En Birmanie, la junte annonce l’amnistie de près de cinq mille prisonniers
La plupart des prisonniers politiques de premier plan, y compris l’ancienne première ministre Aung San Suu Kyi, restent détenus.
La junte militaire birmane a annoncé, jeudi 17 avril, qu’elle libérerait près de cinq mille prisonniers dans le cadre d’une amnistie à l’occasion du Nouvel An du pays. Un communiqué de l’armée au pouvoir a fait savoir que 4 893 prisonniers seraient graciés « pour participer au processus de construction de l’Etat, pour la tranquillité d’esprit du peuple et pour des raisons de compassion ».
Afin d’exprimer la « bonté affectueuse de l’Etat », la junte a également annoncé que d’autres prisonniers verraient leur peine réduite d’un sixième, à l’exception de coupables de délits graves, comme l’association illégale et le terrorisme, le meurtre ou encore le viol. La junte a annoncé que treize ressortissants étrangers seraient également graciés et expulsés, sans donner de détails sur leur identité ou la raison de leur emprisonnement.
Mais la plupart des prisonniers politiques de premier plan, y compris l’ancienne première ministre déchue à l’issue du coup d’Etat de 2021, Aung San Suu Kyi, restent détenus.
Tôt jeudi matin, un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a vu de nombreuses familles rassemblées devant la prison d’Insein à Rangoun, puis, en fin de matinée, environ trente bus sortir de l’établissement. Parmi les centaines de prisonniers à bord, certains ont pu retrouver leurs familles, en larmes, qui tenaient des pancartes avec leur nom.
Célébrations discrètes
Des amnisties sont régulièrement annoncées à l’occasion de fêtes nationales ou bouddhiques. La Birmanie célèbre actuellement Thingyan, qui marque le Nouvel An du pays avec des rituels de projection d’eau symbolisant le nettoyage et le renouveau. Les célébrations sont restées discrètes cette année après le séisme du 28 mars, qui a tué 3 725 personnes, selon le dernier bilan officiel en date publié par la junte.
Cette amnistie est annoncée le jour d’une rencontre prévue à Bangkok entre le chef de la junte, Min Aung Hlaing, et le premier ministre malaisien et président en exercice de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), Anwar Ibrahim, au sujet de ce tremblement de terre, bien que le bloc régional composé de dix pays ait exclu Min Aung Hlaing de ses sommets en raison du manque de progrès dans la mise en place d’un plan de paix. La junte n’a pas confirmé cette rencontre.
Le Monde avec Agence France Presse – 17 avril 2025
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