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Myanmar : comment la junte birmane reprend du terrain contre les rebelles grâce à la Chine

L’armée birmane est parvenue à reprendre plusieurs positions stratégiques face aux forces rebelles, profitant de sa domination dans les airs et de l’aide de la Chine pour mettre en difficulté les différents groupes anti junte.

Quatre ans après ses débuts, la guerre civile au Myanmar se poursuit avec une brutalité sans cesse renouvelée, sans que l’intensification des crimes contre les civils ne suscite l’indignation de la communauté internationale. De nombreux États n’ont prêté qu’une attention distraite à la situation militaire et humanitaire dans le pays depuis le début de la guerre, alors que la junte au pouvoir perdait peu à peu pied face à la coalition de groupes rebelles ethniques ou pro-démocratie.

Mais l’un des principaux soutiens du régime n’a jamais cessé de suivre de près le conflit : la Chine de Xi Jinping, dont les intérêts commerciaux sont nombreux dans le pays d’Asie du Sud-Est. L’oléoduc et le gazoduc reliant le port birman de Kyaukphyu à Kunming, dans le sud de la Chine, permettent à Pékin d’importer des hydrocarbures du Proche-Orient sans passer par le détroit de Malacca, tandis que les entreprises chinoises ont réalisé des investissements important au Myanmar.

Drones chinois

La Tatmadaw, l’armée birmane, enregistre ainsi de nombreux succès récents en raison de l’aide de la Chine, pointe la BBC. Pékin a en effet décidé de soutenir l’organisation d’élections par la junte en décembre. Ce scrutin est truqué dès ses prémisses par l’interdiction de la participation de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d’Aung San Suu Kyi, vainqueur des élections de novembre 2020, ne laissant planer aucun doute sur l’issue : la victoire du Parti de la solidarité et du développement de l’Union, piloté par l’armée.

La junte a en parallèle lancé une offensive visant à reprendre le maximum de terrain, afin de pouvoir organiser les élections dans la zone la plus large possible et de bénéficier d’un regain de légitimité. La Tatmadaw bénéficie pour se faire de l’appui de milliers de drones peu coûteux achetés en Chine, afin de riposter contre les nombreux engins sans pilote déjà utilisés par ses adversaires.

Pékin a de son côté imposé des contrôles renforcés aux frontières avec la Birmanie, partiellement contrôlées par des rebelles, et interdit la vente de biens dual use, pouvant être utilisé dans les secteurs civils et militaires, auprès des insurgents. Ces derniers connaissent en conséquence bien plus de difficulté à se procurer des drones ou leurs composants. Le régime militaire fait par ailleurs désormais bon usage de technologies de brouillage, permettant de réduire l’efficacité des engins rebelles pilotés à distance.

Reprise de l’initiative face aux rebelles

La Tatmadaw a également mené à bien un vaste programme de recrutement de plus de 60 000 nouveaux soldats, comblant les trous dans les rangs d’une armée dévastée par des années de conflit. Les forces de la junte ont introduit avec succès de nouveaux équipements, tels que des parapentes motorisés, faciles à prendre en main, permettant de transporter un parachutiste et plusieurs bombes de petit calibre : une tactique employée par exemple lors d’un attentat contre le village de Bon To, contrôlé par les rebelles, lors d’un festival bouddhiste en octobre, qui a tué 24 personnes.

Les avions birmans de fabrication chinoise et russe, pour certains achetés après la prise de pouvoir de la junte, complètent ce tableau, bombardant sans relâche les positions rebelles, qui perdent pied dans plusieurs régions.

La BBC cite le cas de Kyaukme, ville installée au nord du pays sur l’ancienne route de Birmanie, un axe stratégique permettant le ravitaillement des armées chinoises par l’empire britannique lors de la Seconde Guerre mondiale. Sa capture en 2024, après des mois de combats marquait à l’époque une nouvelle étape dans l’affaiblissement de la junte, ne contrôlant alors que la moitié du territoire et perdant de nombreuses positions dans les régions frontalières avec la Chine.

Un conflit sans fin visible à l’horizon

Mais la Tatmadaw, est parvenue à reprendre la ville en trois semaines en octobre, Kyaukme payant le prix fort au cours de cette opération. Une part importante de la ville a été rasée par des bombardements incessants, ainsi que des frappes d’artillerie et de drones, tandis que la majorité de la population a dû fuir temporairement la zone. Naypyidaw est également parvenue à reprendre Hsipaw, restaurant son contrôle sur la route menant à la frontière chinoise, selon la BBC.

Si le conflit est loin d’être arrivé à son terme, l’armée birmane ne contrôlant toujours pas de vastes pans du pays et faisant face à une myriade de milices rebelles. Mais la perspective d’une chute du régime, ouvertement discutée lors des offensives anti junte de 2023 et 2024, semble désormais bien loin.

Par Benjamin Laurent – Géo Magazine – 27 octobre 2025

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