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La « Lady Gaga de Birmanie », Phyu Phyu Kyaw Thein, a trouvé refuge à Clermont-Ferrand

C’est une star de la chanson en Birmanie. Mais depuis le coup d’Etat militaire, elle a dû fuir. Phyu Phyu Kyaw Thein a trouvé refuge à Clermont-Ferrand, où elle continue à chanter et à espérer une vie meilleure pour son peuple. Elle raconte son histoire.

Avec ses tenues délirantes et sa voix de diva, elle a été baptisée la « Lady Gaga de Birmanie ». Phyu Phyu Kyaw Thein est une icône de la chanson. Elle a donné plus d’un millier de concerts en Asie, Australie et Europe. Elle connaît une carrière très productive : 20 ans de musique avec 5 albums solo, 3 minis albums, 1 album en duo, plus de 100 participations à des albums, plusieurs collaborations régionales et internationales et une base de fans sur les réseaux sociaux de 3,8 millions de followers.

Mais depuis le coup d’Etat en Birmanie en 2021, elle a dû quitter son pays. La chanteuse a trouvé asile en France, à Clermont-Ferrand, où sa sœur était déjà installée depuis 2015. Elle a obtenu il y a quelques mois le statut de réfugiée politique. Très émue, elle raconte : « Je suis une chanteuse, auteure et interprète, avec 20 ans d’expérience dans mon pays. A cause du coup d’Etat en 2021, les militaires ont commencé à cibler les célébrités, les influenceurs, les artistes, tous ceux qui rejetaient le coup d’Etat. Dans les premiers jours de ce renversement, la junte militaire a arrêté Aung San Suu Kyi, la dirigeante civile du pays et prix Nobel de la paix, mais aussi notre président et tous les membres du parlement, le même jour. Cela a été suivi d’un grand soulèvement, à travers le pays. Tous les gens ont rejeté le coup d’Etat. Ils ont résisté. Nous, les artistes et les célébrités, rejetions aussi cela. Nous étions ciblés par la junte militaire ».

Une chanteuse engagée

La chanteuse choisit de ne pas baisser les bras. Elle souligne : « Le jour où on a tiré sur des manifestants pacifiques dans la rue, j’ai publié sur ma page Facebook une chanson intitulée « Larmes ». Elle est devenue virale. Les militaires ont mis mon nom sur une liste de personnes à arrêter. Ils ont donné mon nom à la télévision d’Etat. J’ai dû depuis cela courir et me cacher dans différents endroits de ma ville d’origine. Après plusieurs mois, il était de plus en plus difficile de me dissimuler : tout le monde connaît mon visage, ma voix. Je ne pouvais pas me déguiser. J’ai pris une décision très difficile, je ne voulais pas quitter mon pays, c’est là que j’ai bâti ma carrière pendant 20 ans. J’avais ma maison, ma famille, mes chansons, mes projets. Si je restais, je pouvais être arrêtée à tout moment, emprisonnée comme tous ceux qui résistent. J’ai vu des cas d’arrestations, de tortures pour des milliers de personnes. Tu peux être arrêté une nuit et le lendemain ta famille reçoit ton cadavre. Je ne voulais pas être arrêtée. J’avais un autre choix, celui de sceller un pacte avec le diable. Je ne voulais pas serrer des mains couvertes de sang. C’est mon public, mes fans, mes concitoyens qu’ils ont tués ».

Le choix de l’exil

Pour ne pas que son image soit utilisée à des fins de propagande, elle a dû fuir. C’est à Clermont-Ferrand, auprès de sa sœur et aidée par une association, Road movie, qu’elle vit désormais : « C’est un grand sacrifice. Mais je peux sentir mon âme entière. Je suis anonyme ici, je vis comme une personne normale, mon royaume s’est effondré. C’était la seule chose à faire. Je devais montrer que j’étais avec mon public. Je devais partir. Je n’aurais pas pu être tranquille si je ne faisais pas ce choix ». Elle n’a pas coupé les liens avec son public : « Je continue encore à communiquer avec mes fans via Facebook. Je le fais pour soutenir les résistants. Ils m’écrivent des messages, des commentaires. Je continue chaque matin à m’informer sur ce qui se passe dans mon pays : c’est la première chose que je fais. Je relaie leurs messages dans le monde entier. Ici, plus de 90% de la population ne connaît même pas le nom de la Birmanie. Ils ne savent pas ce qu’il s’y passe. Si je pouvais, j’aimerais parler à votre président de ce qui se passe dans mon pays. Nous avons besoin d’aide ». La chanteuse pop a depuis tourné deux clips dans la capitale auvergnate. 

Même si Clermont-Ferrand est devenu son pays d’adoption, son regard reste tourné vers la Birmanie. 

Par Catherine Lopes & Richard Beaune – France 3 TV – 14 septembre 2023

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