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Le Vietnam et la communauté vietnamienne en Tchéquie au centre d’une exposition à Prague

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Un Vietnam familier et inconnu : c’est le titre de l’exposition au Musée Náprstek de Prague, consacrée à ce pays asiatique et  à la communauté qui est la minorité non-européenne la plus importante de Tchéquie, avec plus de soixante mille individus.

La relation entre Prague et Hanoï remonte aux années 1950 durant la période communiste, mais l’histoire vietnamienne n’est pas très connue en Tchéquie, tout comme l’histoire de l’immigration vietnamienne dans le pays depuis les années 1980. Préparée par Ondřej Crhák, Marta Lopatková et Barbora Nováková l’exposition un Vietnam familier et inconnu tente de combler quelques-unes de ces lacunes.

Une relation tchéco-vietnamienne « courte mais intense »

Au début de la Guerre froide, le Vietnam cherche à renforcer sa main-d’œuvre qualifiée en envoyant des étudiants et travailleurs en Tchécoslovaquie pour y suivre des formations. Entre 1960 et 1980, trois vagues de travailleurs sont envoyées dans un cadre réglementé et pour une période déterminée. Selon la sociologue Alena Alamgir, les intérêts s’inversent dès les années 1980, l’État tchécoslovaque voulant bénéficier de cette main d’œuvre.

Ce n’est qu’après la chute de l’Union soviétique que débute réellement la migration vietnamienne. Ondřej Crhák, conservateur au musée, tenait à inclure cette communauté vietnamienne :

« Nous avons travaillé avec une très grande équipe ; avec le musée, avec des partenaires extérieurs et avec la communauté vietnamienne ici. Nous avons des liens très forts avec deux associations tchéco-vietnamiennes, VietUp et l’Institut d’études tchéco-vietnamien. »

Une exposition didactique

L’exposition aide à comprendre la communauté, tout en abordant des sujets parfois tabous, tels que les questions d’identité, de sexualité et d’appartenance culturelle.

Ondřej Crhák : « Mon projet se concentre sur la guerre du Vietnam, et surtout sur l’influence tchécoslovaque dans la guerre et dans leur collaboration. Je travaille sur les théories postcoloniales et la manière de les présenter dans les musées.»

L’exposition aide à déconstruire les idées reçues sur cette minorité relativement peu connue. Elle est divisée en trois parties. La première aide le visiteur à se plonger dans une culture vietnamienne colorée, tandis que la seconde nous plonge dans l’histoire plus sombre du Vietnam, comme l’explique encore Ondřej Crhák :

« Nous avons travaillé avec Tomáš Svoboda, l’architecte de l’exposition et il a eu de très bonnes idées. La première salle représente une rue d’Hanoï et la seconde un pavillon vietnamien, car on voulait représenter l’architecture vietnamienne. »

Dans la dernière partie, nous rencontrons des personnalités attachantes qui expliquent, parfois avec humour, leur lien à ces deux cultures, tchèque et vietnamienne, et aux difficultés qu’ils ont pu rencontrer :

« La dernière partie est beaucoup plus minimaliste, car on voulait mettre en avant la communauté. »

Parmi les personnalités choisies figure Sue Nguyen, directrice du cabinet du président du Sénat tchèque. Elle est la première femme d’origine asiatique à ce poste dans la Chambre haute du Parlement.

« Nous avons interviewé des personnes de la deuxième génération, puis nous avons découpé les entretiens en plusieurs thèmes pour la troisième partie. Il y a une grande diversité de personnes. Certains sont des gens ordinaires, ils travaillent pour l’État, pour des compagnies ferroviaires, au grand marché  SAPA, ou à l’université. Il y a aussi beaucoup de célébrités, comme des acteurs ou des influenceurs. »

« Je ressens mes racines ici »

Si les Tchèques connaissent généralement la première génération d’immigrés vietnamiens dans des épiceries de quartier, la deuxième, elle, tente de s’intégrer plus largement à la société tchèque. Cette différence de mode de vie crée une rupture intergénérationnelle, comme il en existe parmi beaucoup de familles issues de l’immigration. Nourrie par une discrimination et des stéréotypes ancrés, l’intégration semble souvent difficile. Ces enfants de troisième culture se considèrent parfois comme des « enfants banane », désignation officieuse de la deuxième génération de migrants, qui sont jaunes de l’extérieur (d’apparence asiatique), mais blancs à l’intérieur (mentalité européenne).

Cette appellation, pour certains perçue comme caustique, reste un sujet discuté dans les sociétés vietnamiennes selon l’organisation VietUp. Si certains témoignages expriment la difficulté à s’intégrer dans la société tchèque, parfois perçue comme « conservatrice », tous démontrent leur appartenance à une culture qu’ils ont adoptée.

Ondřej Crhák : « La troisième partie est la plus importante, elle montre les relations entre la société tchèque et la communauté vietnamienne, le racisme et les stéréotypes ».

À travers des témoignages, accessoires et décorations, le visiteur peut se plonger dans tous les aspects de la vie quotidienne pour découvrir l’histoire d’une minorité historiquement « tolérée, mais non respectée », selon des termes employés dans cette exposition, à voir jusqu’au 31 décembre 2025 au Musée Náprstek.

https://www.nm.cz/en/naprstek-museum/familiar-and-unfamiliar-vietnam

Par Pauline Le Gall – Radio Prague International – 24 juillet 2024

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