Infos Cambodge

Transmission de pouvoir dynastique au Cambodge

Après 39 années au pouvoir, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a transmis le pouvoir officiellement à son fils Hun Manet.

C’était attendu, et prévu. Le 23 juillet le Parti du Peuple Cambodgien a remporté lors d’élections législatives 120 des 125 sièges, et quelques jours après Hun Sen, le Premier ministre depuis 39 ans, avait annoncé sa décision de laisser son poste à son fils.

 » Le pays entre dans une nouvelle phase et non une nouvelle ère de son histoire politique » écrit Cambodianess, la version anglaise du site Internet indépendant d’information khmer Thmey Thmey.

« Après 4 décennies au pouvoir la génération du 7 janvier 1979 passe le relai à ses descendants directs. Aucun changement d’orientation politique n’est à prévoir puisque le Parti du Peuple reste aux commandes« .

Cambodianess rappelle que la génération du 7 janvier avait bâti « sa légitimité sur son implication militaire directe dans la bataille qui a conduit à la défaite du régime génocidaire de Pol Pot et sur sa contribution indéniable au redressement du pays après ces « 4 ans, 8 mois et 20 jours » de cauchemar. »

 » Ceux qui s’apprêtent à leur succéder ne pourront revendiquer ce lien avec la libération du peuple khmer que par procuration poursuit l’éditorial, charge à eux de démontrer qu’ils ne sont pas que des héritiers mais les architectes d’un avenir dont ils auront eux même conçus les plans« .

Sur son compte X (ex Twitter), Hun Manet publie ce matin la session législative qui a eu lieu le 21 aout à Phnom Penh.

Le Roi du Cambodge Norodom Sihamoni, dont le rôle est largement symbolique, a ouvert la session inaugurale du nouveau parlement. Tous les journaux cambodgiens s’en font l’écho.

Pour réaliser son travail, a déclaré le Roi, faire progresser la croissance économique et favoriser les moyens du peuple cambodgien, « le Cambodge doit s’unir et avoir une position ferme sur la réunification nationale et les 4 vertus principale du bouddhisme : la bienveillance, la compassion, la joie, et la sérénité« .

Dans « Lumière du Cambodge », le premier quotidien du Royaume, le ton est donné dès le titre de l’éditorial. Lettre aux lecteurs, lit-on : « Le navire cambodgien navigue avec enthousiasme avec un jeune capitaine plein de capacité »

 » Hun Manet sera, affirme le journal proche du pouvoir, le pilier de la prospérité et du futur de la nation cambodgienne« 

Illustré de nombreuses photos, de la cérémonie d’investiture à l’assemblée nationale, où l’on voit les députés, dont quelques rares femmes, en costume blanc col Mao, Lumière du Cambodge consacre plusieurs paragraphes aux, je cite « nombreux mouvements hostiles qui empêchent le navire cambodgien d’avancer« .

Rappelons que le principal parti d’opposition a été écarté des élections quelques jours avant, que les Etats Unis, l’ONU, et l’Union Européenne ont condamné les élections de juillet dernier pour avoir été ni libres ni équitables.

 » Ils disent toujours que le Cambodge est un pays sans droit, que les gens sont intimidés, or les groupes d’opposition sont totalement libres de diffuser leur voix dissidentes sur les réseaux sociaux » s’indigne l’éditorial de Lumière du Cambodge.

Ce même journal publie aujourd’hui l’analyse de la présidente du Forum Cambodgien pour la paix, laquelle nous explique comment l’ancien Premier ministre Hun Sen a réussi à neutraliser, je cite « les flammes de la révolution colorée occidentale ».

Et de citer, la révolution orange en Ukraine, celle du Cèdre au Liban, la révolution bleu au Koweit, puis les printemps arabes… « tandis qu’au Cambodge, les mesures de sécurité intérieure ont été suffisamment efficaces, grâce à Hun Sen, et sa diplomatie douce mais ferme« .

Quelques articles moins élogieux sur l’ancien Premier ministre

On trouve aussi dans la presse khmer, en tout cas celle que l’on peut lire sur internet depuis la France, de nombreux articles anciens, remis à la une aujourd’hui, pour dénoncer les liens de la famille d’Hun Sen avec le trafic de drogue, la cession par l’Etat à de riches cambodgiens d’une partie du Lac Ta Mok, le dernier lac naturel du pays, ou encore, la privatisation récente d’une partie du parc National de Botum Sakor à des acteurs privés. Camboja News cite une habitante qui a vu 5 hectares des terres qu’elle cultivait cédé à Royal Group, une holding privée.

« Au fil des années, Hun Sen a consolidé son pouvoir sur un réseau de favoritisme en permettant à une petite élite de familles puissantes de contrôler les leviers de l’État et d’amasser de grandes fortunes » résume un article de Nikkei Asia.

Le site japonais dresse également un portrait très bien informé de son héritier, qui donne je cite « l’impression d’être très compétent, doux et réfléchi, alors que son père était colérique« .

Diplômé de l’académie militaire américaine, diplômé d’économie à l’université de New York, puis de Bristol, Hun Manet a été « préparé au leadership par son puissant père ». S’il lui transfère le pouvoir, explique l’article, c’est parce que le Cambodge cherche à attirer les investissements étrangers à forte valeur ajoutée qui se détournent de Chine. Instruit en occident, Hun Manet pourrait mieux y parvenir que son père, lequel a néanmoins prévenu « qu’il reviendrait au pouvoir s’il sentait son fils en danger« .

Par Marie Viennot – Radio France Culture – 22 août 2023

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant juste d'optimiser techniquement votre navigation. Plus d’informations

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant d'optimiser techniquement votre navigation. Aucune information sur votre utilisation de ce site ne sera partagée auprès de quelconques médias sociaux, de sociétés commerciales ou d'agences de publicité et d'analyse. Cliquer sur le bouton "Accepter", équivaut à votre consentement.

Fermer