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Statue de Sin Sisamouth : le triomphe de la « Voix d’Or » sur les Khmers rouges

L’inauguration d’une statue de Sin Sisamuth à Stung Treng marque un hommage fort à l’artiste assassiné par les Khmers rouges en 1976. Symbole de résilience, son héritage musical triomphe de l’oubli et de la terreur.

En cette année du 50ème anniversaire du début du règne de terreur des Khmers rouges, le 17 avril 1975, l’érection à Stung Treng d’une statue de plus de 3 mètres de Sin Sisamuth, la « Voie d’Or » du Cambodge assassiné par les Polpotistes en 1976, représente bien plus qu’un hommage à vocation touristique à celui qui fut l’idole chantante des années 1960

Porté par la Fondation Kinal, émanation du Groupe PPM-Confirel, et dévoilé cette semaine par le gouverneur de Stung Treng, ce monument symbolise la défaite absolue des idées qui ont conduit à la mort près de 2 millions de personnes, dont la quasi-totalité des intellectuels et artistes.

Car l’assassinat du chanteur adulé n’a pas étouffé sa voix. Aujourd’hui, elle illumine toujours les cœurs des Cambodgiens de tous âges.

Pour les Khmers rouges, cette voix exprimait la décadence de la bourgeoisie honnie. Chanter l’amour, les peines de cœur, comme le faisait si merveilleusement Sin Sisamuth, c’était exalter les sentiments petits-bourgeois qui pourrissaient l’âme du peuple, contribuant à le maintenir en soumission aux classes dominantes.

Ce que voulait le peuple, assénaient les Polpotistes, c’était des chants martiaux qui exaltaient le travail des champs et dénonçaient les déviances « petites-bourgeoises, qui déclinaient sur tous les tons la morale révolutionnaire où l’amour n’avait pas sa place, et surtout qui couvraient de louanges et de gloire l’Angkar soi-disant infaillible.

Mais l’histoire a dit sa vérité. Et Sin Sisamuth chante encore, chantera toujours tandis que les chefs polpotistes porteront pour l’éternité le marque de l’infâmie.

Aujourd’hui, du haut de cette statue qui le représente le micro à la main, le sourire de Sin Sissamuth illuminera le cœur des amoureux qui viendront se promener à ses pieds.

Sur son socle seront gravés les noms de tous les autres des chanteurs éliminés durant le génocide. Et finalement, c’est tout un chœur qu’on entendra s’élever dans le ciel de Stung Treng pour clamer que toute volonté de détruire la création artistique et les créateurs, au nom de quelque politique ou quelque religion que ce soit, est vouée à l’échec et les artistes reviendront toujours à la lumière tandis que les obscurantistes croupiront pour l’éternité dans une nuit sans fin.

Lepetitjournal.com – 23 février 2025

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