Cinéma itinérant dans les zones reculées du Cambodge
Travelling screen, une association française créée en 2019 dont le but est d’amener l’expérience du cinéma dans les zones reculées du Cambodge se lance dans une tournée de deux mois dans tous le pays.
Entre 1960 et 1975, Phnom Penh était un foyer artistique florissant. Sous l’influence du Roi-père Norodom Sihanouk, le cinéma a connu un essor remarquable avec la production de plus de 350 films et l’existence d’une trentaine de cinémas.
Cependant, cette effervescence créative a été abruptement interrompue, laissant place à des ruines. Bien que le cinéma renaisse progressivement grâce à une nouvelle génération de réalisateurs cambodgiens, les arts traditionnels comme le théâtre d’ombre et de marionnettes luttent pour leur survie, dépendant souvent d’initiatives individuelles.
Travelling Screen souhaite participer à raviver la dynamique culturelle locale à travers le cinéma et les arts traditionnels. Son objectif est de permettre aux populations de zones rurales et reculées de vivre l’expérience cinématographique et de rassembler toutes les générations autour de projections en plein air. En suscitant des vocations et en encourageant l’appropriation de ces projections itinérantes par les Cambodgiens, ce projet aspire à préserver et à promouvoir l’héritage culturel du pays.
Le petitjournal a rencontré Jean-Baptiste Douillet-Romand, le responsable de la toute prochaine tournée de Travelling Screen pour qu’il nous en dise plus sur ce projet. Jean-Baptiste a 37 ans. Il réside au Cambodge depuis Octobre 2020.
« J’ai un parcours dans la solidarité internationale, d’abord, sur le continent africain, à Madagascar, au Cameroun et au Sénégal, avant de trouver une offre d’emploi au Cambodge pour l’ONG Planète Enfant et Développement en tant que responsable d’un projet d’amélioration des conditions d’habitat dans les quartiers précaires de Phnom Penh. »
Comment avez-vous connu Travelling Screen ?
Au début de l’année 2020, Travelling Screen a organisé une première tournée qui a fini prématurément à cause du Covid. J’ai rencontré Valentin Dubé, son fondateur en 2022. Il m’a parlé de ce projet qu’il ne pouvait plus assumer puisqu’il est à la direction de Kampuchea Sela Handicap. Quelque chose a germé en moi : ce projet qui avait été brusquement interrompu par le Covid, pourquoi ne pas le relancer ? J’entrevoyais déjà la fin de ma mission avec Planète Enfant et Développement, je savais que je n’avais pas envie de quitter le Cambodge. C‘est un projet qui pour moi a du sens et pour lequel j’avais envie de m’investir.
Quelle est la programmation que vous avez choisie ?
Notre but est de pouvoir proposer une expérience de cinéma de divertissement à des personnes qui n’ont jamais eu d’expérience cinématographique. Tous les films proposés sont évidemment en khmer, ce qui limite un peu le choix. Nous diffuserons des comédies comme Jail Break, Surviving Bokator, The perfect Motion ou des films de Davy Chou et Anti-Archives. En première partie, nous proposerons des courts métrages dans le but de sensibiliser la population à des sujets qui nous tiennent à cœur sur l’environnement et l’agriculture, les inégalités de genre, les différentes formes de harcèlement, etc…
Comment avez-vous sélectionné les villages où vous allez vous produire ?
Pour des raisons logistiques, nous allons chaque fois être accueillis par une ONG locale qui nous permettra de déployer notre matériel et d’accueillir le public. Si toutes les dates ne sont pas encore confirmées, nous pouvons déjà annoncer que nous nous produirons dans les provinces de Kampong Cham, Kratie, Mondulkiri, Ratanakiri, Siem Reap, Banteay Mean Chey, Battambang et Koh Kong, faisant ainsi un joli tour du Cambodge.
Nous allons commencer notre tournée le 8 mars, journée internationale des droits des femmes et elle se poursuivra sur deux mois avec une trentaine de dates.
Qu’avez-vous comme matériel ?
Nous avons un écran gonflable avec une toile de de 7M50 par 5 M50 donc une surface de projection d’environ 30 m² qui une fois repliée ressemble à gros sac de couchage de 150 kg. Notre projecteur de 5500 lumens assure une très bonne qualité d’image. Le son est assuré par deux enceintes plus un caisson de basses qui peuvent délivrer 5000 W. Il faut être trois pour mettre tout cela en place. Nous recrutons actuellement deux jeunes qui aideront au déploiement de ce matériel et qui seront aussi à même de présenter les films et les enjeux qu’ils sous-tendent au public.
C’est une grosse organisation, quel est votre budget ?
Le financement de cette tournée n’a pas été si simple. Même si pour ma part je conduis cette action de manière totalement bénévole, nous arrivons tout de même à un budget d’environ 11.000 dollars. Nous recherchons donc encore des partenaires et sponsors pour compléter notre budget actuel et organiser davantage de projections.
Les lecteurs du petit journal qui serait sensibles à cette initiative et souhaiterait nous soutenir peuvent faire un don sur notre page de financement participatif Hello asso et ainsi bénéficier d’une réduction d’impôt.
Lepetitjournal.com – 4 mars 2024
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