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« Agent orange » : la justice va rendre sa décision sur Bayer-Monsanto et 13 autres groupes agrochimiques

Une Franco-Vietnamienne a attaqué en justice les groupes agrochimiques qui ont fourni de « l’agent orange » à l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, après avoir perdu sa fille de 17 mois d’une malformation cardiaque et souffert elle-même de diverses maladies

Tran To Nga, Franco-Vietnamienne de 82 ans touchée par l’« agent orange », défoliant ultra-toxique utilisé pendant la guerre du Vietnam, saura jeudi si la cour d’appel de Paris reconnaît la responsabilité de Bayer-Monsanto et de 13 autres groupes agrochimiques qui ont fourni le produit à l’armée américaine.

Née en 1942 en Indochine française, elle avait été exposée à 24 ans à ce défoliant utilisé par l’armée américaine pour détruire les forêts vietnamiennes qui protègent les combattants de la guérilla communiste Vietcong, mais qui a fait « plus de trois millions de victimes » selon l’association Vietnam Dioxine.

« L’avion est passé avec un nuage blanc derrière lui. Ça tombe très rapidement et c’est comme ça que je me suis retrouvée enveloppée d’un liquide gluant et, tout de suite, j’ai commencé à tousser, à m’étouffer », a relaté Tran To Nga lors d’une conférence de presse en avril.

Sa fille décédée à 17 mois d’une malformation cardiaque

Sa fille, née en 1969, est décédée d’une malformation cardiaque au bout de « 17 mois », précise le collectif, en ajoutant que ses deux autres filles et ses petits-enfants sont atteints de « pathologies graves ».

Tran To Nga souffre quant à elle de « tuberculoses à répétition, d’un cancer et d’un diabète de type II », dénonce Vietnam Dioxine.

Lors d’un rassemblement en mai place de la République à Paris avant l’audience de la cour d’appel, l’octogénaire avait assuré être prête à « aller jusqu’au bout » et lancé à ses soutiens, en raison de sa santé et de son âge : « Peut-être que ce sera à vous de continuer le combat ».

Des militants avaient pour l’occasion drapé l’emblématique statue de cette place de banderoles oranges marquées des slogans « Agent orange écocide » et « Stop chemical warfare » («Arrêtez les armes chimiques »).

Aux Etats-Unis, si des vétérans ont été indemnisés par certaines entreprises sans qu’un procès ait lieu, la justice a débouté en 2005 une association vietnamienne de victimes au motif que l’« agent orange », qui tient son nom de la couleur du bandeau peint sur les barils contenant ce défoliant, était un herbicide et non une arme chimique.

Déboutée en 2021 à Évry

Tran To Nga s’est elle tournée vers la justice française. En 2021, elle a été déboutée par le tribunal d’Évry, en région parisienne.

Ce dernier s’était déclaré incompétent pour traiter sa plainte contre les géants agrochimiques, dont Bayer-Monsanto, Dow Chemical et Hercules, en estimant que les sociétés avaient « agi sur ordre et pour le compte de l’État américain » et qu’elles pouvaient, de ce fait, se prévaloir de « l’immunité de juridiction ».

Pour les entreprises qui répondaient aux commandes de l’État américain, « la marge de manœuvre était inexistante et le contrat était un carcan », a plaidé en mai devant la cour d’appel Me Jean-Daniel Bretzner, avocat de Bayer-Monsanto.

« La thèse de l’inféodation des sociétés à l’armée est une fable », a au contraire argué Me Bertrand Repolt, conseil de Tran To Nga.

Son autre avocat, Me William Bourdon, s’est dit « confiant » après l’audience.

Sud Ouest avec Agence France Presse – 20 août 2024

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