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Impact du vietnamien en tant que langue étrangère

Le 20 juillet, au Centre culturel du Vietnam (19 Rue Albert, 75013 Paris), se tiendra une réunion et une cérémonie de lancement de la Journée d’honneur de la langue vietnamienne en France, présidée par Lê Thi Thu Hang, vice-ministre des Affaires étrangères et présidente du Comité d’État pour les Vietnamiens d’outre-mer.

Il serait pertinent d’analyser l’impact du vietnamien en tant que langue étrangère. Le vietnamien (Tiếng Việt), langue officielle du Vietnam, fait partie du groupe việt-muong de la branche môn-khmer des langues austroasiatiques. 

Environ 86 millions de personnes au Vietnam parlent le vietnamien, en faisant la langue la plus parlée. De plus, environ 3 millions de Vietnamiens résidant à l’étranger (notamment en Australie, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie) utilisent également cette langue.

Sous la domination chinoise (du IIe siècle avant J.-C. au Xe siècle après J.-C.), les Vietnamiens utilisaient principalement des idéogrammes chinois. Plus tard, l’écriture vietnamienne chu nôm a émergé, utilisant des caractères chinois modifiés pour représenter les sons vietnamiens. Au XVIIe siècle, les missionnaires français ont développé l’écriture chu quôc ngu, basée sur l’alphabet latin, qui est aujourd’hui l’écriture officielle du Vietnam.

Bien que le français ait largement disparu du Vietnam, un petit pourcentage de la population reste francophone (environ 0,2% à 0,5 %). La Francophonie continue de jouer un rôle diplomatique dans le pays.

Le 8 septembre 2022 a été décrété la Journée de la langue vietnamienne pour promouvoir son apprentissage et sa pratique au sein de la diaspora vietnamienne.

Au plan linguistique

Le vietnamien est une langue isolante où les phrases sont formées de mots invariables ; il n’y a pas de conjugaison des verbes, ni d’accord en genre et en nombre des adjectifs. Les catégories grammaticales telles que le temps, le mode, l’opposition masculin/féminin, singulier/pluriel sont exprimées par des moyens lexicaux (mots ou groupes de mots). Les rapports grammaticaux sont marqués par l’ordre des mots et/ou la prosodie. Un mot peut être, dans le discours, un nom, un adjectif, un adverbe ou un verbe, uniquement en fonction de sa distribution dans l’énoncé, sans aucune marque formelle.

Bien que la morpho-syntaxe française n’influe pas sur le vietnamien, l’impact français est notable dans le domaine lexicographique. Le vocabulaire français enrichit le vietnamien avec des termes relatifs à la vie matérielle moderne, industrialisée, et au style de vie occidental. Toutefois, en raison des grandes différences entre le français, une langue polysyllabique sans ton, et le vietnamien, une langue monosyllabique tonale, les emprunts au français subissent des modifications phonétiques et graphiques pour s’intégrer correctement.

Dans la vie quotidienne au Vietnam, on trouve des emprunts français principalement dans les domaines techniques ou de transport : ghi-đông (guidon), gác-đờ-bu (garde-boue), phanh (frein), cờ-lê (clé), tuốc-nơ-vít (tournevis), vít (vis), bu-lông (boulon), ti-vi (télévision), tê-lê-phôn (téléphone), ainsi que des termes désignant des personnes ou des fonctionnaires : dam (dame), sen dam (gendarme), ou des objets de la vie quotidienne et de la nourriture : xà phèng ou xà bông (savon),  (seau), bánh mi (pain de mie), pa-tê ou ba-tê (pâté), su hào (chou rave), süp lo (chou-fleur), cà rôt (carotte), etc.

Certains mots comme « dame », « gendarme », « commissaire » ne sont plus couramment utilisés de nos jours et sont compris principalement par une minorité de personnes âgées ayant vécu à l’époque de la colonisation.

Au point de vue syntaxe

En vietnamien, en raison de l’influence du verbe « être », on utilise plus fréquemment les termes « là, nên, phải, làm ». Le terme « nêu » (si) qui existait dans la langue vietnamienne était peu employé. Son usage est devenu plus répandu avec le développement du langage politique et scientifique, ainsi qu’avec l’adoption de la pensée analytique française.

Perspectives

En somme, le vietnamien est une langue riche en histoire et en diversité, avec une influence culturelle et linguistique significative. Son impact est indéniable.

Le soutien gouvernemental aux activités d’enseignement de la langue vietnamienne à l’étranger serait bénéfique pour son enseignement en France et en Europe. En France, plusieurs groupes organisent l’apprentissage de la langue et de la culture vietnamiennes, mais le personnel enseignant est principalement composé de parents et de bénévoles.

Il serait souhaitable que le Comité d’État pour les Vietnamiens d’outre-mer soutienne l’introduction et l’utilisation de livres vietnamiens dans ces groupes d’apprentissage de la langue vietnamienne, notamment en France.

Par Nguyên Dac Nhu-Mai – Le courrier du Vietnam – 19 juillet 2024

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