Restauration d’une statue de Shiva dansant à Siem Reap
Derrière les murs du Département de la sauvegarde et de la préservation des bâtiments anciens à Siem Reap, une équipe d’experts cambodgiens et français s’attelle à restaurer minutieusement une statue exceptionnelle de Shiva dansant. Cette sculpture, provenant du temple de Krahom sur le site archéologique de Koh Ker, témoigne du riche héritage culturel et religieux du Cambodge.
Un travail de longue haleine pour l’équipe de restauration franco-cambodgienne
Depuis plus de cinq ans, les restaurateurs travaillent sans relâche pour reconstituer les plus de 10 000 fragments de la statue, endommagée il y a trois décennies. Sous la direction de Chhan Chamroeun, archéologue et directeur adjoint du département, les experts ont entrepris une tâche colossale, nécessitant une expertise technique et une collaboration étroite entre les autorités cambodgiennes et l’École française d’Extrême-Orient (EFEO).
Eric Bourdonneau, coordinateur du projet à l’EFEO, souligne l’importance de cette restauration pour la compréhension de l’histoire du Cambodge. La statue incarne le culte du Devarâja, symbolisant la protection du royaume et du roi. Cette oeuvre complexe témoigne de l’expertise des artistes de l’époque.
Un véritable défi technique
Le sort s’est acharné sur cette statue vieille de 1000 ans lorsque qu’au début des années 1990 son torse a été découpé morceau par morceau par des pilleurs. Cela a rendu la restauration encore plus difficile.
En 2012, l’équipe française a commencé à fouiller le temple de Krahom et a collecté des fragments de la statue et les a stocké à la Conservation d’Angkor. “Certaines parties de la statue ont été trouvées à 200 mètres du temple”, a expliqué Chhan Chamroeun.
J’ai étudié et réparé des sculptures tout au long de ma carrière mais ce projet est 100 fois plus difficile que tous ceux sur lesquels j’ai travaillé », a affirmé Chhan Chamroeun à The Post. « Même l’équipe française, connue pour ses travaux de restauration de temples en Asie centrale et du Sud-Est, ne savait pas par où commencer », a-t-il ajouté.
L’équipe analyse l’emplacement de chaque pièce à l’aide de projection laser avant de prendre une décision définitive. Elle se réfère à des images de statues de la même époque et de figures de danse similaires pour déterminer le positionnement le plus approprié pour chaque fragment.
Le processus de restauration, bien que laborieux, progresse avec succès. Près de 65% de la statue ont été réassemblés à ce jour. La recherche des positionnements précis des fragments et leur assemblage sont des étapes délicates, nécessitant une attention minutieuse à chaque détail.
Selon M. Bourdonneau, la restauration de la statue de Shiva dansant répond à deux objectifs principaux :
“D’un point de vue patrimonial, nous souhaitons que le public ait accès à ce chef-d’œuvre unique. D’un point de vue scientifique et historique, nous souhaitons trouver la bonne position de Shiva dansant et, en particulier, des mains de la divinité qui tiennent les attributs. Il est essentiel d’avoir cette connaissance pour comprendre sa réelle signification. »
L’équipe espère finaliser la restauration d’ici la fin de l’année 2024. Des discussions sont en cours pour décider du lieu d’exposition idéal, qui pourrait être près du temple de Krahom ou dans un musée dédié à ce chef-d’œuvre historique.
Malgré les défis rencontrés, Chhan Chamroeun exprime sa satisfaction quant aux progrès réalisés jusqu’à présent. La restauration de cette statue représente bien plus qu’une simple réparation, c’est un acte de préservation et de valorisation du riche patrimoine culturel du Cambodge, pour les générations futures.
Lepetitjournal.com avec Cambodianess – 6 mars 2024
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