La Résistance birmane remporte victoire sur victoire
Face à la junte militaire, la résistance unie vole de victoires en victoires. Au point de forcer les militaires à se retrancher dans la Birmanie utile, la vallée de l’Irrawaddy.
Votre histoire du monde nous conduit en Birmanie… où la junte au pouvoir a fait arrêter, hier, six généraux…
Il s’agit des hauts gradés qui, la semaine dernière, ont dû capituler et remettre à la résistance armée la ville de Laukkaï, dans le nord du pays. Une ville d’importance stratégique pour le régime birman : elle est située à la frontière avec la Chine.
C’est d’ailleurs la Chine qui est intervenue pour servir de médiateur alors que plusieurs bataillons de l’armée birmane étaient totalement encerclés. Un ministre de Pékin s’est rendu à Naypyidaw, la capitale birmane et a négocié avec la junte cette reddition.
Dans cette bataille de Laukkaï, la junte n’a pas que fait retraite ; elle a perdu l’honneur en étant obligée de négocier le sort de 2 395 soldats et 228 officiers que la Résistance a magnanimement autorisé à partir sains et saufs pour retrouver leurs familles.
Mais qui est cette résistance ?
D’abord, on l’a compris, elle est le cauchemar de la Junte militaire ! Pour une excellente raison : la Résistance armée est une Alliance de plusieurs mouvements à caractère ethnique appelée l’Alliance fraternelle. C’est ce qui la rend redoutablement efficace.
En fait, il y a peu de pays au monde avec une telle diversité ethnique en un si petit territoire. Des peuples qui ont toujours été méprisés par l’armée, d’une part, mais aussi certains Birmans qui les regardent un peu comme des « sauvages ».
Sauf que cette fois-ci, les « sauvages » se sont unifiés – et c’est assez nouveau. Depuis le 27 octobre, ils ont lancé une offensive militaire qui a stupéfié tout le monde : plus de 400 bases militaires ont été prises à la Junte et 23 villes sont tombées entre leurs mains.
C’est le début de la fin pour la Junte ?
Pas encore : les militaires birmans se sont pour le moment repliés sur la Birmanie « utile » : c’est-à-dire la vallée du grand fleuve Irrawaddy, la capitale Naypyidaw et surtout la vibrante et rebelle Rangoon, la capitale économique du pays.
Dans cette région, ils sont a priori plus en sécurité. Sauf qu’il ne faut pas oublier que la Junte n’est revenue au pouvoir qu’il y a 3 ans à peine en annulant une élection libre et en renversant le pouvoir démocratique et la « dame de Rangoon », Ann San Suu Kyi.
Une junte qui fait depuis l’objet d’une détestation généralisée de la population. Ses effectifs seraient passés de 350 000 à moins de 100 000 hommes, à cause des défections.
Surtout, elle se comporte comme une force d’occupation étrangère. Les militaires sortent peu de leurs casernes et lorsqu’ils patrouillent, c’est toutes armes dehors. Un détail permet de mesurer cette impopularité : les Birmans n’appellent plus leur armée avec respect Tatmadaw mais Sit Khwe, ce qui veut dire « chienne de junte ».
Et à l’international, la junte a des soutiens ?
Il suffit de consulter la liste des pays qui ont envoyé leurs félicitations pour la fête de l’indépendance birmane le 4 janvier : la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord et la Syrie sont au nombre des 9 pays qui ont pris cette peine… Sur 193 représentés à l’ONU.
Par Anthony Bellanger – Radio France Inter – 9 janvier 2024
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