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Vietnam : après le typhon Yagi, des usines endommagées et des millions de pertes

Le super typhon Yagi a laissé une facture salée dans le Nord industriel du Vietnam: au moins des dizaines de millions de dollars de dégâts pour des entreprises, confrontées au risque de plus en plus élevé de catastrophes naturelles dans la région.

« Je peux vous garantir qu’il y en a pour plus que des dizaines de millions de dollars » de dégâts, a assuré Bruno Jaspaert, patron du groupe DEEP C qui gère cinq parcs industriels autour du port de Haïphong, l’un des deux plus grands du pays.

« Au moins 85% de nos clients ont subi des dommages », a poursuivi le responsable.

Le typhon Yagi, le plus puissant qu’ait connu le pays en trente ans, a fait près de 500 morts en Asie du Sud-Est, dont environ 300 au Vietnam.

Les rafales violentes et les pluies torrentielles n’ont pas épargné les usines et les infrastructures de transport du delta du fleuve Rouge, région densément peuplée et stratégique, qui abrite des sites oeuvrant pour les géants des technologies Samsung et Foxconn.

Un bilan préliminaire du gouvernement a évalué à 40.000 milliards de dongs (1,47 milliard d’euros) les « pertes » économiques causées par Yagi, sans donner de détails sur le calcul du montant.

Des dirigeants économiques interrogés par l’AFP ont évoqué des dommages sur des dizaines d’usines et d’entrepôts à Haïphong, alors que d’autres, dans la province voisine de Quang Ninh, s’attendent à être privés d’électricité jusqu’à la fin de semaine.

Dans les zones industrielles gérées par DEEP C, la consommation d’énergie n’atteint aujourd’hui que les deux tiers du niveau habituel, a remarqué Bruno Jaspaert, qui n’attend pas à un retour à la normale avant deux à trois mois.

Le changement climatique rendant plus probable l’apparition de super typhons, la catastrophe soulève des questions sur les efforts déployés par le Vietnam pour devenir une alternative à la Chine dans la chaîne de production mondiale.

Interruption ou suspensions de production

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie sud-coréenne, Hong Sun, a déploré « un désastre » pour ses entreprises membres, dont certaines sont confrontées à une pénurie de main-d’oeuvre, en raison des inondations qui restreignent les mouvements.

Samsung, le plus grand investisseur étranger au Vietnam, a assuré que ses activités avaient lieu normalement, mais un entrepôt appartenant au géant LG Electronics a été inondé la semaine dernière, a signalé Hong Sun.

LG a indiqué à l’AFP que la production de certains produits avait repris peu après le passage de la tempête.

Du côté des entreprises japonaises, environ 70% ont rapporté une interruption ou suspension de production, selon Susumu Yoshida, de la Chambre de commerce et d’industrie du Japon.

Le Vietnam essaye de tirer son épingle du jeu au milieu des tensions géopolitiques entre Chinois et Américains, qui poussent les Etats-Unis à diversifier les chaînes de production pour réduire leur dépendance vis-à-vis de Pékin.

Washington et Hanoï ont signé l’an dernier un accord de partenariat stratégique renforcé, à forte teneur économique et technologique, lors d’une visite du président américain Joe Biden, accompagné de dirigeants de Google, Intel et Boeing, notamment.

Typhons plus destructeurs ?

Mais l’avenir demeure incertain, le Vietnam étant l’un des pays au monde les plus vulnérables au changement climatique.

Sans mesures d’atténuation ou d’adaptation, son produit intérieur brut (PIB) pourrait chuter de 12% à 14,5% par an d’ici 2050, a prévenu la Banque mondiale.

Les zones littorales, notamment Haïphong, sont menacées par des typhons qui se développent de plus en plus près des côtes, gagnant plus rapidement en intensité et allant plus loin dans les terres, pour des dommages multipliés par rapport au passé, selon une étude parue en juillet.

Si des investisseurs s’inquètent de cette situation, la plupart d’entre eux estiment que les alternatives sûres n’étaient pas légion.

« La vulnérabilité liée au changement climatique existe dans toutes les régions… (donc) cela ne va pas affecter les investissements japonais », a déclaré Susumu Yoshida.

Toutefois, certains dirigeants espèrent que cette catastrophe incitera les investissements en énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, qui pourraient contribuer à garantir l’approvisionnement en électricité en cas de tempêtes ou d’inondations.

Aujourd’hui, le Vietnam dépend en grande partie du charbon, ainsi que de l’énergie hydroélectrique.

« Ce sont des opportunités que le gouvernement vietnamien devrait exploiter », a estimé Dinita Setyawati, analyste auprès du groupe de réflexion Ember, spécialisé dans l’énergie.

Agence France Presse – 18 septembre 2024

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