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Au Cambodge, cette base militaire chinoise qui « n’existe pas » selon Pékin

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Selon les États-Unis, le développement de la puissance navale chinoise aurait poussé Pékin à développer une base militaire à Ream, au Cambodge. Mais les autorités de Pékin comme celles de Phnom Penh nient toute appropriation des lieux par l’empire du Milieu.

La Chine développerait depuis des années la base de Ream, au Cambodge, pour abriter ses propres navires. La Marine de l’Armée populaire de libération aurait même franchi un cap depuis décembre, en y stationnant deux de ses navires, affirme le New York Times.

Voilà pour la version américaine des faits. La Chine, appuyée par Phnom Penh, soutient pour sa part que cette base n’existe pas.

Officiellement, la Chine ne maintient qu’une seule base militaire à l’étranger, à Djibouti, pays de la Corne de l’Afrique où plusieurs autres puissances ont déployé des troupes. Pékin finance cependant depuis des années de vastes projets de développements d’infrastructures portuaires dans le monde entier, obtenant parfois même des concessions tel que le port de Hambantota, au Sri Lanka, loué pour 99 ans à l’entreprise étatique China Merchants Group.

La croissance effrénée de la marine chinoise et la puissance grandissante de Pékin pourraient cependant avoir poussé les autorités du pays à rechercher des infrastructures à usage militaire, en parallèle de ses projets civils.

Une base navale cachée au Cambodge

Diverses sources américaines affirment ainsi qu’une autre base navale chinoise à usage militaire serait en cours de développement depuis des années au Cambodge, malgré les dénégations de Pékin. En juillet 2019, le Wall Street Journal révélait l’existence d’un accord secret consulté par des officiels américains permettant à la Chine d’utiliser pour 30 ans la base de Ream, au Cambodge. La construction, attribuée à Pékin, d’infrastructures telles qu’un quai et une cale sèche dans cette base militaire donnant sur le golfe de Thaïlande dure maintenant depuis des dernières années, pointe le New York Times.

Fait étonnant : les nouvelles installations permettraient à des navires bien plus vastes que ceux possédés par le Cambodge d’accoster à Ream. Un « détail » qui pointe vers la possible utilisation du port comme une base chinoise à l’étranger dans le futur.

Et ce n’est pas tout : selon le média américain, deux corvettes chinoises mouillent dans le port à Ream depuis décembre, suite à un exercice militaire commun avec le Cambodge annoncé par le ministre de la défense du pays.

Cambodian #Ream port is not the only one, there are many such Chinese ports, which according to the official Chinese statement, ‘Don’t exist’! Like the one in #MischiefReef, #FieryCrossReef, and #SubiReef in #SCS! Are the rest supposed to be bystanders to such developments? 2/4 pic.twitter.com/dGvp3R2Sas— Stephen Shaw (@StephenSha22267) July 16, 2024

De son côté, le Cambodge prétend que les forces chinoises servent simplement à moderniser l’armée de Phnom Penh. « La base militaire de Ream est cambodgienne« , souligne ainsi auprès du NYT le commandant de la base Mey Dina. « Il n’est pas juste d’affirmer que cette base est contrôlée par la Chine« .

Selon l’institut de recherche AidData, qui a publié en juillet 2023 une analyse de 123 projets portuaires financés par la Chine, Ream fait pourtant partie des 8 ports les plus probables où Pékin compte installer une place forte militaire. Les autres potentielles bases pourraient se situer à Hambantota, au vu de sa situation stratégique et des accords avec le gouvernement sri lankais, ou à Gwadar, au Pakistan, autre allié chinois financé en masse par Pékin.

D’autres places plus éloignées pourraient accueillir des navires chinois. Bata, en Guinée équatoriale, Kribi au Cameroun, Nacala au Mozambique et Nouakchott en Mauritanie sont des cibles potentielles selon AidData, de même que Vanuatu dans le Pacifique.

Vers des installations militaires de Pékin ailleurs dans le monde

Entre ses bases — les États-Unis les localisent sur les îles Spratleys, à Ream et à Djibouti, sans parler des mouvements chinois repérés à Cuba — Pékin pourrait chercher à développer un réseau d’installations l’aidant à projeter sa puissance navale et protéger ses approvisionnements, tels que les hydrocarbures en provenance du Golfe.

Cet effort de construction s’inscrit dans un contexte de fortes tensions dans la Mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan.

Tandis que l’empire du Milieu maintient régulièrement des exercices militaires autour de l’île de Taïwan, les accrochages sont nombreux entre des navires chinois et philippins autour de plusieurs atolls et récifs revendiqués par les deux pays. Si le risque d’un affrontement généralisé reste encore faible, l’existence de bases navales en dehors de son territoire ainsi que ses îlots occupés en Mer de Chine méridionale serait très profitable à Pékin.

Par benjamin Laurent – Géo Magazine – 18 juillet 2024

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