Ce que la Commission électorale reproche au Move Forward
La Commission électorale thaïlandaise a décidé, mardi 12 mars, de demander à la Cour constitutionnelle thaïlandaise la dissolution du parti Move Forward, vainqueur aux dernières élections, en citant la récente décision de la cour contre la politique du parti concernant la loi de lèse-majesté.
La Commission a déclaré dans un communiqué publié le 12 mars que la décision était unanime.
Le Move Forward Party a proposé une modification de l’article 112 du Code pénal, connu sous le nom de loi de lèse-majesté, qu’il juge être instrumentalisée à des fins politiques.
Se basant sur la récente décision de la Cour constitutionnelle, la Commission électorale soutient que le MFP enfreint l’article 92 de la loi organique sur les partis politiques.
Cette disposition confère à la Cour constitutionnelle le pouvoir de dissoudre tout parti politique considéré comme une menace pour la monarchie constitutionnelle.
Le 31 janvier dernier, la Cour constitutionnelle a jugé à l’unanimité que le MFP devait cesser toute tentative de modification de la loi de lèse-majesté et que toute campagne sur cette question était considérée comme une tentative de renversement de la monarchie constitutionnelle.
La cour a estimé que le projet du parti de modifier la loi sur la diffamation royale démontrait “une intention de séparer la monarchie de la nation thaïlandaise, ce qui est un danger important pour la sécurité de l’État”.
Les amendements proposés par Move Forward incluaient l’obligation pour la maison royale elle-même de déposer une plainte, ainsi que des peines réduites.
Lorsqu’ils ont lu leurs opinions, les juges ont pointé du doigt les actions passées de Pita Limjaroenrat, l’ancien leader du MFP, et du parti, notamment les propositions de modification de l’article 112, la participation à des campagnes avec des groupes s’opposant à l’article 112 et leurs actions pour la libération sous caution de suspects de lèse-majesté.
La cour a estimé que M. Pita et le parti avaient tenté de modifier ou de révoquer l’article 112 lorsque ses 44 députés ont soumis un projet de loi d’amendement le 25 mars 2021.
Selon la cour, le projet de loi visait à abaisser le statut de l’institution royale en exigeant du Bureau de la Maison Royale qu’il dépose les plaintes pour lèse-majesté. Par conséquent, l’institution serait placée en opposition directe avec le public dans les affaires de diffamation.
Cela irait à l’encontre du principe constitutionnel qui élève l’institution royale au-dessus de toute question politique, car elle est un pilier de la sécurité nationale, ont déclaré les juges.
La cour a également souligné que M. Pita et le parti avaient continué à demander la modification de l’article 112 pendant la campagne électorale de l’année dernière.
Le MFP a remporté les élections générales du 14 mai 2023, obtenant 14,4 millions de voix, mais n’a pas été en mesure de former un gouvernement de coalition. Il est désormais le principal parti d’opposition. Le Pheu Thai Party, arrivé en deuxième position, dirige actuellement le gouvernement de coalition.
Le porte-parole du MFP, Parit Wacharasindhu, a déclaré le 12 mars que le parti se défendrait devant la cour et qu’il s’était déjà préparé à une éventuelle dissolution.
Gavroche-thailande.com – 14 mars 2024
Articles similaires / Related posts:
- En Thaïlande, le crime de lèse-majesté réaffirmé malgré la soif de réforme Un militant a été condamné à une peine historique de cinquante ans de réclusion criminelle pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages jugés diffamatoires à l’égard de la monarchie....
- Que peut-on attendre du verdict à l’encontre du Move Forward Party le 31 janvier ? Après la réintégration de Pita Limjaroenrat comme député sur les bancs de la Chambre basse ce jeudi, après que le tribunal ait prononcé son acquittement dans l’affaire iTV, une autre épreuve de taille attend le 31 janvier le Move Forward Party....
- Le parti Move Forward se défend des accusations anti monarchiques Le Parti Move Forward (MFP) a nié le 31 janvier avoir voulu saper la monarchie constitutionnelle en séparant l’institution royale de l’État par l’amendement de la loi de lèse-majesté, comme l’a décidé le tribunal....
- 44 députés du MFP risquent d’être bannis à vie 44 députés du Mouvement Forward (MFP) dont leur chef de file Pita Limjaroenrat risquent d’être bannis à vie de la vie politique après que la Cour constitutionnelle a statué que leurs efforts pour modifier la loi de lèse-majesté constituaient une tentative de renverser la monarchie. Une enquête pour violation de l’éthique est en cours....
- Thaïlande : la commission électorale demande que le principal parti d’opposition soit dissous La commission électorale thaïlandaise a annoncé mardi qu’elle demanderait à la Cour constitutionnelle du royaume de dissoudre le parti progressiste d’opposition Move Forward Party (MFP), qui a remporté la plupart des sièges au Parlement lors des élections de mai dernier. ...