Riz au Cambodge : modernisation et maintien des prix au cœur des débats
Entre crise des prix et modernisation, le secteur rizicole cambodgien cherche des solutions. Le ministre Dith Tina promet un soutien aux agriculteurs.
Le 8 mars, Dith Tina, ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, a rencontré les riziculteurs des districts de Preah Netr Preah et Phnom Srok, dans la province de Banteay Meanchey, pour échanger sur les défis du secteur. Cette visite intervient dans un contexte tendu, marqué par la chute des prix du riz et les difficultés financières des agriculteurs.
Les prix sous tension
Le 13 janvier, une vingtaine d’agriculteurs du district de Mong Russey, dans la province de Battambang, avaient bloqué la Route Nationale 5 pour réclamer un soutien du gouvernement. Ils dénonçaient des prix d’achat trop bas pour le riz OM, une variété cultivée en saison sèche mais peu prisée à l’exportation. Face à l’accumulation des dettes et à l’augmentation du coût des engrais et du carburant, certains envisageaient de partir travailler en Thaïlande.
Selon la Fédération cambodgienne du riz (CRF), la chute des prix est un problème mondial. Entre 2021 et 2023, le prix du riz blanc a baissé de 20 à 30 % en raison d’une surabondance des stocks. Le ministère de l’Agriculture encourage désormais la culture de variétés parfumées, plus demandées à l’international.
Le pari des communautés agricoles modernes
Lors de sa visite en mars, le ministre Dith Tina a insisté sur la nécessité de moderniser l’agriculture à travers des communautés agricoles intégrant de nouvelles technologies, des techniques de culture optimisées et des systèmes d’irrigation performants. Il a aussi rappelé l’importance d’une meilleure gestion des ressources et de l’accès aux marchés.
Face aux doléances des agriculteurs, le ministère prévoit plusieurs mesures : distribution de semences certifiées et d’engrais, suivi des prix du marché, négociations avec les exportateurs et formations régionales en partenariat avec des acteurs internationaux. Le ministre a aussi encouragé les riziculteurs à s’informer sur le fonctionnement des communautés agricoles modernes avant d’y adhérer.
Vers une réforme du secteur rizicole
Les tensions récurrentes sur le marché du riz soulignent la nécessité d’une réforme en profondeur. Ky Sereyvath, chercheur en économie, recommande de réduire la dépendance aux intrants importés et de développer des infrastructures locales pour valoriser les surplus de production.
Malgré les initiatives du gouvernement, le secteur rizicole cambodgien demeure fragile. La transition vers une agriculture plus durable et compétitive sera essentielle pour assurer la stabilité des revenus des agriculteurs et répondre aux exigences du marché mondial.
Lepetitjournal.com – 10 mars 2025