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Quỳnh Phạm au soutien de la nouvelle génération d’artistes jazz du Vietnam

Lepetitjournal.com s’est entretenu avec Quỳnh Phạm, considérée comme la pionnière du jazz vietnamien au XXIe siècle. L’artiste renommée a sorti un EP en décembre dernier, avec pour objectif principal de montrer aux jeunes générations du genre qu’il est possible de réussir en persistant dans le jazz. Son parcours, cependant, n’a pas toujours été facile.

En décembre 2024, la chanteuse de jazz renommée au Vietnam, Quỳnh Phạm, sort son premier EP, Rồi như đá ngây ngô. L’une de ses motivations principales : « inspirer et motiver les jeunes générations de jazz ». Elle rend hommage au compositeur vietnamien Trịnh Công Sơn, surnommé le Bob Dylan du Vietnam, qui a influencé de nombreux titres contemporains à Hanoï et Saïgon. Avec amour et poésie, sa voix, à la fois douce et puissante, raconte ses expériences humaines, teintées d’amour, de violence et de beauté.

« soutenir les jeunes musiciens d’Hanoï qui ont un intérêt croissant pour le jazz »

C’est dans cette optique de soutenir les jeunes artistes jazz de la région, qu’elle a fondé entre 2019 et 2020 son propre label, Hanoi Blues Note. Vous aurez peut-être reconnu le clin d’œil à l’institution musicale de référence du jazz, fondée à New York. Avec la sortie de son EP, elle montre à une jeunesse passionnée de jazz qu’il suffit d’être soutenu pour produire un projet abouti. « Quand Hanoi Blues Note a ouvert, j’ai espéré aider les artistes en organisant des programmes gratuits pour présenter de nouveaux visages. Je veux aider et apporter de la valeur à la communauté », affirme-t-elle.

Le jazz n’a pas toujours été populaire au Vietnam

Passionnée de musique depuis son enfance, son parcours de jazzwoman n’était pourtant pas tracé d’avance. « Depuis que j’ai commencé à étudier la musique, j’ai toujours rêvé de sortir mon propre album. Mais le monde du jazz au Vietnam n’est pas une terre fertile. Contrairement à d’autres genres musicaux plus populaires, les artistes de jazz ont du mal à sortir leurs propres albums, et quand ils le font, ce sont principalement des œuvres instrumentales plutôt que vocales. Aucun jeune artiste n’a encore bénéficié d’une production et d’une promotion dignes de ce nom », confie Quỳnh Phạm.

À Saïgon, durant la période de la colonisation indochinoise, il n’était pas rare d’entendre gronder les cordes de contrebasse dans les cabarets huppés de la ville. Mais, après l’occupation française et la guerre contre les États-Unis, le jazz est perçu comme une influence occidentale. Contrairement à la pop et même au rock, ce genre musical peine à trouver son public au Vietnam. Les années 90 marquent cependant l’ouverture du pays sur le monde et l’arrivée de nombreuses influences extérieures. À l’époque, Quỳnh Phạm est encore jeune, et son père rêve qu’elle devienne pianiste. « Il y a déjà de nombreux chanteurs dans la famille, et pour une femme, c’est trop risqué », lui répète-t-on. Sa famille, composée presque exclusivement d’artistes tournés vers la musique traditionnelle vietnamienne, voit d’un œil méfiant son attirance pour le chant.

Mais la jeune femme charismatique ne l’entend pas de cette oreille et persiste à croire en son rêve de devenir chanteuse. Elle entreprend des études à l’École des Arts Militaires, où, dans les années 2000, le jazz commence à être intégré au programme. Au début, l’apprentissage est difficile, confie-t-elle. Ses mains de pianiste ne sont pas encore habituées à la légèreté et à la liberté du jazz. Mais courageuse, elle persévère et finit par interpréter des titres emblématiques du genre dans les cabarets et autres lieux prisés de la scène jazzistique de l’époque. « La difficulté de vivre du jazz m’a poussée à poursuivre des études à l’Université Nationale d’Économie (NEU), puis à travailler pour des entreprises de médias, dans l’armée et dans l’édition et la production de contenu », explique Quỳnh Phạm.

Les pieds au bureau, la tête dans les partitions

Pendant plus de dix ans, Quỳnh Phạm a jonglé entre sa carrière d’artiste et son travail de fonctionnaire, enchaînant des journées de dix heures avant de se produire le soir dans les clubs de jazz. Libre de toute contrainte familiale à l’époque, elle s’est investie pleinement dans la scène jazz vietnamienne, participant à de nombreux événements.

Mais avec le temps, les priorités changent. Lorsqu’elle fonde une famille, elle doit apprendre à équilibrer sa vie personnelle et professionnelle, réduisant peu à peu ses apparitions sur scène. « En tant qu’artiste, si vous arrêtez pendant un ou deux ans, vous perdez forcément votre image », confie-t-elle, consciente du prix à payer pour chaque choix de vie.

Sortir un album a longtemps été un rêve avorté, faute de moyens et de soutien. Mais avec la création de Hanoi Blues Note, elle voit une opportunité de donner aux jeunes artistes ce qui lui a manqué : une scène, une visibilité et un espace pour faire vivre le jazz. « Je veux aider et apporter de la valeur à la communauté », affirme-t-elle, déterminée à transmettre sa passion aux nouvelles générations.

Par Guillaume Marchal – Lepetitjournal.com – 10 mars 2025

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