Les chefs de la diplomatie américaine et chinoise se retrouvent cette semaine au Laos
Les ministres des Affaires étrangères d’Asie du Sud-Est se retrouvent cette semaine au Laos avec au programme la guerre civile en Birmanie et les prétentions de Pékin en mer de Chine méridionale, ainsi qu’une rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et chinoise en marge de la réunion.
Le rendez-vous annuel des dix pays membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean) débute jeudi à Vientiane et doit durer trois jours.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken rencontrera son homologue chinois Wang Yi en marge de l’événement et « discutera de l’importance de l’adhésion au droit international en mer de Chine méridionale », selon le département d’État américain.
La Chine revendique la quasi-totalité de cette importante route commerciale, et ignore un arbitrage international qui lui a donné tort en 2016.
Elle y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine et y a transformé plusieurs récifs en îles artificielles militarisées.
Les ministres de l’Asean devraient publier un communiqué commun à l’issue de leur réunion de jeudi.
Selon un document provisoire consulté par l’AFP, certains ministres ont fait part de leurs inquiétudes concernant des « incidents graves » survenus dans la zone « qui ont érodé la confiance, accru les tensions et risquent de compromettre la paix, la sécurité et la stabilité dans la région ».
Un avant-poste isolé sur l’atoll Second Thomas a été au centre d’affrontements entre des navires chinois et philippins ces derniers mois alors que Pékin intensifie ses efforts pour faire valoir ses revendications sur la zone.
Dimanche, les deux pays ont annoncé être convenus d’un « arrangement provisoire » pour le réapprovisionnement des troupes philippines.
Les prétentions chinoises pourraient pousser certains pays du bloc régional à se rapprocher des Etats-Unis, selon un diplomate qui participera aux discussions à Vientiane.
La région se prépare à l’éventualité d’une victoire de Donald Trump lors des élections de novembre. Les diplomates du sud-est asiatique « ont plus ou moins une idée de la manière de traiter avec lui […]. Ils savent quels sont ses points de déclenchement, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas », a-t-il déclaré, sous couvert d’anonymat.
Junte birmane affaiblie
Autre dossier brûlant abordé à Vientiane: la Birmanie où la junte subit défaite sur défaite face aux groupes armés ethniques et aux forces prodémocratie qui la combattent.
Depuis octobre 2021, les généraux ont été écartés des sommets et réunions ministérielles de l’Asean et ont refusé d’envoyer un représentant subalterne. Mais, en janvier, une haute fonctionnaire de Naypyidaw a participé à une « retraite » des ministres des Affaires étrangères au Laos, pays qui assure la présidence annuelle tournante. Il devrait en être de même cette semaine.
Cette volonté même timide de revenir à la table des discussions est un « signe de l’affaiblissement de la junte », a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un diplomate qui participera aux pourparlers.
La Birmanie pourrait « devenir un Etat en faillite », a-t-il averti, ajoutant que « la seule façon pour cette nation d’aller de l’avant est d’organiser des élections nationales et d’installer un gouvernement élu ».
Les efforts diplomatiques des voisins de la Birmanie pour trouver une issue à la crise n’ont jusqu’ici donné aucun résultat tangible.
L’Asean défend un plan de paix en cinq points datant de 2021 que la junte a signé mais n’a jamais appliqué.
Dans le communiqué final provisoire que l’AFP a pu consulter, les ministres prévoient de « condamner fermement » la poursuite des violences.
La crise birmane est un sujet de discorde au sein même de l’Asean, certains pays comme l’Indonésie ou les Philippines réclamant des mesures sévères, d’autres comme la Thaïlande menant pour leur part des discussions bilatérales avec la junte.
Agence France Presse – 23 juillet 2023