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Birmanie, Laos, Thaïlande : des rivières pollués à l’arsenic à cause d’entreprises chinoises exploitant les terres rares

Des images satellite révèlent qu’au moins 27 nouvelles mines de terres rares ont ouvert au Laos, « sans véritable contrôle gouvernemental », ce qui accroît le risque de pollution déjà constaté en Birmanie et en Thaïlande. Des rivières sont contaminées à l’arsenic à cause d’entreprises chinoises.

Craintes pour le bassin du Mékong, haut lieu de biodiversité qui assure la subsistance de plus de 50 millions de personnes : pollution liée à l’extraction de terres rares à cause d’entreprises chinoises, souligne d’emblée le portail d’informations américain Mongabay, spécialisé dans les questions environnementales. 

Alors que l’extraction de terres rares est interdite au Laos, « le groupe de réflexion américain Stimson Center a identifié 27 mines de terres rares ouvertes depuis 2022 », grâce à des images satellite, décrit Mongabay. « Quinze de ces mines sont exploitées dans le bassin du Mékong : douze sur la rivière Nam Khan et trois sur la rivière Nam Ngiep, qui se jettent toutes deux dans le Mékong, ce fleuve d’environ 4 900 kilomètres qui coule du Tibet à travers la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam avant de se jeter dans la mer de Chine méridionale. Le bassin du Mékong est un haut lieu de biodiversité qui assure la subsistance de plus de 50 millions de personnes qui en dépendent pour leur alimentation, leur eau et leurs moyens de subsistance », écrit le portail d’informations américain Mongabay. 

Et de préciser que l’ampleur d’une pollution des eaux causée par les mines de terres rares est difficile à évaluer au Laos, « où la liberté de la presse et l’organisation communautaire sont fortement restreintes ». Des craintes existes, insiste  Mongabay, lorsqu’on regarde les effets dévastateurs sur les rivières de Thaïlande, contaminées à l’arsenic.

Thaïlande : des rivières contaminées à l’arsenic à cause d’entreprises chinoises qui extraient des terres rares dans la Birmanie voisine, accusent le New York Times et la chaîne télévisée australienne SBS News. L’une de ses journalistes a réalisé un reportage dans le village de Tha Ton, dans l’extrême nord de la province de Chiang Mai en Thaïlande, à la frontière avec la Birmanie, où « la rivière Kok apporte, depuis des centaines d’années, des poissons aux pêcheurs, de l’eau pour les cultures, et, lors des chaleurs étouffantes de l’été, un endroit où leurs enfants peuvent se rafraîchir », explique SBS News. 

Mais cette rivière est aujourd’hui polluée, empoisonnée à l’arsenic, comme en témoigne Gob Kotekham, un Thaïlandais de 42 ans qui fabrique de petits bateaux : « c’est dur à expliquer mais la rivière c’est toute ma vie. Mais là, quelque chose d’étrange s’est produit : des éruptions cutanées sont apparues sur mon corps et elles n’arrêtaient pas de s’étendre. Ça me démangeait. Ça a duré plus de deux mois, je n’avais jamais ressenti ça auparavant », confie le Thaïlandais de 42 ans. Il raconte également à SBS News qu’au départ, il pensait faire une réaction allergique, mais que d’autres personnes travaillant sur des bateaux sont également tombées malades. Lui qui avait investi « environ 50 à 60 000 bahts » [soit un peu moins de 3 000 dollars australiens ou 1 600 euros ] » se retrouve endetté : « cette année, pas un seul client. »

La rivière Kok a pris une étrange teinte orangée et les signalements de maladies devenaient difficiles à ignorer : deux enfants sont tombés malades après avoir consommé du poisson provenant de la rivière, rapporte le journal thaïlandais Prachathai. « Des agents du département thaïlandais de contrôle de la pollution sont venus analyser l’eau et ont découvert des niveaux d’arsenic trois fois supérieurs à la limite autorisée », ajoute SBS News, et ce, à cause de l’extraction de terres rares en Birmanie, par des entreprises chinoises, qui utilisent des produits chimiques dangereux. Pékin a importé un nombre record de 42 000 tonnes de terres rares en provenance de Birmanie, pays ravagé par la guerre, rappelle Global Witness, une ONG qui signale des violations des droits humains et de l’environnement, cité par SBS News en Australie et CNBC aux Etats-Unis.

Le boom minier est une conséquence de la violente guerre civile qui ravage la Birmanie, souligne le New York Times : « Pour renflouer leurs caisses, l’armée et certaines milices s’appuient sur un large éventail d’activités illégales, allant des drogues de synthèse et de l’opium au braconnage et aux escroqueries en ligne.

Nombre de ces entreprises sont dirigées par des organisations criminelles chinoises, qui ont étendu leurs activités en Asie du Sud-Est suite à la répression menée dans leur pays d’origine. Depuis le coup d’État militaire de 2021, le nombre de mines de terres rares dans un seul État du Myanmar a presque triplé, pour atteindre environ 370 fin 2024, selon l’Institut de stratégie et de politique du Myanmar [de Birmanie], avec une valeur d’exportation combinée de plus de 4 milliards de dollars », note le New York Times. « Extraites par des entreprises chinoises et leurs filiales, ces ressources minérales sont transportées directement de Birmanie vers la Chine voisine, qui exerce un quasi-monopole sur le raffinage des terres rares destinées au marché mondial – un point de friction dans les négociations commerciales actuelles entre les États-Unis et la Chine », analyse encore le New York Times.

Par Catherine Duthu – Radio France Culture – 30 octobre 2025

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