Birmanie : les ouvriers textiles face à la montée du travail forcé
Quatre ans après le coup d’État militaire du Myanmar, les droits et conditions de travail des salariés continuent de reculer. Et en particulier dans la stratégie industrie textile, la Birmanie étant devenu l’un des principaux fournisseurs de l’Occident en habillement.
Le dernier rapport de la confédération syndicale IndustriAll pointe, dans l’univers de la confection, la multiplication des heures supplémentaires contraintes et non rémunérées, et des retards de salaires toujours plus fréquents, sur fond de management dégradant et insultant encouragé par la junte militaire au pouvoir.
En novembre dernier, IndustriAll portait plainte contre le groupe britannique Next, l’Allemand New Yorker et le Polonais LPP (Reserved, Cropp, House…), qui poursuivent leur approvisionnement dans le pays en dépit des alertes des ONG et syndicats locaux. Qui rapportent la multiplication des cas d’heures supplémentaires forcées, de cotisations sociales détournées, licenciements abusifs et même violences physiques en cas de remise en question des directions.
« Les enseignes qui restent au Myanmar bénéficient d’un environnement de peur, de travail forcé et d’exploitation », indique le secrétaire général d’IndustriALL, Atle Høie. « Il existe des rapports exhaustifs et circonstanciés sur les violations généralisées des droits des travailleurs et travailleuses et il n’y a pas de liberté syndicale dans le pays. La diligence raisonnable en matière de droits de l’homme exige la participation des travailleurs et travailleuses et une vérification indépendante, ce qui est impossible sous le régime militaire. »
L’Organisation internationale du travail (OIT) a suspendu la participation de la junte militaire aux réunions de son organe directeur et a cessé toute assistance technique. Elle relève que les mauvaises pratiques concernent également les travailleurs birmans travaillant dans les usines thaïlandaises. La junte birmane s’accapare une partie de leurs revenus en imposant des transferts via des banques contrôlées par les militaires.
La Birmanie restait au premier semestre 2024 le 10ème plus gros fournisseur de l’Union européenne en habillement avec 866 millions d’euros de marchandises. Les États-Unis continuent également de s’approvisionner massivement dans le pays, avec pour 200 millions de dollars d’habillement importés sur les 11 premier mois de l’exercice 2024.
Par Matthieu Guinebault – FashionNetwork.com – 29 janvier 2025
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