Cyberfraude et crimes en Birmanie : Pékin condamne à mort 16 personnes
Les criminels profitent de la guerre civile en Birmanie pour se livrer à des fraudes et des jeux clandestins en ligne.
La justice chinoise a condamné à mort lundi seize membres présumés d’un gang se livrant à la cyberfraude, aux jeux clandestins, au trafic de drogue et à la prostitution dans une région de Birmanie frontalière de la Chine.
La famille Ming est accusée, parmi d’autres crimes, d’avoir créé avec d’autres groupes de nombreux centres d’arnaque en ligne dans la région birmane de Kokang, frontalière de la Chine, et d’être responsable de la mort d’au moins 14 personnes avec cette seule activité, a indiqué CCTV sur la base d’un communiqué de justice.
Ces centres de fraude pullulent en Asie du Sud-Est et en Birmanie, où les criminels profitent de la guerre civile qui fait rage depuis le coup d’État du 1er février 2021.
Ils fonctionnent souvent avec une main-d’œuvre captive, notamment des Chinois, attirés par la fausse promesse d’un emploi rémunérateur. Ils escroquent leurs compatriotes à coups de fraudes commerciales ou sentimentales, de paris illégaux et grâce à des paiements en cryptomonnaies intraçables.
Ces complexes, bâtis comme des forteresses dans des zones échappant au contrôle de l’État, génèrent des milliards de dollars de revenus par an, selon les experts.
Des milliers de Chinois rapatriés
Des cas très médiatisés de Chinois exploités dans ces centres ont incité la Chine, alliée et fournisseur d’armes de la junte birmane, à accroître la pression sur celle-ci et à renforcer la coopération avec les pays d’Asie du Sud-Est contre le fléau. Des milliers de Chinois ont été rapatriés.
Le verdict prononcé lundi par le tribunal de Wenzhou (est) en fait l’un des procès aux plus lourdes peines ces dernières années en Chine. Le verdict, de première instance, est susceptible d’appel.
Onze condamnations à perpétuité
La peine de cinq des seize condamnés à mort est assortie d’un sursis de deux ans. Le tribunal a prononcé par ailleurs 11 peines de prison à perpétuité, et 12 autres peines d’emprisonnement allant jusqu’à 24 ans, a affirmé la télévision CCTV.
La famille Ming s’est alliée à d’autres gangs « pour commettre des fraudes sur les réseaux de télécommunications, ouvrir des casinos, se livrer au trafic de drogue, à la prostitution organisée et à d’autres activités criminelles, impliquant plus de 10 milliards de yuans » (1,2 milliard d’euros), dit la justice.
La famille est responsable de la mort de 10 personnes employées dans les centres de cybercriminalité qui essayaient de s’enfuir, dit-elle. En 2023, elle a causé la mort de quatre autres personnes lors d’une opération de transfert d’un centre, a-t-elle ajouté.
La Birmanie et la Chine ont lancé en février avec la Thaïlande une opération d’envergure visant au rapatriement de centaines de Chinois exploités dans de tels centres. Ces centres ont également proliféré près de la frontière birmane avec la Thaïlande.
Des chiffres officiels gardés secrets
Un rapport des Nations unies publié en 2023 indiquait qu’au moins 120 000 personnes travailleraient en Birmanie dans ces centres où la torture, la détention arbitraire, la violence sexuelle et le travail forcé sont répandus.
La Chine garde secret ses chiffres officiels concernant la peine de mort. Des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, estiment que la Chine est le pays qui exécute le plus de condamnés chaque année.
Le Parisien avec Agence France Presse – 29 septembre 2025
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