Interdiction à vie d’exercer des fonctions politiques pour l’activiste Pannika Wanich
Ce mercredi 20 septembre, la Cour suprême a statué que l’ancienne porte-parole du Future Forward Party aujourd’hui dissous, Pannika Wanich, est interdite de briguer des fonctions politiques à vie en raison de son implication de l’institution monarchique dans le champ politique.
La Cour suprême a considéré que ces anciennes publications de 2010 sur Facebook étaient irrespectueuses envers la monarchie et violaient les règles éthiques en vigueur. Par contre, son droit de vote ne lui a pas été retiré car le tribunal n’a pas pu établir qu’elle avait rejeté le régime de monarchie constitutionnelle.
Un bis-repetita ressemblant à une chasse aux sorcières
Pannika Wanich, âgée de 35 ans, faisait déjà l’objet d’une interdiction politique de 10 ans depuis que la Cour constitutionnelle avait dissous le Future Forward Party en février 2020 pour non-respect des règles de financement. 16 membres du Future Forward, dont leurs trois leaders de l’époque, Thanathorn Juangroongruankrit, Piyabutr Saengkanokkul et elle-même, composaient alors ces bannis de la politique et cela avait été analysé par beaucoup d’observateurs comme un jugement hautement politique. Suite à cette interdiction, ces trois jeunes dirigeants avaient formé le Mouvement progressiste, groupe de réflexion, et ont, en tant qu’assistants, largement contribué à la campagne et à la victoire électorale du Move Forward le 14 mai dernier.
Cette nouvelle condamnation de Pannika Wanich intervient dans le contexte électrique des discussions présentes sur la réécriture de la Charte de 2017. Le Premier ministre Srettha Thavisin a fait savoir qu’aucun point concernant la section monarchique ne serait modifié. En s’appuyant sur l’article 6 de la constitution qui prévoit que la monarchie doit être protégée, les juges de la Cour suprême ont voulu faire passer un message clair. Question: un tel pouvoir du tribunal d’interdire une personne de politique à vie, jugé excessif par de nombreux jeunes activistes et par tout un pan de la société thaïlandaise, est conforme aux normes d’une véritable démocratie ?
Par Philippe Bergues – Gavroche-thailande.com – 20 septembre 2023
Articles similaires / Related posts:
- Thaïlande : Des centaines de manifestants prodémocratie marchent vers le Parlement, une première depuis 2014 Les manifestants protestent contre la dissolution par la Cour constitutionnelle de l’un des principaux partis d’opposition, Future Forward (En avant l’avenir)...
- En Asie du sud-est, les dissidents thaïlandais doivent-ils redouter le pire ? Les ONG Human Rights Watch, Amnesty International et l’association Thai Lawyers for Human Rights sont mobilisées depuis l’enlèvement le 4 juin à Phnom Penh du militant pro-démocratie Wanchalearm Satsaksit. Elles réclament des explications, qui ne viennent toujours pas une semaine après les faits, sur cette neuvième disparition d’exilé politique thaïlandais en Asie du Sud-Est depuis 2017....
- La Thaïlande rétrogradée au rang de « non libre » dans le classement de la « liberté dans le monde » établi par Freedom House Dans son dernier classement mondial de la liberté, Freedom House, un groupe de défense de la démocratie basé aux États-Unis, a rétrogradé la Thaïlande de la catégorie « partiellement libre » à « non libre ». ...
- En Thaïlande l’état d’urgence dure depuis un an Proclamé le 25 mars 2020, l’état d’urgence dure depuis un an en Thaïlande, mais son utilisation est de plus en plus critiquée par les organisations de défense des droit civiques....
- Libération sous caution de Panusaya « Rung » Sithijirawattanakul Accusée du délit de lèse-majesté et détenue depuis 59 jours, l’activiste pro-démocratie Panusaya « Rung » Sithijirawattanakul a été libérée sous caution le jeudi 6 mai....