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L’Accord de Genève de 1954 marque un jalon glorieux dans l’histoire du Vietnam

Il y a soixante-dix ans, l’Accord de Genève sur la cessation des hostilités au Vietnam était signé, ouvrant un nouveau chapitre dans la lutte du pays pour la libération et la réunification nationales.

Avec l’Accord préliminaire de 1946 et l’Accord de Paris de 1973, l’Accord de Genève de 1954 a constitué un jalon glorieux dans la diplomatie révolutionnaire du Vietnam, portant l’empreinte de la pensée, du style et de l’art diplomatique du président Hô Chi Minh. Il s’agissait également d’une démonstration éclatante de la « diplomatie du bambou » du pays, comme le reconnaissent les experts internationaux.

De Diên Biên Phu à Genève

À la fin 1953, au milieu de changements considérables sur le champ de bataille indochinois, le Parti communiste du Vietnam et le président Hô Chi Minh décidèrent de mener une bataille sur le front diplomatique de concert avec la campagne hiver-printemps 1953-1954 pour mettre fin à la guerre et rétablir la paix au Vietnam et dans toute l’Indochine.

Le 8 mai 1954, au lendemain de la victoire de Diên Biên Phu qui « résonna à travers les cinq continents et ébranla le monde », la Conférence de Genève commença à discuter du rétablissement de la paix en Indochine.

Après 75 jours de négociations compliquées et âpres avec 31 séances, les Accords de Genève furent signés le 21 juillet 1954. Ceci, associé à la Déclaration finale sur le rétablissement de la paix en Indochine, affirma l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Vietnam, empêcha le déploiement d’officiers et de personnel militaire au Vietnam et détermina, entre autres, la nature temporaire des frontières militaires ainsi que la nécessité d’éventuelles élections générales libres.

Dans son appel après le succès de la Conférence de Genève, le 22 juillet 1954, le président Hô Chi Minh a déclaré que « la Conférence de Genève est terminée et la diplomatie vietnamienne a remporté une grande victoire ».

En effet, alors que la France n’a reconnu le Vietnam comme État libre au sein de l’Union française que dans l’Accord préliminaire de 1946, avec l’Accord de Genève, pour la première fois dans l’histoire du Vietnam, les droits fondamentaux du pays, notamment l’indépendance, la souveraineté, l’unité, et l’intégrité territoriale, ont été officiellement affirmées dans un traité international et reconnues par les pays à la Conférence de Genève. Cela constitue une base politique et juridique importante permettant au peuple vietnamien de poursuivre la lutte sur les fronts politique et diplomatique pour libérer le Sud et réunifier le pays.

Parallèlement à la victoire de Diên Biên Phu, la signature de l’Accord de Genève a conduit à la conclusion victorieuse de la guerre de résistance du peuple vietnamien contre l’empire colonial français et a mis fin à la domination française de plus de 80 ans.

Selon les livres d’histoire, l’accord a ainsi ouvert la voie à une nouvelle phase stratégique pour la révolution vietnamienne : la construction des prémisses du socialisme dans le Nord et le parachèvement de la révolution nationale et démocratique populaire au Sud, en vue d’atteindre véritablement l’indépendance et la réunification nationales.

Tactiques flexibles mais résolues

Dans une récente conversation avec l’Agence vietnamienne d’information, le général de brigade Pham Son Duong, fils unique du défunt Premier ministre Pham Van Dông, qui dirigeait la délégation du gouvernement de la République démocratique du Vietnam à la Conférence de Genève, a rappelé ce que son père avait dit à propos de cette journée mémorable.

« Mon père a dit que l’atmosphère lors de cette conférence était très tendue, mais qu’il restait totalement calme, adhérait aux principes et était également prêt à adopter des tactiques flexibles si nécessaire afin de protéger au mieux les intérêts nationaux, car il se souvenait très bien des conseils que lui avait donné l’Oncle Hô juste avant les négociations », s’est-il souvenu.

« Le but ultime, a dit l’Oncle Hô à mon père, était de forcer les Français à reconnaître l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Vietnam, du Laos et du Cambodge », a déclaré le général de brigade Pham Son Duong.

