été de 75%. Autant dire qu’il sera quand même difficile de passer outre le choix des thaïlandais de vouloir le changement pour leur pays.

Par Nathanaël Charbonnier – Radio Franceinfo – 12 juillet 2023

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