L’arbre aux papillons d’or présenté dans les salles obscures

Le long métrage Bên trong vo kén vàng (L’arbre aux papillons d’or), réalisé par Pham Thiên Ân, est diffusé dans les salles de cinéma du Vietnam depuis le 11 août, trois mois après avoir remporté la “Caméra d’Or” au Festival de Cannes 2023.

Bên trong vỏ kén vàng narre l’histoire de Thiên, qui ramène le corps de sa belle-sœur dans son pays natal pour l’enterrer après un accident de voiture. Son fils de 5 ans, Dao, a miraculeusement survécu. Thiên se met en quête du père de Dao, disparu depuis de nombreuses années, afin de le rendre responsable de l’enfant. Son périple pour retrouver le père l’amène à confronter son passé et à méditer sur la vie, la foi et la raison. L’œuvre présente également de nombreux paysages du Vietnam à couper le souffle.

“Le cocon jaune représente la façade des individus dans la société. C’est un cycle vicieux d’argent et de renommée. La capsule à l’intérieur symbolise l’âme d’une personne”, explique Pham Thiên Ân au sujet du titre.

Une source d’inspiration inépuisable

Les pérégrinations du personnage Thiên dépasse le cadre du voyage simple. Elles l’amènent à réfléchir sur les valeurs fondamentales de la vie qui donnent du sens à notre existence et constitue sa raison d’être. L’arbre aux papillons d’or est profondément lié à la propre vie du réalisateur.

Il était risqué de démarrer le tournage avec un budget restreint. Pham Thiên Ân explique qu’en général, un film doit obtenir entre 80% et 90% de son budget avant de pouvoir être produit. Cependant, pour Bên trong vỏ kén vàng, il n’avait que 20% à 30% du financement requis pendant trois ans. Malgré les défis, le réalisateur était déterminé à l’achever et à le soumettre au Festival de Cannes 2023.

Le cinéaste pense fermement que l’argent n’est pas aussi crucial que la détermination, combinée à la conviction du “je le ferai”. Les scènes tournées dans des conditions difficiles ont produit des résultats inattendus.

Inspiré par les gens qui l’entourent, le réalisateur a créé ce film pour raconter une histoire sur le Vietnam et les personnages qu’il connaît. Il affirme que le Vietnam est une source d’inspiration inépuisable et qu’il continuera toujours à réaliser des films sur son pays natal.

Le film illustre la campagne et les montagnes du Vietnam avec un décor minimaliste. Par conséquent, l’œuvre de Pham Thiên Ân a suscité de nombreux éloges de la part des critiques.

Mubi, une plateforme de diffusion de films classiques, a salué le travail de Pham Thiên Ân comme une épopée enchanteresse. Le critique cinématographique britannique principal du magazine américain Variety, Guy Lodge, qualifie le succès du film de l’histoire la plus remarquable de Cannes.

Le film n’a pas de limites

La presse française n’a pas ménagé ses compliments pour Pham Thiên Ân et son œuvre. Le journal Libération a comparé L’arbre aux papillons d’or à un poème épique des campagnes vietnamiennes, qui mérite d’être contemplées. De son côté, le magazine britannique consacré à l’industrie du cinéma The Daily Screen a écrit : “Pham Thiên Ân sait exactement comment capturer l’essence de l’histoire pour le public”.

Le magazine Gavroche en Thaïlande affirme qu’il a toujours été difficile pour les jeunes cinéastes de concourir à Cannes. Cependant, Pham Thiên Ân est devenu l’une des découvertes les plus marquantes du festival. L’auteur de l’article est convaincu que la “Caméra d’Or” lancera définitivement la carrière de Pham Thiên Ân.

Le réalisateur français d’origine vietnamienne Trân Anh Hùng lauréat du prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2023 pour Le pot-au-feu (La Passion de Dodin Bouffant), a partagé que la projection de l’œuvre de Pham Thiên Ân au Vietnam était un événement important et une grande source d’encouragement.

“Ce film est précieux”, a déclaré Trân Anh Hùng. “Nos films ont été projetés simultanément au Festival de Cannes 2023, donc nous n’avons pas encore eu l’occasion de les voir mutuellement”.

Il est intéressant de noter que Trân Anh Hùng avait remporté le prix “Caméra d’Or” pour L’odeur de la papaye verte en 1993. Trente ans plus tard, un autre réalisateur vietnamien a obtenu le même prix.

Pour Pham Thiên Ân, le cinéma n’a pas de limites, et il peut pleinement jouer avec les émotions, l’espace et le temps. En adoptant un rythme lent dans la narration, le réalisateur âgé de 34 ans est persuadé que le public vietnamien réagira différemment au film. “Je souhaite simplement que les gens soient ouverts à mon travail. Je n’ai pas d’attentes excessives, car je savais que le film serait complexe à appréhender”.

Selon le critique Lê Hông Lâm, l’œuvre offre beaucoup, mais le défi réside dans la capacité du public à rester attentif pendant trois heures. Normalement, seuls des blockbusters tels qu’Avengers parviennent à le faire.

Après la projection au Vietnam, le film sortira en France le 13 septembre prochain.

Par Thuy Hà – Le courrier du Vietnam – 27 août 2023