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« L’humanitaire est de plus en plus instrumentalisé et politisé », déclare Mirjana Spoljaric

Depuis le coup d’Etat militaire de février 2021, la Birmanie est en proie au chaos et à la guerre civile, venus s’ajouter aux tensions interethniques qui minent le pays depuis des décennies. De retour de Birmanie, Mirjana Spoljaric, présidente du CICR, a appelé à une action urgente face à l’augmentation des besoins humanitaires.

« J’ai trouvé une situation humanitaire extrêmement préoccupante en Birmanie. Sur une population de 55 millions, 18 millions ont besoin d’aide. Il manque principalement de la nourriture et des services médicaux, y compris des médicaments », témoigne mercredi Mirjana Spoljaric, présidente du CICR, dans l’émission de Tout un monde de la RTS.

Le CICR pourrait fournir plus d’aide, mais l’accès à plusieurs territoires en conflit reste impossible. La présence de nombreux belligérants sur place complique encore les choses, mais la présidente cherche à obtenir ces accès pour les populations concernées.

« Ce qui était très important, c’était la rencontre avec le général Min Aung Hlaing (ndlr: chef de la junte militaire au pouvoir) avec qui j’ai discuté du respect du droit international. (…) Mais le conflit est extrêmement complexe. Il y a plusieurs groupes armés avec lesquels nous entretenons les mêmes dialogues pour obtenir plus d’accès, » explique Mirjana Spoljaric.

L’humanitaire détourné à des fins militaires

Mirjana Spoljaric souligne l’importance de maintenir la neutralité et l’indépendance des travailleurs humanitaires. Elle critique fermement l’utilisation de l’aide comme levier à des fins militaires, ce qui, selon elle, compromet la mission humanitaire et met en danger les populations vulnérables: « Nous constatons une croissance dans l’instrumentalisation et la politisation de l’humanitaire, ce qui pour nous est inacceptable. »

Elle observe que l’aide humanitaire est souvent détournée à des fins militaires par les parties impliquées, une situation présente dans plusieurs conflits dans lesquels le CICR est actif.

Déficit du respect du droit international

La présidente du CICR estime que la compréhension théorique du droit international humanitaire est présente, mais qu’il y a un déficit dans sa mise en pratique.

« Les groupes armés doivent savoir ce qu’il faut faire sur le terrain pour respecter ce droit et éviter les souffrances que nous voyons dans ces conflits, » souligne-t-elle.

Selon elle, le non-respect du droit international humanitaire est une cause majeure des souffrances dans les conflits actuels.

Les civils birmans sont piégés par les mines

Face à l’augmentation des victimes civiles causées par les armes explosives en Birmanie, Mirjana Spoljaric exprime sa profonde préoccupation. Elle souligne que la contamination des territoires par les mines et les explosifs constitue un problème majeur: « Cela empêche la population civile de se déplacer et de fuir les zones de conflit. (…) En même temps, cela nous empêche d’accéder à cette population. »

Elle souligne donc l’importance des opérations de déminage et des cessez-le-feu pour protéger les civils. Elle insiste également sur la nécessité de garantir la sécurité et de créer des passages pour permettre aux populations de fuir les zones de conflit et de se rendre en lieu sûr.

Par Eric Guevara Frey – Radio Télévision Suisse – 11 septembre 2024


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