Selon le général de brigade, son père est entré à la Conférence de Genève avec la plus grande confiance car il était déjà armé d’analyses de guerre et de préparations de plans de réponse pour faire face à d’éventuelles interventions des grandes puissances, dont l’Oncle Hô et son père avaient discuté en profondeur.

Lors de la conférence de Genève, Pham Van Dông a présenté une position en huit points demandant à la France de reconnaître la souveraineté et l’indépendance du Vietnam sur son territoire, ainsi que la souveraineté et l’indépendance du Laos et du Cambodge.

L’Accord de Genève a résolu la question de l’Indochine conformément à la position de la République démocratique du Vietnam, qui établissait la paix sur la base du respect du droit à l’unité nationale, à l’indépendance et à la démocratie des trois pays indochinois.

Commentant la tactique du Vietnam lors de la signature de l’Accord de Genève, Pierre Asselin, professeur d’histoire à la San Diego State University, aux États-Unis, a déclaré : « En signant l’Accord de Genève, le président Hô Chi Minh espérait le meilleur mais se préparait également au pire. »

« Pham Van Dông et d’autres négociateurs de la République démocratique du Vietnam ont été confrontés à de nombreux défis. Je pense que la diplomatie vietnamienne a été assez astucieuse et sensée à Genève. En dernière analyse, ils ont travaillé et ont bien profité », a-t-il ajouté.

On peut dire que le Vietnam a fait preuve d’un esprit d’indépendance et d’autonomie au cours des négociations, a poursuivi avec persévérance ses objectifs stratégiques et a su faire des concessions de principe pour garantir les intérêts nationaux, selon le professeur Pierre Asselin.

Cet esprit a été clairement exprimé par le président Hô Chi Minh dans son entretien avec le journal suédois Expressen le 26 novembre 1953.

Le 26 novembre 1953, dans une interview au journal suédois Expressen, le Président Hô Chi Minh déclarait : « Si les colonialistes français poursuivent la guerre, le peuple vietnamien est résolu dans sa lutte jusqu’à la victoire finale. Mais si, ayant tiré les leçons de ces années de guerre, le gouvernement français désire conclure un armistice et résoudre la question du Vietnam par des négociations, le peuple et le gouvernement de la République démocratique du Vietnam sont prêts à examiner les propositions françaises… La base d’un armistice est que le gouvernement français respecte réellement l’indépendance du Vietnam… « .

S’adressant à la VNA à l’occasion du 70e anniversaire de l’Accord de Genève, le professeur émérite Carl Thayer de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, a déclaré que « la +diplomatie du bambou+ s’est illustrée à travers les négociations de l’Accord de Genève. Les négociateurs vietnamiens sont restés fermes sur leurs objectifs d’indépendance et de liberté, mais flexibles quant à la manière de les atteindre ».

« Comprenant les points de vue et les intentions stratégiques des grandes puissances, le Vietnam a géré la situation avec flexibilité à travers des réunions et des échanges bilatéraux et multilatéraux au cours des négociations. »

Dans son récent discours sur la diplomatie vietnamienne au fil des années, le ministre des Affaires étrangères Bùi Thanh Son a souligné que la signature de l’Accord de Genève, ainsi que la Victoire de Diên Biên Phu, ont conduit à la conclusion réussie de la guerre de résistance du peuple vietnamien contre l’empire colonial français, et a mis un terme décisif au règne du colonialisme sur le Vietnam pendant près de 100 ans.

L’accord a ainsi ouvert la voie à une nouvelle phase stratégique pour la révolution vietnamienne : la construction du socialisme au Nord et la poursuite de la révolution nationale et démocratique populaire au Sud, en vue de parvenir véritablement à l’indépendance et à la réunification nationales.

Les triomphes de la campagne de Diên Biên Phu et des Accords de Genève ont également servi de source d’encouragement aux nations opprimées du monde entier pour qu’elles se soulèvent et luttent pour leur indépendance et leur liberté. Par la suite, de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont obtenu leur indépendance sous diverses formes, et les mouvements pour la paix, l’indépendance nationale, la démocratie et le progrès social se sont développés de manière plus intensive et plus étendue.

Notamment, entre 1954 et 1964, jusqu’à 17 pays africains ont obtenu leur indépendance et, en 1967, la France a été contrainte d’accorder l’indépendance à la plupart de ses anciennes colonies.

Agence Vietnamienne d’Information – 16 juillet 2024

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