Thaïlande : le recours du vainqueur des élections rejeté, vers un nouveau vote du Parlement
La Cour constitutionnelle a annoncé ce mercredi 16 août qu’elle n’examinerait pas le recours du parti Move Forward (MFP). Cette décision unanime ouvre la voie pour que la Thaïlande sorte de l’impasse politique où elle se trouve depuis les élections de mai : le vainqueur officiel issu de ce parti, Pita Limjaroenrat, étant définitivement écarté, le Parlement peut, sur le papier, voter à nouveau pour choisir un autre chef du gouvernement dès la semaine prochaine.
La Cour constitutionnelle a indiqué dans un communiqué avoir « décidé à l’unanimité de ne pas examiner le recours » qui portait sur le refus d’accorder à Pita Limjaroenrat, chef de file du parti réformiste Move Forward (MFP), un second vote au Parlement, après son échec initial.
Le nouveau vote du Parlement sur un Premier ministre est donc attendu le 22 août, a annoncé ce mercredi le président de la chambre basse du Parlement, Wan Muhamad Noor Matha.
Le MFP de Pita Limjaroenrat a remporté le plus grand nombre de sièges lors du scrutin de mai, porté par le soutien des jeunes électeurs avec la volonté de mettre fin à près d’une décennie de régime soutenu par l’armée.
Mais l’homme de 42 ans a été battu dans sa course au poste de Premier ministre par un ensemble de partis conservateurs, ainsi que par le Pheu Thai. Tous redoutent ses promesses de réformer, entre autres, la stricte loi de lèse-majesté. Celle-ci punit de lourdes peines de prison toute diffamation royale.
Le Pheu Thai, pourtant principal allié du MFP et arrivé en deuxième position aux élections, a été accusé d’exclure le parti de Pita Limjaroenrat de leur coalition pro-démocratie pour s’assurer de lui-même diriger le gouvernement. Ce parti poids lourd de la politique, dirigé en sous-main par la famille Shinawatra, a insisté sur le fait qu’il n’avait retiré son soutien que lorsqu’il était clair que Move Forward ne pourrait pas obtenir le soutien du corps législatif.
En effet, le programme libéral et anti-système de Move Forward s’est heurté à une certaine résistance.
Le Pheu Thai s’est attiré les foudres des pro-démocratie en négociant avec les pro-putsch
Le Pheu Thai va proposer la candidature du magnat des affaires Srettha Thavisin au poste de Premier ministre. Le parti assure être prêt à diriger un gouvernement et avoir les voix nécessaires pour : il a entamé des discussions avec l’ensemble du spectre politique, y compris certains partis ayant participé au coup d’État de 2014, s’attirant les foudres de la sphère pro-démocratie.
Pour accéder à la tête du gouvernement, un candidat doit être approuvé par la majorité des deux chambres du Parlement – les 500 députés élus et les 250 sénateurs nommés sous l’ancienne junte.
Radio France Internationale – 16 août 2023
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