Une pluie de bonnes nouvelles pour les travailleurs thaïlandais
Le mercredi 24 septembre 2025 marquera à coup sûr l’histoire du monde du travail en Thaïlande. Horaires, week-ends, congés payés, conditions de travail, tout y est passé. Et pour le meilleur !
Les travailleurs thaïlandais se souviendront du mercredi 24 septembre 2025 comme du jour où les bonnes nouvelles leurs sont tombées dessus comme une pluie de confettis. Ce n’est pas tous les jours fête… À l’initiative de deux parlementaires du Parti populaire, deux propositions de loi visant à améliorer les droits et la qualité de vie des travailleurs étaient examinés par la Chambre des représentants. Concernant la protection du travail, les lignes partisanes ont eu la bonne idée de se croiser puisque les deux projets, examinés simultanément, ont été adoptés à la quasi-unanimité. Seules quatre abstentions ont manqué à l’un et deux seulement au second. Non, décidément, ce n’est pas tous les jours fête !
Un taux de chômage qui excède à peine 1% en Thaïlande
La population active en Thaïlande, ce sont 40 millions de personnes, dans un pays de 71 millions d’habitants. 30% de ces 40 millions travaillent dans l’agriculture. Quant au taux de chômage, il excède à peine 1%. On pourrait presque croire, selon des standards occidentaux, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais à y regarder de plus près, les travailleurs thaïlandais sont confrontés à une économie plus que jamais instable et à des conditions de travail pas toujours enviables.
Objectif : améliorer la qualité de vie de ceux qui travaillent en Thaïlande
Comme le résume le Bangkok Post, les amendements proposés, et donc votés, visent « à réviser la loi de 1998 sur la protection du travail en améliorant la qualité de vie globale de ceux qui travaillent en Thaïlande, en assurant leur sécurité financière, en défendant la dignité humaine et en renforçant le pouvoir de négociation des travailleurs, en s’alignant sur le développement d’une économie créative ».
Les deux textes poursuivent des objectifs précis : modifier les heures de travail, les jours de repos hebdomadaires et les droits à congés annuels.
Une plus grande révolution que les 35 heures de Martine Aubry
Concernant le nombre d’heures de travail hebdomadaires, la révolution est encore plus grande que le passage aux 35 heures qui a rendu célèbre Martine Aubry. La Thaïlande va passer de 48 à 40 heures par semaine, et même 35 pour les travaux dangereux. C’est simple, les travailleurs thaïlandais vont gagner un jour de repos par semaine. Ainsi, les employeurs doivent-ils prévoir au moins deux jours de repos par semaine, espacés de cinq jours maximum. En clair, les Thaïlandais ont enfin droit à un vrai week-end. Le député porteur de la mesure assure que « la réduction des heures de travail peut stimuler la croissance économique, améliorer les performances organisationnelles, accroître la productivité des employés et aider les travailleurs et les familles à mieux concilier vie professionnelle et vie privée ».
Le nombre de jours de congés payés en nette augmentation
Concernant les congés payés, c’est là encore la révolution. Jusqu’ici, en plus de treize jours accordés pour les diverses fêtes bouddhistes ou célébrations royales, les travailleurs thaïlandais ne pouvaient compter, au minimum, que sur six jours de congés annuels. Désormais, ceux qui auront travaillé sans discontinuer au moins 120 jours dans l’année, se verront octroyer dix jours de congés payés. La question qu’on est en droit de se poser est celle de la continuité du travail. Dans un pays déjà en mal de main d’œuvre et où, rappelons-le, le taux officiel de chômage est quasi-nul, il ne sera pas simple de remplacer les employés légalement mis au repos.
La Thaïlande avant-gardiste envers les femmes
C’est certainement par l’avancée la plus marquante qu’il faut ici terminer. Une leçon pour nombre de pays occidentaux, dont le droit du travail est pourtant bien plus développé que celui qui régit la Thaïlande. Le second texte défend la non-discrimination sur le lieu de travail, la mise à disposition d’un espace privé et sécurisé pour l’allaitement et précise qu’un congé pour douleurs menstruelles ne peut être considéré comme un congé maladie. Un amendement qui saura peut-être inspirer quelques dirigeants et quelques parlementaires, ailleurs dans le monde. Après avoir été précurseuse dans d’autres domaines sociaux et sociétaux, comme le mariage pour tous, la Thaïlande fait encore une fois la preuve d’une forme d’avant-gardisme bienvenu.
Par Franck Stepler – Lepetitjournal.com – 25 septembre 2025
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