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Birmanie : après l’offensive de groupes ethniques armés, la junte contre-attaque

Le chef de la junte birmane a promis des «contre-offensives», après l’attaque coordonnée de groupes ethniques armés qui ont pris le contrôle de villes et de routes près de la frontière chinoise, selon une déclaration citée vendredi 3 novembre par un journal d’État. 

«Le gouvernement va lancer des contre-offensives», a déclaré Min Aung Hlaing, dans un discours prononcé jeudi dans la capitale Naypyidaw devant des responsables du gouvernement militaire.

Le général, cité par le Global New Light of Myanmar, a indiqué que l’armée allait répliquer à l’attaque cette semaine de camps de l’armée par des groupes ethniques armés au nord du pays. La junte est engagée dans des combats d’une intensité inédite depuis le coup d’État de 2021, dans le nord de l’État Shan, une région isolée mais stratégique qui borde la province chinoise de Yunnan.

La junte est engagée, dans le nord de l’État Shan (nord), une région isolée mais stratégique qui borde la province chinoise de Yunnan, dans des combats d’une intensité inédite depuis le coup d’État de 2021, selon des analystes. La violence des affrontements a provoqué le déplacement de plus de 23.000 personnes, selon les Nations unies.

Alliance de trois groupes ethniques

Une alliance de trois groupes ethniques, opposants de longue date à l’armée, a revendiqué jeudi la prise de contrôle de dizaines de positions militaires, de quatre villes, et de routes menant à la Chine. Ils ont notamment mis la main sur la ville de Chinshwehaw, un important poste-frontière pour les échanges avec la Chine, le principal partenaire commercial de la Birmanie.

L’union formée par l’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’Armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), est capable de mobiliser au moins 15.000 hommes, d’après des analystes.

Un autre groupe ethnique qui opère dans la région voisine de l’État Kachin, l’Armée de l’indépendance kachin (KIA), a également attaqué des «infrastructures de transport» et des camps militaires, a accusé Min Aung Hlaing. Le chef de la junte a prévenu d’éventuelles représailles à leur encontre.

«C’est le chaos»

Un habitant de Hsenwi, un carrefour routier important à environ 90 kilomètres de Chinshwehaw, a décrit auprès de l’AFP la violence des combats quotidiens, qui pousse la population à se retrancher chez elle. «C’est le chaos. Ni l’armée, ni l’alliance de groupes ethniques ne contrôlent la ville (…) Il y a des combats tous les jours, avec des tirs d’artillerie lourde et des frappes aériennes», a expliqué cette personne par téléphone, qui a souhaité rester anonyme pour des raisons de sécurité.

Des habitants de villages avoisinants affluent vers Hsenwi pour fuir les combats qui font rage dans la campagne, a-t-il expliqué. «Des milliers de personnes sont bloquées en ville. Nous pouvons toujours manger en partageant la nourriture avec les autres», a-t-il indiqué, en précisant que dix civils avaient été tués, et dix autres blessés.

L’accès au compte-gouttes aux moyens de communication, dans cette région dominée par la jungle, rend difficile toute démarche de vérification du nombre de victimes. Les trois groupes armés ont évoqué des dizaines de blessés, tués et capturés dans les rangs de la junte.

La Thaïlande a annoncé un plan pour évacuer 162 ressortissants coincés à Laukkai, proche de la frontière avec la Chine, où des combats font rage depuis près d’une semaine.

Pékin réclame un cessez-le-feu

Laukkai est la capitale de la région sinisante de Kokang, réputée pour les trafics d’armes et de drogues, la prostitution et les centres d’escroquerie en ligne, qui a vu l’armée et des factions dissidentes s’affronter à de nombreuses reprises.

Les 162 Thaïlandais sont «en sécurité sous la direction du gouvernement de Birmanie» et seront évacués via la frontière chinoise s’ils veulent quitter la ville, a précisé le ministre des Affaires étrangères Parnpree Bahiddha-Nukara. Les combats inquiètent la Chine, qui a appelé jeudi à un cessez-le-feu «immédiat». Pékin fournit des armes à la junte birmane, dont elle est l’un des derniers interlocuteurs sur la scène internationale.

L’État Shan abrite notamment un projet de TGV à plusieurs milliards de dollars dans le cadre de la politique chinoise des Nouvelles routes de la soie. Plus d’une dizaine de groupes ethniques armés agissent dans les régions frontalières de la Birmanie, en lutte pour l’autonomie politique ou le contrôle des ressources naturelles.

Certains d’entre eux ont formé, et équipé, les groupes armés composés d’opposants politiques qui ont essaimé dans le pays après le coup d’État de 2021 et la répression militaire qui a suivi.

Par Le Figaro avec Agence France Presse – 3 novembre 2023

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