Le Cambodge face à la réduction des prêts chinois
Face à la réduction des prêts chinois, le Cambodge rassure sur ses finances tout en explorant d’autres partenariats pour préserver son développement.
En effet, selon Reuters, les données du ministère cambodgien des Finances pour les trois premiers trimestres de 2024 montrent que la Chine n’a approuvé aucun prêt au Cambodge cette année alors que près de 212 millions de dollars avait été prêtés au cours de la même période l’année dernière.
D’autres créanciers ont accordé des prêts d’une valeur totale d’environ 1 milliard de dollars, soit presque autant que ce que le pays a emprunté au cours des neuf premiers mois de l’année dernière. La somme totale des prêts accordés au Cambodge ne devrait donc pas être affectée par cette situation.
La Banque mondiale a notamment accordé des prêts d’une valeur de 564 millions de dollars depuis le début de l’année, ce qui en fait le premier bailleur de fonds du Cambodge pour 2024, suivie par le Japon avec 262 millions de dollars.
La Chine est le pays qui a prêté le plus au Cambodge en 2022 et en 2023, avec plus de 867 millions de dollars sur cette période. Seule la Banque mondiale avait fait plus en 2023, avec des prêts signés d’une valeur d’un demi-milliard de dollars, selon les données citées par Reuters.
La Chine possède plus d’un tiers de l’encours de la dette du Cambodge, qui s’élève à 11,6 milliards de dollars, selon les données du gouvernement cambodgien. L’arrêt des prêts fait suite à des années d’investissements massif au Cambodge.
La réaction vigoureuse du ministère de l’Économie
Cette nouvelle a suscité de vives inquiétudes et une réaction ferme du ministère cambodgien de l’Économie et des Finances. Selon les autorités, les informations relayées sont infondées et risquent d’induire le public en erreur.
« Les affirmations selon lesquelles la Chine cesserait de nous accorder des prêts sont ridicules »,
a déclaré Meas Soksensan, porte-parole du ministère. Il a rappelé que de nombreux projets entre les deux pays sont en cours de discussion et seront signés dans le cadre de financements concessionnels ou de subventions.
Meas Soksensan a souligné que la relation bilatérale entre le Cambodge et la Chine reste solide, reposant sur des investissements et une coopération effective.
Des prêts chinois ralentis, un contexte économique tendu
Des experts expliquent ce ralentissement par les difficultés économiques que traverse la Chine. La crise immobilière et les tensions commerciales avec les États-Unis sous la nouvelle administration Trump pousseraient Pékin à privilégier des investissements plus rentables, notamment au Vietnam.
« La Chine réfléchit à ses priorités économiques face au ralentissement actuel », explique Mom Mit, spécialiste en gestion internationale cité par Cambodianess. Pour Seng Vanly, analyste des relations internationales, la Chine adapte sa stratégie économique pour éviter les répercussions de la guerre commerciale avec les États-Unis.
Impact potentiel sur le Cambodge
La diminution des prêts pourrait avoir des répercussions sur l’économie cambodgienne, notamment sur les projets d’infrastructure et le budget de 2025. Certains analystes estiment que la récente visite en Chine du président du Sénat, Hun Sen, visait à renforcer la coopération et discuter de nouveaux projets.
Prom Thary, doctorant en sciences politiques, a averti qu’un arrêt prolongé des financements pourrait ralentir les projets majeurs et pousser le Cambodge à diversifier ses sources de financement. Il y voit aussi une opportunité : celle de réduire la dépendance économique envers la Chine. « Une diversification économique est essentielle pour limiter les risques liés à une crise chinoise », a-t-il déclaré.
Une gestion de la dette encore maîtrisée
Malgré ces défis, le Cambodge reste en mesure de gérer sa dette. En 2024, le gouvernement a signé 1,7 milliard de dollars de nouveaux prêts, soit 46 % du plafond légal. Selon Hong Vannak, chercheur économique, la dette publique cambodgienne est encore à faible risque grâce à une utilisation stratégique des fonds pour des projets utiles.
Le Cambodge continue également de recevoir des financements de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement, avec des conditions de prêt plus strictes qui permettent une gestion plus prudente.
Un avenir entre prudence et diversification
Pour Mom Mit, ce ralentissement des prêts chinois pourrait encourager le Cambodge à diversifier ses partenariats économiques. Seng Vanly met toutefois en garde contre les risques liés à des investissements non rentables et au manque de transparence, qui pourraient exposer le pays à une influence excessive de ses créanciers.
Le Cambodge doit donc désormais trouver un équilibre entre l’exploitation de son partenariat stratégique avec la Chine et la recherche de nouveaux alliés économiques pour garantir un développement durable.
Lepetitjournal.com – 19 décembre 2024
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